15/01/2016
Un poème de Jean Lescure (1912-2005)
Feuilles de tremble
A courir les saisons le vent ne s'use pas
C'était comme une nuit au milieu du silence
aucun regard pour marquer l'heure
aucune main pour la fraîcheur
aucune source
seule au creux de la paume
un peu d'eau qui me regardait
A soleil rouge vent promis
à soleil vert la mort s'avance
longtemps longtemps pour que paraisse
à la pointe de tes doigts
l'aile calme d'un mouchoir
Le feu n'a pas raison du soir
paraissez ombres de la mort
de l'amour la maison garante
raconte le divin silence
Il y eut un moment
le printemps parut respirer
la peau des choses s'étonner
plus tard elles attendaient
encore que je leur parle
le silence n'était pas assez grand
Jardinières du jardin perdu
les mains échappent aux saisons
Jean Lescure
in Feuilles de tremble
éditions Proverbe, 2001
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12/01/2016
Le poème du jour : Claude Tarnaud (1922-1991)
Un poème inédit de Claude Tarnaud, datant de 1960, que je vous donne à lire aujourd'hui :
Machine-outil
Va jouer à cache-tampon dans un gratte-ciel
avant que l'épervier que tu deviens en brûlant
ne fasse sauter les fusibles
l'immeuble s'illumine une dernière fois
- acte de déférence -
puis s'effondre sur la foule ivre
qui attend que tu sautes
de l'appui de la fenêtre
du 27ème étage
*
Tu passes en taxi sous la proue des grands
transatlantiques embrasés dès la nuit tombante
tu survoles étranger
ton propre entendement
gestes larges
Et si tu fermes les yeux
le bruit du vent se mesure
en multipliant par pi le carré de la vitesse
C'est ce qu'on appelle les
Grandes Orgues
Et tu vas écouter Thelonious Monk
oublier des verres vides
dans le sommier d'un piano à queue
Claude Tarnaud
16:54 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2016
Le poème du jour : Gustaf Sobin (1935, Boston-2005, Cavaillon)
Ces vers, de l'auteur de Fruit de glace :
La terre comme air
pas la
rose pour ses
humides
odeurs em-
paquetées,
ni
pincée,
sémantique, jusqu'à
n'être qu'un
blanc
oeil incestueux :
nos
miroirs
im-
maculés. mais la
rose
comme votive : pour
le
voeu
de la rose.
qui
lavé
dans l'
écume froide
des
creux de
ses pétales, est
offert,
dés-
ossé par notre
souffle en
den-
sité vide
Gustaf Sobin
traduit par Dominique Fourcade
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