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27/04/2020

"L'en-allée", de Yaël Cange, chimigrammes de Pierre Cordier & Gundi Falk, éd. La Pierre d'Alun, 27/5/2012, 80 pages, 600 ex.

Une poète qui a collaboré à Diérèse, inclassable bien heureusement, dont la voix rejoint parfois le cri face au monde dont elle n'entend suivre la pente que par accident. Tout un théâtre intérieur, ponctué, emporté par un questionnement serré, un tête-à-tête inépuisable, passionnel... appel à celles et à ceux qui entreront dans son cercle, à ses lecteurs potentiels, sans cesse pris à témoin. Flux réactionnel dont l'argumentaire miroite doucement dans la nuit du corps, des sens pris à partie. Yaël, prénom choisi en lien avec tel livre d'Edmond Jabès, que l'auteure a eu la chance de connaître. Un quotidien à vif, qu'elle tentera pour le mieux de se concilier, non sans la crainte d'y perdre le la. Son souffle mêlé aux frous-frous du vent dans les feuillages, aux pulsations d'un cœur en cage, depuis la terrasse de ses appartements fleurie de plantes rares, dans le douzième parisien. Il y fait si doux que l'été à présent ne saurait plus trop tarder. DM

*

      Une voix


Qu'on se trouve ici, ailleurs, - qu'importe ? M'écoute. Pas de quoi s'inquiéter. Loin de là. C'est le monde qui, se perdant de violence en lui, te veut - de ses coups, au mieux - recevable.

Comme te voilà, en vrai, à ne reposer sur rien.


      Une autre


Savoir ? Que j'aille où les jardins, où le fleuve me mènent, - ça je le sais. Tout de même que l'oublier m'exhorte au pire. Une manière de doute : desquels - sinon duquel osai-je me réclamer ? Ai-je vraiment cru qu'il y eut pour moi du possible, allons ! Je n'en saisis pas même le sens. Ah ! pardon ! Sauf à rêver peut-être. Bon. Rêver. N'y aura eu que ça dans ma vie. Ma vie sans rien sans moi. Mais avec jardins ma vie. Avec fleuve. Et ç'aura été tellement déjà ! Encore un peu, voilà que fièvres, s'il en est - ne pèseraient plus d'aucun poids. Ni cris-en-gorge.

*

Toujours - l'idée de ne pouvoir m'accrocher à rien - m'obsède. Besoin de moi, ici ? Personne. Seule - m'incombe une volonté de silence. C'est tant, vous comprenez ?
Soudain l'effroi me soulève. Je retombe, haletante. Lacérée de ce trop d'impuissance humaine. Le corps, quant à lui - devenu lambeaux - se brise en deux. Ne faut pas. Que l'horreur en vienne à l'excéder, pensez !? Sûr - que je me débats. N'est que de voir comme douleur - plein les membres, le sang - se fait sentir. A quel point - par elle - je défaille. Voilà je le dis moi. Tout moi. C'est le moins qu'on puisse être : moi ! celle-là même - d'il y a longtemps - qu'entre dégel et gel, telle mémoire, jamais ne cessa de torturer.

N'est-ce pas d'avoir excédé trop tôt mes forces nerveuses ? Ciel est bon. Pas à douter. Mais ça : une main ! Un genou où poser sa tête : une tête ! : j'ai beau chercher. Aussi loin que j'aille - je ne m'en souviens pas.


Yaël Cange

23:21 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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