28/03/2017
Au Printemps
Les bleus de la terre
De toute paille l’épi mutin
Perçoit l’infime battement
Au cœur du temps noué joue
Le premier atome de sang
A l’unisson des ramures
Parmi les signes capiteux
Quel fil au carillon de pierre
Esquisse la raison du poème
Où mue se mire et se moire
La pièce d’eau dormante
Entre l’air et la lumière
Les premiers apprêts du Printemps
La matière et le sujet
Le bleu de safre mis à nu
Pour elle au bord du silence
L’empreinte vive des peupliers
* * *
Les chemins oubliés
La coque de l’amande que forent
Mille têtes d’insectes
Entre l’os et la peau condense
La fuite monotone des jours
Tout commence d’un rien
Fortune de l’ombre
La lézarde plus profonde
Sur la roche qui affleure là
Jamais n’épuise la rumeur
Ni ne ferme les lèvres du chêne
De la solive où s’accroche
La pipistrelle qui me guette
Il n’est qu’un pas pour pénétrer
Dans l'espace de la grange
Pages fumées et flashes blancs
La vie n’est plus ce qu’elle était
Daniel Martinez
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27/09/2015
Enluminures VIII
La tête en arrière, le coeur criblé de ces poussières de légendes semblables au champ de phosphènes qui, visités par le Soleil, dans le lit de la rivière s'inscrivent, dans un éternel suspens. Touchés par une vague d'ombre soudain, la figure s'éloigne et la voix passe : quand l'écarlate du vitrail perce le gui des peupliers, l'oreille, parée des syllabes longues de l'espace mesure les vapeurs crépusculaires.
Sous elles roule la surface, se dessinent des pensées hors de la pensée, avec la singulière agilité qu'ont les araignées d'eau à effleurer l'élément, donnant le change à notre vigilance. Pour protéger de quelque manière l'univers muet où la conscience se dissout, se mêle à mesure aux mouvantes frondaisons, aux fibres, herbes sauvages, à d'anciens paysages ininterrompus, abandonnés aux délices des pleins, vides et déliés.
La misère et la beauté. Au pied du mur qu'il convient à présent de franchir, de plain pied avec le monde environnant, l'exaltation soudaine d'un essaim de passereaux, désassemblés d'un vaste épi. Quand tournent les sens, pour forcer le vide calme du jour, livré au domaine des nombres et des reflets.
Daniel Martinez
14:19 Publié dans Enluminures | Lien permanent | Commentaires (0)
23/09/2015
Enluminures VII
Le cercle n’est pas une figure
le regard ne le saisit jamais
qui ne fait que le traverser
Le monde n’y est que passager reflet, au fil lent des gestes à reconduire. Le réel s’accomplit, n’ayant pas de mémoire, mais la forme nue d’un corps qui n’a d’autre nom que celui de la pêche juteuse cueillie chaude au soleil.
Le pain blanc dans l’ombre, la colline charnue, des géographies de trembles et les hachures plus basses des peupliers.
Errant, et cette ombre qui m’accompagne sous l’horizon tout en rondeurs est ma langue maternelle. Encore : le reflet de la bougie invisible dans la profondeur cirée de la table.
Daniel Martinez
17:27 Publié dans Enluminures | Lien permanent | Commentaires (0)