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09/04/2019

Yang Lian

Voici un poète dont vous n'entendrez pas beaucoup parler, certainement pas dans les anthologies de poésie étrangère et les critiques l'"oublieront" au passage ; pourtant c'est un immense poète ! Il est, sachez-le bien, chinois. Yang Lian est né en 1955 en Suisse, il a grandi en Chine... Premiers écrits quand, en 1970, il est envoyé dans la province du Guangxi lors de la Révolution culturelle. En 1983 ses livres sont interdits en Chine ; Yang Lian s'exile quelques années plus tard, en Allemagne. Mais plutôt, écoutez-le :

Adagio de la mer

La douleur doit avoir son propre recoin : minuit
ou la fenêtre. La muqueuse de la mer colle à la vitre.
Avec lenteur la matière des ténèbres sourd de tes yeux.
Le vin rouge est fanal de bateau la nuit.
Tu entends l'estuaire des veines de ton corps crier un nom.
L'adieu qui se refroidit feuillette un manuel.
Au loin, un tableau noir     est accroché en-deçà de la nudité de minuit.
Les vagues n'en finissent pas de réciter les leçons d'un visage.


Le poème renvoyant la lumière     reflète la pensée des poissons avant leur naissance.
Mille lignes horizontales ajournent le mot mer.
La chair soumise des flots     se brise contre ce jour qui ne peut être ajourné,
tout comme chaque jour. Fixer le lointain est distanciation.
Le verre qui crisse alentour est aspiré par tes poumons.
L'angle mort, d'une lenteur plus qu'immobile, s'assied dans
l'ivresse. L'ouragan filtré devient l'autre face du réel incolore.
La souffrance, elle, est parfaite, est aveugle.

 

Yang Lian

Merci de votre attention. Amitiés partagées, Daniel Martinez

10:26 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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