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28/06/2018

Enfances

Petites proses
                                 pour Mei

"Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?...", écrivait Saint-John Perse. Dans ce qui touche à ma vie, je ne saurais trop dire. Le creux porte la marque. Les signes se poursuivent. Mais quel est ce vide où tu te débats ?, quand le monde des formes t'attire, invinciblement : le cadre, où fixer tes pensées. D'hier à aujourd'hui, en embrasser les métamorphoses, spires dans le miroir.

De mémoire, le fil effilochement des tamaris dans l'arrière-cour où se passait une bonne partie de mes journées ; un puits artésien, dont l'eau s'échappait dans un petit canal de pierre creuse, et qui marquait la frontière avec le Dehors. J'y plongeai les mains ; entre les cheveux d'or du soleil, des ombres tremblaient, dessinaient mon avenir, en somme. De l'ombre à foison, où tu croyais voir parfois se refléter les étoiles. Ainsi fut. Dans l'iris et dans le ciel projetées.

Le fatum est ce qui a été dit et qui, très naturellement, se produit. Le fatum est l'agencement d'une répétition et ce n'est pas autrement que je comprends la forme : ce qui prend dans la répétition. Le poème en procède, se suffit. Qu'est-ce qui continue à s'entendre dans le brusque silence où s'achève un poème, sinon le ton lui-même : tonalités resurgies d'une enfance qui nous porte, comme une basse continue, un écho ? Entre le vif et le mort, tel que l'objectif fige la scène et l'épingle, cette image de soi que décompose la lumière, à réagencer selon. Poser ses doigts sur son front pour sentir battre le choix des mots : être pour eux l'autre qui toujours manque, à lèvres demi-closes. 

Je ne sais plus qui parlait de la douleur comme "un peu de soleil dans l'eau froide". Mais l'expression est juste, la métaphore belle. Pour que naisse l'écrit, cette douleur doit-elle être ?... L'enfance, c'est d'abord imaginer qu'il pourrait exister un monde sans souffrance. Peine perdue, si je puis dire. Beaucoup croient la retrouver, l'enfance, ici ou là, à l'improviste et, pour les plus rêveurs d'entre nous, dans ce qui bruit entre les feuilles du sophora... Continuer d'y croire est une danse. Un nid de transparences, réanimées par ce qui est en toi lié, indissolublement.

Aussi, l'idée de la chose même, hors contexte, n'est peut-être que le reflet métaphysique de la pureté à l’œuvre dans la poésie ? Ce sont des actions d'âme, et non des états : qui vont te donner à voir comment les événements se répercutent en ton for et pourquoi tu te dis que. Au fond, ce n'est pas moi qui me dit que, c'est un personnage, c'est le noir absent de toute langue dans le je blanc : toi, source vive.


Daniel Martinez 

09:08 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)

26/06/2018

Dans le futur Diérèse...

Bonjour à toutes et à tous,

Le contenu virtuel de la soixante-quatorzième livraison de Diérèse est déjà dans ma tête. Côté du regretté Jeanpyer Poëls, seront publiées des lettres du poète adressées à un autre poète, André Sagne. Pour mémoire, ce numéro est dédié à l'auteur de "La vie et la mort se mentent".

Mais aussi des extraits du Journal de Pierre Bergounioux, de Lionel Bourg. Des poèmes de Gérard Cartier, Jacques Réda, Muriel Carminati, Jean-Paul Bota, Isabelle Lévesque, Pierre Schroven, Geneviève Roch, Alain Brissiaud, Jean-François Mathé, ... des proses d'Annie Mantel et de Véronique Joyaux, le neuvième "Tombeau des poètes" que signera Etienne Ruhaud, Des traductions inédites de Vittorio Sereni et de Gregory Corso. Voilà pour l'essentiel.

Belles vacances à toutes et à tous. Restez connectés, le blog sera toujours actif en juillet et en août. Amitiés partagées, Daniel Martinez

09:42 Publié dans Hommage | Lien permanent | Commentaires (0)

23/06/2018

Jeanpyer Poëls nous a quittés...

Dans son dernier recueil paru chez Yves Perrine*, aux éditions La Porte, au premier trimestre 2018 :" La mort et la vie se mentent", Jeanpyer écrivait :

     "L'exténué s'éteint ou ne s'éteint
      pas, en l'occurrence.
      S'il survit et dit "Que la survie
      survive", le dire n'est certes pas une
      vraie bêtise."

Cette "remarque" qui vaut pour un poème est porteuse d'espoir, j'espère que vous la comprendrez bien. Elle ne fait pas plus de doutes que les lettres que nous avons pu échanger jusqu'à cette publication, où cette vue sur l'ailleurs se développait à mesure, avec le regret concomitant de ne pouvoir aller plus loin. Chez lui, pas de leurre néanmoins sur les tenants et aboutissants d'un monde d'abord préoccupé à consommer, pour qui la poésie "n'existe pas"  et voué à plus ou moins long terme à s'autodétruire. Amitiés partagées, Daniel Martinez

10:48 Publié dans Hommage | Lien permanent | Commentaires (0)