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05/02/2018

Regards III

Février dessine dans le noyer
des arabesques hivernales

voile blanc de céruse
en route vers les monts

la psyché de la chambre
efface ton ombre
dans la neige qui respire
doucement comme un nouveau-né

son cœur à l'unisson
un fabuleux décor entre
par la porte-fenêtre
jusques au jardin d'hiver
où trône le catalpa

face au flux qui vient
des choses vers les yeux
dans l'intervalle des cils

l'un de mes visages perdus
ravaude le tissu du temps
et le double d'une fine pellicule
en réserve de nos corps
sous la transparence des étoiles
au creux des yeux elles esquissent
la nuit de l'avant-voir
ce sont griffures de craie sur le tableau noir
une effraie empaillée sommeillait
juchée sur la grande armoire
tout au fond de la classe
mon enfance à tire-d'ailes
entre les charmilles délicates
et les jardins secrets du tréfonds de l'âme

un peu d'infini file entre les mains de l'aérostier
après que la pointe des doigts
eut effleuré les lèvres
l'arc des sourcils l'arête du nez
pour approcher sous les dernières
lueurs du jour une futaie de trembles
en lisière de la vaste forêt

 

Daniel Martinez

05/2/2018

31/01/2018

Regards II

     Et s'il faut d'un soleil si creux
     désigner les heures arrêtées
     celle d'horloges irréelles
     comme un gage donné à la terre
     s'il faut du dernier corps enveloppé
     dire non à en mourir
     en ce diadème recueillir
     les signes absolus du destin
     tant résonne dans l'ombre
     la baie de lumière qui ouvre
     sur le premier livre écrit pour toi
     "N'être qu'une fois" depuis La chambre verte
     les gravures d'Eduardo scintillaient
     et la main grise d'un royaume
     que l'on va perdre
     nu de langue le corps s'évide
     lin seul comme une rose de Noël
     entrée en compassion
     Et s'il faut d'un soleil si vif
     entrevoir par le filtre des doigts
     ce que sera ce que nous sommes
     sur le fil de la nuit
     tu rentres de si loin
     dans un temple abandonné
     sans entendre le bruit de tes pas
     mais cela qui s'échappe
     qui te soulève t'apaise et te berce
     avec l'air engourdi d'un rêve nonchalant

     au tréfonds de sa propre parole
     attentive à son murmure
     sur le grand balancier

 

Daniel Martinez

29/01/2018

Regards I

     Une presque voix traverse l'eau du puits
     où clignent des corniches crénelées
     dont les signes sacrent
     cette alliance du hasard et de la légende
     sur le tain
du miroir de mon enfance
     de l'autre côté
des terres là
     où transmigrant j'entends et vois

     se redessiner ce qui fut ma vie
     sans limites vers l'outre-livre
     très pure soit son image
     très digne entre les racines du silence
     où baignent les eucalyptus géants
     quand il ne pleut ni ne vente
     et que leurs feuilles insensiblement
     se tachent d'une poussière d'or

     descendue jusques à tes mains
     qui en touchent les extrémités
     comme
les premiers rameaux d'éternité
     naissent-ils de toi ou de moi je ne saurais dire
     dans tes veines dans mes labyrinthes
     cette voix-là toute de ferveur
     fluidifie les ondulations du sable
     toujours c'est le désir qui nous est vie
     dessous le rose éclaté des fusains
     leur blessure en nous suinte
     de ses figures méconnues


Daniel Martinez

29/1/2018