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16/04/2019

"Sonnets" de William Shakespeare (1609)

L'un des plus remarquables, parmi ceux traduits par Jean Rousselot, extrait d'un livre édité par Guy Chambelland le 10 mai 1969. Le temps qui passe, thème éternel s'il en est, écoutez :

 

Like as the waves make towards the pebbled shore,
So do our minutes hasten to their end ;
Each changing place with that wich goes before,
In sequent toil all forwards do contend.
Nativity, once in the main of light,
Crawls to maturity, wherewith being crown’d,
Crooked eclipses ’gainst his glory fight,
And Time that gave doth now his gift confound.
Time doth transfix the flourish set on youth
And delves the parallels in beauty’s brow,
Feeds on the rarities of nature’s truth,
And nothing stands but for his scythe to mow :
And yet to times in hope my verse shall stand,
Praising thy worth, despite his cruel hand.

* * *

Comme les vagues vers les cailloux du rivage,
Nos minutes se précipitent vers leur fin,
Chacune remplaçant celle qu’elle dépasse,
Toutes tentant, à grand ahan, d’aller plus loin.

La naissance, éclair bref dans le flot de lumière,
Vers l’âge mûr s’élance et là est couronnée ;
Perfide éclipse, alors, sa gloire vient défaire,
Et le temps lui ôter ce qu’il lui a donné.

Le temps transperce l’ornement de la jeunesse
Et creuse de sillons le front de la beauté ;
De la création, il ronge les richesses ;
Rien n’existe qui de sa faux ne soit tranché.

À sa cruelle main pourtant résistera
Mon vers qui te louange et te louangera.

 

William Shakespeare

Traduction : Jean Rousselot

13/04/2019

Une lettre (1/3/2001) et un poème inédit (26/7/2002) de Pascal Ulrich :

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ULRICH 58.jpg

 

Salut cher Daniel,


Nous autres de l'Humanité sommes toujours à balancer entre le tragique et le comique et moi, faut que je redessine un bon coup. Ça fait au moins une semaine que je n'ai rien dessiné, enfin que je n'ai pas dessiné assez longtemps pour que ça donne un petit quelque chose.
C'est plus fort que moi, la correspondance ça passe avant mes textes et dessins, après faudra pas s'étonner que malgré les dizaines de plaquettes publiées, aucune n'excède 50 pages mais je me fous de ça car ce que j'essaie de faire par mes écrits et dessins c'est de parler à l'Autre et du même coup à moi-même.


Pascal Ulrich

09/04/2019

Yang Lian

Voici un poète dont vous n'entendrez pas beaucoup parler, certainement pas dans les anthologies de poésie étrangère et les critiques l'"oublieront" au passage ; pourtant c'est un immense poète ! Il est, sachez-le bien, chinois. Yang Lian est né en 1955 en Suisse, il a grandi en Chine... Premiers écrits quand, en 1970, il est envoyé dans la province du Guangxi lors de la Révolution culturelle. En 1983 ses livres sont interdits en Chine ; Yang Lian s'exile quelques années plus tard, en Allemagne. Mais plutôt, écoutez-le :

Adagio de la mer

La douleur doit avoir son propre recoin : minuit
ou la fenêtre. La muqueuse de la mer colle à la vitre.
Avec lenteur la matière des ténèbres sourd de tes yeux.
Le vin rouge est fanal de bateau la nuit.
Tu entends l'estuaire des veines de ton corps crier un nom.
L'adieu qui se refroidit feuillette un manuel.
Au loin, un tableau noir     est accroché en-deçà de la nudité de minuit.
Les vagues n'en finissent pas de réciter les leçons d'un visage.


Le poème renvoyant la lumière     reflète la pensée des poissons avant leur naissance.
Mille lignes horizontales ajournent le mot mer.
La chair soumise des flots     se brise contre ce jour qui ne peut être ajourné,
tout comme chaque jour. Fixer le lointain est distanciation.
Le verre qui crisse alentour est aspiré par tes poumons.
L'angle mort, d'une lenteur plus qu'immobile, s'assied dans
l'ivresse. L'ouragan filtré devient l'autre face du réel incolore.
La souffrance, elle, est parfaite, est aveugle.

 

Yang Lian

Merci de votre attention. Amitiés partagées, Daniel Martinez

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