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14/07/2018

Marché de la Poésie 11 au 15 juin 2014/ Marché de la Poésie du 6 au 10 juin 2018

Ce que j'écrivais en juin 2014, je ne retouche rien bien sûr, mais, plus bas, après le dessin que j'avais dédié à Vincent Gimeno-Pons, j'ajoute un commentaire à propos de la périphérie de ce 36 e Marché de la Poésie, qui s'est tenu place Saint-Sulpice, à Paris :

Tandis que l'on continue de s'interroger sur la poétique d'un Michel Deguy, qui sans cesse nous incite à ne plus concevoir ou rêver (!) une poésie séparée de la pensée, écoutons-le, au passage : "Le "médium langagier" (comme ils disent) n'est pas "un médium". Si nous abandonnons le milieu de la pensée, nous sommes perdus. Or la pensivité poétique tient à la beauté de la langue ; à l'indivision du sens et de la beauté en langage de langues." – et que je continue de me demander ce qu'il peut bien apporter à ma culture poétique (...), j'ai choisi ce soir de vous donner à lire le poète Bernard Ruhaud, né à Nanterre en 1948 (illustration de Gérard Monnier)

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et de compléter ce libre propos par l'un de mes dessins, réalisé en juin 2013, à l'issue d'une soirée du Marché de la Poésie,

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dessin dédié à Vincent Gimeno-Pons, précieux soutien.

Daniel Martinez



Yves Boudier et Vincent me signalent aujourd'hui qu'un site, affublé du nominatif "vice" (j'ai renoncé à le consulter d'ailleurs, laissant cela à ceux qui voudraient d'aventure y croiser le fer) les traite de "vieux ringards" et invitent les jeunes "branchés" à se connecter à des sites dits "poétiques" plus ouverts à la ferveur vénérienne.
Par parenthèse, je n'ai rien contre la poésie érotique, ayant moi-même donné dans le genre - bien que m'y ennuyant parfois. La bonne littérature érotique est rare. De là à rejeter en bloc, sans autre forme de procès, les organisateurs de ce qui demeure un lieu privilégié de rencontre des poètes et de leurs éditeurs, des lecteurs de poésie, au cœur de la capitale... qu'est-ce à dire ? Qu'il conviendrait que nous, poètes, échangions plus par ordinateurs interposés, en "soulageant" à bon compte l'intellect ? Ridicule, n'est-ce pas.
Voilà où nous en sommes et où nous porte l'ère macronienne, experte en fractures sociales, sous couvert de panser d'anciennes blessures, d'anciennes injustices (pour en générer de nouvelles, bien plus pernicieuses). Vous avez dit "vice" : mais c'en est la parfaite illustration ! Casser les liens humains, poétiques dans ce qui nous regarde, briser ce dernier bastion, ce dernier rempart qu'est la poésie face à la lente désagrégation culturelle à laquelle nous assistons : mais qui n'a rien d'inexorable, répétons-le.
Je relisais ce matin-même le poète turc Ilhan Berk (traduit par Ahmet Sel & Christian Estèbe), poète authentique je précise et lui laisse le mot de la fin :

"Les poètes sont des hommes des îles. Ils bâtissent des îles où ils pourront vivre seuls depuis le commencement. Dans certaines d'entre elles, les bateaux font escale plusieurs fois par jour, dans d'autres rarement. Mais le regard des poètes est la plupart du temps pour les îles de demain, où les escales sont rares.
Non qu'ils ne donnent pas d'importance au jour présent, mais parce qu'ils ne font pas de différence entre aujourd'hui et demain."


Ilhan Berk

PS : il y a quelques années de cela, ce poète a confié des inédits à Diérèse.

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