04/07/2021
L'été sera chaud ?
Votre serviteur se doit de vous informer de l'état d'avancement des travaux, pour Diérèse 82 en particulier. J'ai à présent presque tous les textes en mains, sauf quelques notes de lecture et une rubrique de 6 à 8 pages à venir. Il sera donc, passé le terme que j'ai choisi et qui dépend de l'arrivée de ces tout derniers envois, inutile de faire pression pour que j'accueille dans cette quatre-vingt-deuxième livraison d'autres participants. Naturellement, je continuerai de répondre et de sélectionner pour le numéro 83 de nouveaux contributeurs, bienvenus. Mais ils seront tenus de patienter un tantinet. La poésie est éternelle, comme chacun sait.
Sachez déjà que la couverture (du n°82) est prête et que l'exemplaire passera les 300 pages, comme à l'accoutumée. Les noms d'auteurs vous seront dévoilés en partie, à l'aube du mercredi 1er septembre. Beaucoup de bonnes surprises, vous verrez. Une remarque : au colophon de chaque livraison figurent quelques noms d'auteurs pour la suivante, auteurs dont certains ont été simplement contactés au moment de la mise sous presse du numéro à paraître. Il tombe sous le sens qu'il ne s'agit là, en dernière page, que de prévisions et non d'un engagement contractuel de ma part. Dans les faits, des épreuves vous sont envoyées avant publication, ce qui n'est pas le cas de tous mes confrères, hum...
En bref, Diérèse est fait de main d'homme, j'en suis en même temps la cheville ouvrière et l'animateur/directeur comme le fut Michel Lavaur. Mis à part les critiques, à qui la revue doit beaucoup et que je remercie du fond du cœur pour leur travail, considérable, il n'y a pas une équipe derrière moi, pour corriger le tir si besoin. Pour n'évoquer que le maquettage des pages intérieures par exemple, il est de mon fait, pour info je travaille sur un logiciel datant de 1998, l'année de fondation de la revue. Je ne m'en plains pas, j'y suis même très attaché, à ce logiciel, sachez-le bien, c'est un peu mon second acte de naissance, car le 21 mars 98 a paru le n°1 de Diérèse. A ce propos, voir le lien, ici inactif, à copier sur votre barre Google :
www.revues.lacavelitteraire.fr (une mine !).
Cet été, je continuerai d'alimenter le blog dans la mesure du temps libre que je pourrai dégager, au fil de l'eau... Pas de vacances à La Grande-Motte, mais sûrement quelques jours en Bretagne, pour apprendre à nos deux petites (Gaëlle et Diane) à nager autre part qu'en piscine chlorée. L'occasion pour moi de vous souhaiter de bonnes et heureuses vacances : profitez bien avant la rentrée qui verra l'émergence du variant Delta, suivi du variant Epsilon. Eh non, nous n'en sommes pas sortis, vous le savez déjà. Une anecdote, au passage : des amis du CHU de Lille au premier trimestre de cette année mémorable, se plaignaient du gaspillage des masques, dans la rue en plein air (protections qui peuvent à l'occasion voiler la mauvaise haleine, certes). Si la foule est vectrice de contaminations, le plein air par contre, en montagne, colline, plateau, plaine ou à la ville ne s'y prête pas sauf à s'y masser (ou alors il faudrait aussi porter le masque en ouvrant ses fenêtres). L'hygiène oui, la peur du moindre souffle d'air, non. La vie est bien trop courte pour s'en faire un enfer.
Dernier point, pour ce jour : j'ai comme beaucoup d'entre vous eu droit à ma première injection de Pfizer. Le vaccin est utile par contre, une évidence à rappeler, pour les formes graves de cette maladie. Mais en ajoutant qu'il convient de ne pas masquer non plus les effets secondaires du vaccin chez certains - minimes pour votre serviteur, effets pervers que je m'empresse de vous conter, sans vouloir en rajouter. Quarante-huit heures après avoir reçu ma première injection, je me suis senti flagada trois jours durant, comme après un effort intense et répété, ceci joint à des picotements intrathoraciques désagréables au côté gauche, intermittents et ressentis plus vivement au réveil ; quelques maux de tête, eux par contre tout à fait anodins, pas de quoi fouetter un chat. Ceci étant, je prendrai conseil pour ma deuxième injection, sachant que les troubles ressentis à la première peuvent être potentialisés à la seconde. A suivre donc. Et à bientôt ! Si vous le voulez bien, restez connectés pour les deux mois qui viennent, par avance merci.
Amitiés partagées, Daniel Martinez
10:29 Publié dans Clin d'oeil | Lien permanent | Commentaires (0)
03/07/2021
"La poésie, le ciel - Petite méditation lyrique", par Alain Duault, éditions Gallimard, janvier 2020, 176 p., 19 €
Juste avant le grand clash de mars 2020 - autrement dit la "Crise sanitaire" si mal orchestrée par les instances dirigeantes, toujours en retard d'un train, si ce n'est de deux -, a paru ce livre d'Alain Duault, par ailleurs présent in Diérèse 82 (numéro dont la sortie est prévue à la mi-octobre), étant entendu que nous partageons bien des points communs... Amitiés partagées, Daniel Martinez
* * *
Être poète
Être poète, c'est regarder le monde avec des mots.
C'est être constamment sur le qui-vive avec la langue - mais en entendant : qu'ils vivent, les mots, les hommes, les oiseaux. C'est-à-dire : que la beauté les sauve et invente une perspective qui ouvre ses portes vers des couloirs nouveaux, déplie les temps trop sages, brise la mer gelée des évidences.
Être poète, c'est avoir des oiseaux dans la bouche, courir le ciel avec eux, gravir les échelles du vent avec des semelles trouées comme un parapluie sous tous les orages du monde. C'est, guetteur mélancolique, être le front aux vitres, veilleur de chagrin sujet aux langoureux vertiges. C'est vouloir découdre l'erreur des destins et des chemins déjà foulés, prendre les rêves au sérieux, ne pas se retourner sur Eurydice pour s'arracher à une saison en enfer. C'est aller au sud vers le nord. C'est se laisser emporter par les rythmes du corps qui ricochent d'une syllabe à une étreinte. C'est chercher les sept prénoms du vent ou ce qui reste après l'oubli, quand la mémoire a consumé tout ce qui aurait pu être, le désir et ses bateaux qui chavirent entre les mots. Être poète, c'est chercher la peau de l'être, accorder sa vie comme une main au temps qui passe si vite, à l'eau des songes, à la pluie sous les jupes des regrets, c'est manger ses ombres effarantes.
Être poète, c'est s'enivrer de mots sans doute, mais c'est aussi douter des mots, savourer ce qu'on ne peut savoir qu'en se jetant au feu, c'est le midi du soir et l'aube de la nuit, ce moment de passage, cet instant à peine où tout est sans repère. C'est chercher obstinément à dire ce qui ne se dit pas, à provoquer le monde, à dévoiler sa face. C'est crier et ne pas crier, murmurer, souffler dans les veines, chanter, s'arracher à la quiétude. C'est être un arbre, un rocher, le mouvement de l'arbre, la chute du rocher. C'est la route qu'on prend le soir qui nous emporte vers on ne sait jamais où. Cette route qui conduit à se perdre. Délicieusement se perdre. Affreusement. C'est ce moment où l'on se dit. C'est un regard comme une main qui ramène l'horizon. C'est un jeu. Une branche. Un peu d'eau entre les doigts. La pluie intérieure. C'est extrême.
Être poète, c'est écrire sans cesse pour résister à l'insoutenable poids de la nuit sur les roses. J'avais envie de vous parler des roses.
Alain Duault
22:23 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
02/07/2021
"Tumulus", de Jean-Loup Trassard, 9 photographies de Jean-Philippe Reverdot, éd. Le temps qu'il fait, 3 mai 1996, 46 pages, 99 F
Nus, mais les hommes parés de plumes aux bras et aux oreilles, plumes de perroquets, d'aras, bleues jaunes rouges, à travers les parois de bambou ils écoutaient la forêt s'éveiller dans le jour incertain. Toute proche la rivière - une brume immobile au-dessus de l'eau - semblait ne pas couler, verte, huileuse, n'eussent été les pirogues, arbres vides, qui de leurs flancs serraient la rive feuillue. Ils avaient entendu frotter la paume des pieds à l'instant où les femmes doucement ranimaient le feu. Sur chaque foyer pendaient, noircis par la fumée, crâne de singe hurleur ou de singe-araignée et de cochon sauvage, bréchets d'oiseaux, carapace de tatou, queue de caïman, arêtes de poisson, que les insectes avaient fini de ronger et qui protégeaient le chasseur contre un destin de maladroit. Ils se préparaient à chasser - silencieuse sarbacane, arme du souffle, aux flèches salies de curare fabriqué en silence - avaient projet encore d'étonner un tapir argenté, de boucaner un anaconda, de boire sur feuille du miel frais déniché, éclairci à l'eau de source. Ils s'engageaient entre les arbres, un bandeau sur le front des femmes tenait contre leur dos des bananes, un enfant, troupe furtive suivie cependant par le vol de grinçantes perruches. Dans l'épaisseur, forêt que la pluie traversait par cataractes brèves quand les feuilles du haut lâchaient, pliaient, ils se faufilaient de feuille en feuille, soucieux de ne pas alerter la troupe chieuse des chauves-souris, attentifs à ce qu'un ocelot ne regardât point leur nuque, ils avançaient cachés successivement par chaque feuille. Autour d'eux des machines qui s'arrachaient bruyantes à l'enlisement mâchaient avec méthode la selve anéantie. Jamais ils ne sont revenus, ni ne furent découverts derrière la feuille ultime. Du ciel moite, arbres abattus, ne tombait aucune plume. Bougeaient à peine contre la rive hachée les pirogues pleines de pluie, sur l'ancien seuil un crapaud verdâtre qui avait été un puissant chaman.
Jean-Loup Trassard
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