241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/03/2017

Au Printemps

      Les bleus de la terre

      De toute paille l’épi mutin
      Perçoit l’infime battement
      Au cœur du temps noué joue
      Le premier atome de sang

      A l’unisson des ramures
      Parmi les signes capiteux
      Quel fil au carillon de pierre
      Esquisse la raison du poème

      Où mue se mire et se moire
      La pièce d’eau dormante
      Entre l’air et la lumière
      Les premiers apprêts du Printemps

      La matière et le sujet
      Le bleu de safre mis à nu
      Pour elle au bord du silence
      L’empreinte vive des peupliers


* * *

 

      Les chemins oubliés

      La coque de l’amande que forent
      Mille têtes d’insectes
      Entre l’os et la peau condense
      La fuite monotone des jours

      Tout commence d’un rien
      Fortune de l’ombre
      La lézarde plus profonde
      Sur la roche qui affleure là

      Jamais n’épuise la rumeur
      Ni ne ferme les lèvres du chêne
      De la solive où s’accroche
      La pipistrelle qui me guette

      Il n’est qu’un pas pour pénétrer
      Dans l'espace de la grange
      Pages fumées et flashes blancs
      La vie n’est plus ce qu’elle était


                             Daniel Martinez

27/09/2015

Enluminures VIII

La tête en arrière, le coeur criblé de ces poussières de légendes semblables au champ de phosphènes qui, visités par le Soleil, dans le lit de la rivière s'inscrivent, dans un éternel suspens. Touchés par une vague d'ombre soudain, la figure s'éloigne et la voix passe : quand l'écarlate du vitrail perce le gui des peupliers, l'oreille, parée des syllabes longues de l'espace mesure les vapeurs crépusculaires.

Sous elles roule la surface, se dessinent des pensées hors de la pensée, avec la singulière agilité qu'ont les araignées d'eau à effleurer l'élément, donnant le change à notre vigilance. Pour protéger de quelque manière l'univers muet où la conscience se dissout, se mêle à mesure aux mouvantes frondaisons, aux fibres, herbes sauvages, à d'anciens paysages ininterrompus, abandonnés aux délices des pleins, vides et déliés.


La misère et la beauté. Au pied du mur qu'il convient à présent de franchir, de plain pied avec le monde environnant, l'exaltation soudaine d'un essaim de passereaux, désassemblés d'un vaste épi. Quand tournent les sens, pour forcer le vide calme du jour, livré au domaine des nombres et des reflets.


                                                                    Daniel Martinez

23/09/2015

Enluminures VII

                    Le cercle n’est pas une figure

                    le regard ne le saisit jamais

                    qui ne fait que le traverser

     Le monde n’y est que passager reflet, au fil lent des gestes à reconduire. Le réel s’accomplit, n’ayant pas de mémoire, mais la forme nue d’un corps qui n’a d’autre nom que celui de la pêche juteuse cueillie chaude au soleil.

 

     Le pain blanc dans l’ombre, la colline charnue, des géographies de trembles et les hachures plus basses des peupliers.

 

     Errant, et cette ombre qui m’accompagne sous l’horizon tout en rondeurs est ma langue maternelle. Encore : le reflet de la bougie invisible dans la profondeur cirée de la table.

                                              

                                                                 Daniel Martinez