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05/11/2015

Les poètes et la Résistance : Robert Desnos (1900-1945)

       Mort en déportation le 8 juin 1945, le dernier de ses livres que le poète ait pu voir publié est un récit sur la drogue « Le vin est tiré » (1943). "Il me reste d'être ombre parmi les ombres", écrit-il dans son dernier poème adressé à sa femme, texte recueilli par un infirmier tchèque, à Térézin, alors qu'il était mourant.
Robert Desnos, qui était entré dans la Résistance en 1942, donne à lire dans son livre paru en 1943, « État de veille » – publié par Robert J. Godet – certains de ses poèmes à la lumière des luttes pour la liberté engagées dans les années 1930 et atteignant leur point critique sous l’Occupation. C’est particulièrement le cas pour l’« Histoire d’une ours », une pièce de 48 vers en 16 tercets, dont vous voyez reproduite la première page, dans son état manuscrit.

 

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On remarquera qu’initialement, il s’agissait d’un ours, mais il y eut plus tard désir chez le poète de rapprocher, par choix polysémique, le plantigrade de la fameuse constellation.

Dans sa préface à « État de veille », Robert Desnos écrit : « Ce n’est pas la poésie, qui doit être libre, c’est le poète ». Son recueil réunissait deux séries de pièces : quelques « couplets » destinés à être mis en musique avaient été écrits en 1942 dans une facture relativement classique inspirée de Nerval et Góngora, tandis que des « poèmes forcés », selon son expression, avaient été composés en deux temps, d’abord lors de séances journalières auxquelles le poète s’astreignit en 1936, puis en 1942 par un travail de réécriture à tête reposée. Quelques-uns de ces poèmes ne sont pas datés, dont « Histoire d’une ours ». DM

Voici la version définitive de la première strophe :

     Une ourse fit son entrée dans la ville.
     Elle marchait pesamment
     Et des gouttes d’eau brillaient dans son pelage
     Comme des diamants.

Et celle de la troisième :

     La foule passait,
     Nul ne la regardait
     Et même on la bousculait


Il y aura cependant peu de variantes dans l’édition définitive, où l’on peut lire :

     Que l’on te pare d’étoiles
     Et que, du fond de leur geôle,
     Les prisonniers te voient passer devant le soupirail

     …

     J’entends des pas lourds dans la nuit,
     J’entends des chants, j’entends des cris,
     Les cris, les chants de mes amis.

     Leurs pas sont lourds
     Mais quand naîtra le jour
     Naîtront la liberté et l’amour

     …

     Grande Ourse au ciel tu resplendis
     Tandis que j’écoute dans la nuit
     Les cris, les chants de mes amis.

                                                    Robert Desnos

20:27 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

04/11/2015

Du voyage : Pacôme Yerma, Martin Melkonian

PINGOUINS.jpg

Manchots empereurs, Pacôme Yerma

Glissé peu après dans le silence et accompagnant une bande magnétique de morceaux choisis ici et là parmi ceux qu'il aime, quelques notations : "Bruxelles, dimanche, la neige, un froid glacial. Matin. Bruxelles, dimanche, la neige, un froid glacial. Soir." Martin Melkonian

01/11/2015

Véga et son "Cahier tunisien"

 Un deuxième poème inédit pour les lecteurs de ce blog,
qui fait suite au "Cahier tunisien" de Véga :

Où boit la nasse...


Aux aloès brodant leur citadelle
à l'infime météorite méditant
sur l'aile profonde du papillon de nuit ;

au jour qui va, dépouillant à mesure
ces frénésies soulevées çà et là
en bordure d'abîme
afin que sans réponse je rêve encore

des racines des faux-poivriers
dans les trouées de ton visage
mère qui me fit l'âme mangée
par la lune aveugle en plein jour.


Les métaux des pierres les pensées de la terre
que consacre le petit port de pêche
ma bouche est une cassure où boit la nasse


et le soleil qui dérive
au fond de moi les choses vont et viennent
jusqu'à la brume qui teinte
le chambranle de la porte


et les veines du bois
lacées d'un ruban bleu
sans rien qui marque la frontière
le sentiment du présent, son haleine muette.


                                Daniel Martinez

21:10 Publié dans Véga | Lien permanent | Commentaires (0)