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20/07/2018

Paysage de montagne

A l'horizon tout proche, la beauté fraîche d'un vol hésitant - celui d'un papillon que je ne saurais nommer - aura valeur de prédiction. Offert au regard, propre à diffracter les harmonies, sinuant entre les plis de la main. Et, sous le courroux léger du vent, l'unité profonde du paysage s'impose alors. Le silence des laines ébouriffées près de l'étang.

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A peine aura-t-elle, quelques instants, caressé la braise d'un âge d'or disparu, perles de fièvre devenues de glace, dentelures de neige, moirures pérégrines. Au fil de la pente, suivant le mouvement de la vallée, cela qui survient, en de fines et blondes floraisons s'ajuste aux imperfections du relief, perçant le gouffre bleu.

 

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Des aconits violet pourpre, en nombre. Il n'est que de regretter d'avoir un corps, face à ces fleurs dont on sait le noble port.. Ce sont milliers d'yeux battant des cils, traces hiéroglyphiques déchiffrées à mesure, que la mathématique des sensations ordonne à la périphérie du Hasard. Du frémis de deux ailes embrassé, n'en retiens que l'invisible empreinte.

 

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L'ouvrage de la vie, sans cesse recommencé. Du mélèze ont chu de minuscules insectes rouges, en apprentissage de salut : par lequel la Nature trouve à établir ce qu'elle ignore avoir à exprimer, le grain ou le pigment d'une délicatesse fondue à la sensibilité de l'air.
L'espace est ce brouillard levé soudainement, entre les taches profondes des conifères.

 

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Sous la voussure d'un rocher haut, le dessin de quelques fraises sauvages, dont les touches vermillon annoncent la pleine maturité. Puis d'autres encore : et qui voudraient durer plus que les fruits sauvages d'une seule saison, plus qu'ils ne pourront jamais.

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Près du village de la Chapelle-d'Abondance, des cloches de bronze ou de fer tintent, absolues. A l'égal de l'air qui compose l'atmosphère, d'un quelque part au monde où le regard de l'autre laisserait poindre le sien propre, derrière la banalité des jours se dessine la furtive intuition d'un bonheur autour de quoi tournerait la Terre. D'un bonheur qui ne garderait de l'Histoire que son aptitude à nous fasciner, de loin en loin et par chacun de nos pas esquissé. Ici retrouvées son origine et sa force.

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Tout est là, amuï, réanimé par les canaux immobiles d'une vie minérale échappée d'interstices de la terre. Avalisant le transfert des âmes au repos.


Daniel Martinez

11:16 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (0)

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