30/01/2016
Un poème d'Alain Jouffroy à Diérèse (1928-2015)
Alain Jouffroy, prix Goncourt de la poésie 2007 pour l'ensemble de son oeuvre, a adressé à Diérèse en 2002 cette carte postale, avec au verso un poème : "A Gorgias", qui sera imprimé dans le numéro 19 de la revue (octobre 2002) avant d'être repris chez Gallimard, in Vies précédé de Les Mots et moi (2003). Aux curieux de comparer cette version avec la définitive. DM
A Gorgias
Mais non ! – Qu’est-ce que c’est
qu’ça, la nécessité ?
Anankhé ?
Et toi, allez, qu’infuses-tu
dans la théologie,
Aléthéia ?
Pendant ce temps-là,
De question en question posées,
La vérité a foutu le camp.
En finira-t-on jamais,
avec Platon ?
Alain Jouffroy
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29/01/2016
André Miguel, poète et plasticien
Né à Ransart le 30 décembre 1920, écrivain belge d'expression française, André Miguel nous a quittés en 2008, laissant une oeuvre importante, encore insuffisamment reconnue. En poésie, citons Orphée et les Argonautes (1949), Fables de la nuit (1966), Boule androgyne (1972), Oeil immense (1977), Parler au dédale (1978)... Prosateur, Miguel est notamment l'auteur de L'Oiseau vespasien (1977).
Pour les lecteurs de ce blog, voici l'un de ses Talismans, qu'il a illustré, comme de juste :
Talismans
J’ai demandé ce qu’elle sentait
Peluche des peaux
J’ai demandé ce qu’elle touchait
Bois dur des os
Le noyer mange champignon de nuages
Voue le vent à vos feuillages
Bouches-baisers
Je quitterai ce coin léger
Pour des étangs de feu couché
Car il me plaît d’être séché
Aux ongles aux os
Un épi de maïs vaut bien un doigt
de main
A mes rétines et à ma langue
A conquérir un arpent
A boire des aubergines
A mâcher pêcher
André Miguel
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Un poème de Claude-Michel Cluny (1930-2015)
En hommage à ce grand nom de la Poésie, Claude-Michel Cluny, qui nous a quittés le 11 janvier de l'année passée :
Tombeaux étrusques
I
Suis-je cendre déjà ou seulement
(y suffit un souffle de vent sur les collines)
dessous la sombre flamme des cyprès,
place où joue l'insectueux irrespect.
Scarabée architecte des restes opimes*
(traces d'une pensée, douleur regrets
sans regards) qui nettoie le coeur de l'ombre,
fasse que, détestable, ma présence s'abîme.
Tu orneras vivant joyau d'or ou de bronze
lent comme l'Egypte, d'un lustre secret
mon espèce détruite - par très juste décret -
enfin détissé le voile des songes
l'apparence rendue aux éléments parfaits.
Claude-Michel
Cluny
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*Au figuré, adj. initialement féminin pluriel, de l'expression "dépouilles opimes" : belles dépouilles, belle acquisition...
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