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07/07/2020

"Fragments nocturnes pour une chanson d'aube", de Michel Passelergue, avec 5 photos de l'auteur, éd. du Petit Pavé, sept. 2018, 72 p., 8 €

Elle est partie sans un mot. L'orchestre achevait de se dissoudre en symphonie involontaire. Le rideau a replié ses ailes sur le silence et la poussière. Je suis resté devant mes brouillons hasardeux, d'anciennes élégies fermées à double tour, quelques cartes muettes, un écran aux lendemains enneigés. Le temps, émondé de l'intérieur, ne respirait plus. Alentour, les chambres d'hôtes semblaient désertées. L'ascenseur, muet à tous les étages, m'a ouvert le chemin encore suivi par les ombres, à la périphérie de cette cité engourdie dans l'oubli de ses veilleurs. Une lumière vacillante, au bout de la rue, m'a fait signe. Je suis entré. La boutique regorge de vieux volumes, manuscrits, documents, coupures de journaux. J'ai feuilleté longuement les répertoires, les annuaires périmés, carnets d'adresses, notices nécrologiques, photographies mondaines sur papier glacé, - aucun indice sur sa disparition. J'ai ouvert un Abrégé de l'absence : confronter l'avers et l'envers de chacun des mots qui me manquent me permettrait, au mieux, d'apostropher le vide. A l'aube, plus rien que ces images d'un mauvais rêve.

 

Michel Passelergue

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