241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/06/2019

Gu Cheng II, traduit par Annie Curien

"Les Yeux noirs" est un livre paru en mars 1986 à Pékin, aux éditions du Peuple.

 

Les yeux noirs

Le chemin de loess en hiver


c'est le chemin de loess en hiver
bordé de piles de galets
la poussière se repose dans la lumière pâle du soleil
gardant sa chaleur dans le froid
notre marche nous a fatigués
tu ne vois pas, dis-tu, cette maison vide
peut-être n'existe-t-elle pas, alors asseyons-nous
voici justement un talus


je connais bien les foins qui courent sur ces talus
ils sont coupés
ils se sont épuisés à donner leur sève
ils m'avertissent
que tout peut changer, en pleine nuit
le plus favorable des vents peut lui aussi
se transformer en une bête
qui hurle sauvagement
ils disent : ne restez pas assis trop longtemps
pourtant, tu dors encore
appuyée légèrement contre mon épaule
tes longs cheveux bruns recouvrent ma poitrine
ils s'étalent paisiblement
si fatigués qu'ils en oublient de flotter
le soleil, le soleil lui ne peut plus attendre
il pâlit, mon tendre regard
j'ai perdu le mot qui sait te réveiller


c'est le chemin de loess en hiver
la nuit profonde commence à s'étendre parmi les ombres


la première étoile n'a pas pleuré
elle a retenu ses larmes dorées
tu t'appuies légèrement contre mon épaule
dans un souffle que je ne peux tiédir
les lèvres tremblantes, tu murmures en rêvant
je sais, tu demandes le pardon maternel

Gu Cheng
octobre 1980

10:18 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.