01/02/2019
Quelques pages de mon Journal
Vous parler aujourd'hui d'un auteur rencontré au bonheur des jours, Gérard Engelbach. Voici ce que j'ai noté de notre entretien, sans aucune autre logique que le flux des paroles, de la vie tout simplement. Amitiés partagées, Daniel Martinez :
C'était du temps de l'Occupation, ils étaient quatre poètes à se réunir autour d'un verre au Rouquet, rue des Saints-Pères à Paris : André Frénaud, Guillevic et les deux Jean : Tardieu et Follain. Vous n'ignorez rien de sa triste fin, à l'ami Follain : il finit écrasé place de la Concorde, au sortir d'un repas, et distrait comme de coutume... Nos compères se lisaient leurs derniers poèmes, échangeaient leur impressions.
Des années plus tard, Gérard conte l'anecdote à Michel Deguy, qui lui rétorque : "Vraiment ? Mais ne craignaient-ils pas de se faire voler leurs trouvailles ?". Un sourire en coin qui précède le mien, nous nous regardons et... Pareille idée n'aurait jamais effleuré ces auteurs qui se retrouvaient en poésie, loin d'une vision protectrice de leur création. Pourquoi voler un ami ? Il ajoute : "L'auteur est vecteur de la création, qui ne lui appartient pas." Puis me lit un extrait de son opus, paru chez Sud en 1987, Peupliers dans ma musique : "Dans la forêt sans âge. Roulant de mur en mur. Déchirant l'invite, poursuivant seul : pas ennemi, pas de farouche idée. Assis, regardant. Le bruit, le mouvement, les mâts comme un tapis d'aiguilles. A toutes fins utiles un quai, la grande bouche bleue." DM
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