02/01/2020
"Le Colporteur", de Christian Bobin, éditions Brandes, 21/3/1986, 560 exemplaires (dont 60 avec 2 gravures de Jean-Claude Le Floch).
L'histoire que tu vis, celle de chaque jour, est simple, donc incompréhensible. Aucun livre n'en fait mention, aucune lanterne de papier ne l'éclaire. Regarde. L'essentiel est dans ce que tu oublies et qui se tient devant toi. C'est par l'infime que tu trouveras l'infini, par ce calme regard sur l'ombre bleue, peinte sur une tasse de porcelaine blanche.
L'âme, sans doute, est imprégnée de cette couleur, ainsi que de lambeaux de vieux français et de chants anonymes, éternels comme l'aurore, celle qui chaque jour se lève.
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Lecture : fiévreuse amitié avec le premier venu. Grillons dans l'encrier, cigales sous la page, bruissements, murmures, plain-chant du silence. Offrande du solitaire au solitaire. Deux passants sous les grands chênes, l'un écoutant l'autre, à livre ouvert. Que disent-ils ? Rien assurément qui fonde un nouvel ordre du monde, renouvelle le manège des autres. Plutôt cette seule évidence, marmonnée par Montaigne, l'indolent somnambule, considérant dans sa main une poignée d'argile mêlée à un peu de ciel :
C'est chose tendre que la vie et aysée à troubler.
Christian Bobin
08:23 Publié dans Christian Bobin | Lien permanent | Commentaires (0)
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