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21/02/2020

Une lettre de Lucie, ce 21 février

Lumière, oui : j'y pense plus intensément, à présent. Serait-ce grâce à vous qui l'avez réveillée ? Ce que vous dites du temps, j'ai envie de le dire aussi de l'ombre et de la lumière : je vois un rayon de soleil fin, fin, qui se faufile dans les branches d'un arbre et vient buter sur une feuille. Il la fait scintiller, car bien sûr dans mon rêve elle est jeune et brillante - c'est le printemps ! - mais elle, à cause de cette lumière sur elle, projette une petite ombre sur mon pied, une ombre qui a la forme de sa forme à elle. Il faut que la lumière existe pour que l'ombre s'imprime sur moi. Regardez encore, une fois encore : les cognassiers du Japon fleurissent déjà, dans le jardin où nous avons passé, sous les volets bleus flambants de la villa, un sifflement s'échappe par instants, celui d'un caïque à tête noire : tout ce que les mouvements du monde perdent d'importance ici, nos pensées liées à la nature reviviscente, tout ce qui creuse la profondeur rayonnante de la vie.
Le temps, je crois que je ne veux pas y penser. De plus en plus, il me paraît infini. Vieillir n'est qu'un mot. Le temps qui s'écoule là, maintenant, je ne le sens pas passer sur moi, je commence seulement à lui accorder le droit de passer. Je ne me bats plus avec lui. Je sais qu'il me faudra un temps infini pour atteindre ce que je cherche - j'ai envie d'employer le mot un peu désuet de pureté - et que ce temps infini, eh bien, j'en dispose. On m'a souvent dit que j'étais folle, je vous en prie, pas vous, ou si vous le pensez un tant soit peu, soyez bon, taisez-le.


Lucie

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