241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/12/2015

Venise, en majesté

VENISE BLOG.jpg

photographie de Muriel Carminati

 

A vous toutes et à vous tous qui comme moi aimez la Vie et la Poésie, mes meilleurs voeux pour cette année 2016. Avec, pour le plaisir des yeux, cette vue de Venise au crépuscule, quand font silence les éléments et qu'il ne reste que cette infime Lumière par quoi tout a commencé, ce bleu sans fin dans nos veines : viens, nous danserons, pour ces grands empires de sables sur lesquels l'Humanité s'est bâtie, pas à pas, jour après jour. Love, forever... En amitié, Daniel Martinez

27/12/2015

Lettres à Gaëlle XXVI

XXVI


Dans les parcelles du temps des saisons et des heures
elle en pare tout entière sa langue perdurant là
depuis l'arrière de la gorge jusqu'au glissement de la voix
avec l'édifice des voiles un monde en mouvement


Vrai temps constellé mes formes d'air mes chemins
de nuages dessus le hêtre rouge somnambule des toits
je réapprends à vivre la ville est un ciel
où nous progressons absolus, toi comme feu respirant


moi libre sous ta main fine traçant ses rimes
tutoyant les luisants fusains dans le creuset des jours
que boit le sable de l'allée l'arc de tes lèvres
du même souffle apaisé 


A très petits flocons paraissent
les blés hauts des deux côtés de la route vicinale
cherchant issue lorsque la terre précise s'incline
sur une mer de buissons, une parure à traîne
qu'invente la toile du poème


Et le mot sans relâche qui me brûle
se devine au-delà des pensées
dans cette enclave ce Jardin surpris
dont on a gardé le désir le souvenir l'image
d'une éternité paisible gravée dans l'embrasure


                                                  Daniel Martinez

19:36 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)

26/12/2015

"Torpeur", d'Hélène Mohone

Torpeur, éditions de la Cabane, Bordeaux, 2007 (note initialement parue dans Diérèse 52/53, au printemps 2011)

     Hélène Mohone s’est éteinte le 4 avril 2008. Cantatrice, mais aussi plasticienne, photographe et femme de Lettres, elle nous laisse plusieurs pièces de théâtre, une autobiographie et des recueils poétiques. Publié en 2007, Torpeur semble habité par le besoin de témoigner, se raconter par fragments, décrire sans exhibitionnisme la maladie et la mélancolie, mais aussi la passion, l’appétit de vivre : hé! reviens me saisir aux seins viens me saisir de près à aimer pulpe verte tous les fruits et moi (p. 14). Pénétrés par une subtile musique intérieure, les versets s’enchainent selon une logique propre, subjective, au plus près de la mémoire, ce qui n’est pas sans rappeler certains procédés d’écriture automatique, une sorte de lent monologue intérieur empli de sons, d’images et d’odeurs ; comme si seule l’évocation pouvait conjurer le (mauvais) sort, éloigner un moment la voix des ombres (p. 7). Les métaphores surgissent au fil des pages, fusent à l’improviste, saisissent le lecteur, l’entraînent dans un maelstrom de souvenirs, une succession d’instants fugaces : de l’enfance africaine fillette au baraquement tu vois les vieux corps marabouts (p. 19), à l’âge adulte, synonyme de tristesse, de désillusion : les yeux miens à fatigue profonde lassitude et volonté de tenir à ton allure anéantie de moi (p.10). Pudiquement décrite, la souffrance demeure sans cesse présente, en filigrane, comme une permanente angoisse : fille du crâne sortie sanglée cuirasse déjà prête à combattre petite arbalète à la douleur (p. 18). Restent, dès lors, certaines réminiscences heureuses, liés aux amours passés : c’est ainsi Bérénice au ciel que tu déploies tes dents de lait amoureuse maritale (p.14).

     Plurivoque, originale, faisant fi de la ponctuation, la langue d’Hélène Mohone nous entraîne loin, dans un style riche et émouvant, tendu à l’extrême, à la limite de l’imprécation. Tantôt limpide, tantôt énigmatique, Torpeur paraît ainsi proche de certaines phrases désenchantées de Michel Valprémy (1947-2007), écrivain et graphiste bordelais, auquel la plaquette est dédiée : vois tout noir sous le soleil / vois très sombre sous la chaleur (p.11).

                                                                       Étienne Ruhaud

PS : rappelons que des inédits (textes, peintures et dessins) d'Hélène Mohone paraîtront dans le prochain Diérèse, cf rubrique Diérèse.