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15/08/2018

Repérages : Diérèse 52/53

Le sujet de ce numéro en gestation ? Rendre hommage à l'auteur de L'Homme qui penche : "J'écris avec ce qui me reste, entre le pouce et l'index, dans un pincement d'étoile" ou du Journal d'un Manœuvre, paru chez Gallimard dans la collection L'Arpenteur, ce grâce à Gérard Bourgadier. Une livraison co-dirigée avec Isabelle Lévesque, qui m'apportera son précieux soutien. Nous ne connaissions alors que ce qui était paru en librairie, plus ou moins mal diffusé, notamment chez Jacques Brémond ou ce fameux Drap déplié aux éditions L'Arrière-Pays. Drap qui renvoie au linceul de Vincent... Trouver donc des inédits, pour compléter ce qui était déjà connu par un cercle fidèle de lecteurs dont nous étions.

Ensuite, il convenait de faire participer à ce premier numéro double (nous ignorions qu'un deuxième suivrait) un certain nombre d'auteurs et d'éditeurs qui l'avaient côtoyé de son vivant, ou lu. Ce n'était pas partie gagnée, loin de là. J'ai souvenance d'une dame, membre d'un jury pour un prix qu'il convoitait en 1997, qui m'expliqua que le règlement leur interdisait de le décerner post-mortem. Bref. Rien de nouveau sous le soleil. Elle ajouta, au moment de la sortie du second numéro d'hommage de Diérèse paru que, volumineux, elle ne pouvait en faire l’acquisition car sa bibliothèque était trop petite. Je me souviens aussi d'un libraire qui, se croyant subtil, rétorqua à Françoise que son défunt époux était un raté, pour résumer l'histoire de sa vie et la fin tragique qui s'ensuivit. Certes, nul n'est prophète en son pays.

Oui, un tissu d'anecdotes, mais toutes plus révélatrices les unes que les autres. Je lis aujourd'hui sur wikipédia qu'il se serait suicidé à Cadillac (soit à l'hôpital psychiatrique où il a été par deux fois soigné pour son addiction à l'alcool, qui avait débuté pendant son service militaire), alors que c'est à Bordeaux même que ce drame eut lieu. Curieux, cette mémoire volatile. Un hasard ? Il est heureux cependant que ses œuvres complètes aient été publiées en 2017 chez Pierre Mainard. Elles ne m'ont pas été envoyées, il serait souhaitable que je m'y penche de plus près, pour mille raisons...

Mais revenons au jour où j'ai pu rencontrer Françoise, le 29 novembre 2010. J'avais en poche mon billet de train pour le retour dans la capitale, où je devais reprendre le travail le lendemain, rue du Charolais, dans le douzième arrondissement. Muni de ma valisette (qui contenait le précieux Carnet d'Orphée manuscrit, sur un agenda de poche, des photographies...), nous nous quittons, vers 15h00, Françoise et moi. Je me rends alors, pour attendre mon train de nuit, au Musée des Beaux-Arts d'Agen, pour y découvrir cinq tableaux de Francisco Goya, joyaux un peu perdus dans une ville de province. Son autoportrait, évidemment, où le peintre à mon sentiment ne se ménage pas. Très peu de visiteurs, je passe pour un original mais qu'importe. Question d'habitude. Non sans avoir acheté quelques cartes postales, je traîne donc jusqu'à l'heure de la fermeture, l'employée me rappelant à l'ordre, à 17h55 : "la sortie Monsieur, c'est par là".

J'ai de la lecture dans mon bagage, un livre de Pascal Pfister, Celui qui se taît,à la page 9 où je m'étais arrêté dans le train :
     Cette douleur n'est rien
     qu'une torche jetée dans le réseau
     des nerfs, l'image
     entr'aperçue de la mort
     aussitôt revoilée
     rien qu'un point
     tenace, ressouvenir sans corps
     sans voix - et peut-être
     tout le passé, tout
     l'avenir, cette douleur"


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Daniel Martinez

 

18:09 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (0)

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