241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/04/2017

La revue "Phoenix", dans son numéro 24, parle de Diérèse opus 68

Diérèse, n°68, été-automne 2016

Dans son édito Notes éparses, Daniel Martinez confie aux lecteurs le souffle qui parle Sur le blanc du monde. La traduction redimentionne le chant littéraire écrit-il, ainsi Domaine International donne à lire le poète brésilien Carlos Nejar, le Danois Christensen, le Sud-Africain Sinclair Beiles et l’Américain Edgar Bowers. Dans Cahier I, huit poètes sont présents. La série poétique de Pierre Dhainaut Pour ce matin ce sera tout fait se correspondre art poétique et force créative, elle insuffle ce blanc du monde rendu accessible : "Les poèmes n’accèdent à leur forme exacte que s’ils sont incapables de s’y fixer, comme les arbres.// Les poèmes ne font qu’esquisser une phrase dont nous ne verrons pas le terme. Nous avons toujours, dit-elle, à accueillir." Cahier II invite huit poètes et des lettres de Jean Malrieu à Jean-François Mathé. Diversité des voix et qualité sont de mises, quelques brefs extraits : "le sentiment, lui, était d’une branche à l’autre perdu" (Pascale Flavigny) "Flétrissons le soir, ne craignons/ que le silence sans flocons" (Isabelle Lévesque) "revenir à ce jour/où la vie tenait à une porte mal fermée" (Gilles Lades). L’échange épistolaire est quant à lui éclairé par cette « joie noire » où Malrieu puisait son inspiration. Les lettres disent la dévotion de leur auteur à son travail de revuiste pour Sud, sa bienveillance et son honnêteté. "Recevoir une lettre de Jean, c’était recevoir des nouvelles d’un monde où « il fait un temps de poème »", conclut Dhainaut dans sa présentation. La lettre, lien pérenne et traversée, loin de ne graver qu’une trace, est ce courant drainant ses forces et révélant ad vitæm ses secrets. La partie Regards ne s’éloigne qu’en apparence du poème en offrant à lire des extraits d’un roman de Hélène Mohone, des notes de Pierre Bergounioux (mai 2016) et un texte en prose poétique de Daniel Abel. Dans ses notes, Bergounioux n’enchante pas le quotidien. Le détail des menus faits dit l’adhésion d’un homme au bonheur et à la fraternité. La fragilité physique se dilue dans la lumière des petits gestes, de l’attraction de l’histoire sociale et celle de la littérature. Ensuite, le lecteur retrouve avec plaisir Etienne Ruhaud et sa rubrique Tombeau des poètes IV (Cimetière du Père Lachaise division 27 Jean Rollin et division 49 Gérard de Nerval). Outre faire le récit de leur parcours en offrant des détails propres à satisfaire la curiosité et l’intérêt (même des plus érudits), Ruhaud emploie un style truculent où l’hommage n’est jamais atténué. Ainsi nous écrit-il qu’un lecteur a laissé un homard en plastique sur la tombe de Nerval et nous rappelle que la légende veut que le poète se soit baladé avec un homard tenu en laisse sur les marches du Palais Royal. Simple détail ? Ce numéro de Diérèse s’achève sur Bonnes Feuilles où dix-sept contributeurs offrent leurs lectures, chroniques et études se succèdent. Se trouve là prouvée cette assertion de Michaux reproduite dans l’édito : "écrire tient, pour certains, du vivre".

                                                             Marie-Christine Masset


. . . . . . . . . . .faites passer je vous prie, merci. . . . . . . . . .  

19/04/2017

"Amor", de Colette Fellous, 132 pages, éditions Gallimard

Graffiti vénitiens


L'écriture ébouriffée et expressive nous entraîne de vive main jusqu'à la dernière ligne. Les mots courent, bondissent, taisent presque tout, entourent les ellipses d'objets (les rues, les fleurs, les bêtes, les arbres, que les femmes - voyez Colette, pas Fellous, l'autre - savent écrire de façon tellement concrète, avec ce style semblable au corps d'un chat) doués d'une vie si attachante que l'on souhaite ne jamais plus les quitter. "Et très lentement, elle a enlevé ses lunettes noires, les a posées près de trois stylos sur la nappe. [...] L'encre noire serait pour Joseph, la violette pour Théo et la turquoise pour Gregor." Pour tous les trois, elle rédige la même lettre, mais : "Une poussière de secondes on a oublié de la suivre", et peut-être n'a-t-elle pas jeté les trois enveloppes dans la boîte. "Sur le pas de la porte, la marchande de chaussures la regardait, les bras croisés."

Voilà le lecteur parti à la suite de l'épistolière, plus que consentant, intrigué, anxieux, charmé. Il croise la vieille femme "essoufflée par le poids de son grand panier noir débordant d'artichauts", écoute "trois notes de saxo glissant tout au bord de la fenêtre, avec les branches d'un micocoulier qui se balançaient lentement...", rencontre "les yeux de la bédouine qui avait cherché, un été, à lire son destin à même le blanc de l'oeuf ou en comptant les noeuds d'un fil de lin..." Et ne demande qu'à le croire quand on lui explique : "C'était tout cela aussi, l'histoire d'Amor."

Car il y a une histoire d'Amor, quasiment non-dite, pas vue, à peine vécue, incomprise, mais tellement importante qu'elle structure tout le livre - ou plutôt l'empêche de se bâtir rationnellement, le disperse en mille éclats lumineux et tremblants. "Un merle échappé des buissons avait rejoint le sommet du réverbère et avait lancé son oeil inquiet vers le ciel, la femme de l'épicier kabyle rangeait les oranges maltaises dans de grands paniers et le chien argenté dormait devant la pharmacie."

Qu'est-ce donc, Amor, quelqu'un, quelque chose, le simple et facile anagramme de Roma, titre d'un précédent roman du même auteur ? Amor, c'est "un cercle", "un fil", il faut le trouver pour connaître du même coup le sens et la cohérence d'une vie. Mais l'a-t-elle trouvé, la femme aux trois lettres, au moment où cette soudaine brûlure à l'oeil la fait - peut-être - disparaître ?

Ce que nous savons, nous ne le dirons pas. Hormis ceci : on passe avec ce livre des heures cahotées mais non perdues. On admire les fragments de la mosaïque. Les défauts ? En parler serait gâcher un plaisir que les romans d'aujourd'hui ne délivrent pas si souvent.


                                                                                            Nicole Casanova

18/04/2017

La disparition de la civilisation maya

Il y a environ 3000 ans est née en Amérique centrale une très brillante civilisation, celle des Mayas. Elle connut un grand rayonnement lors de la période dite "classique", entre 250 et 900 après J.-C., avant de disparaître en un siècle, sans que l'on en connaisse exactement les raisons.

Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer la fin brutale de ceux qu'un anthropologue a appelés les "Grecs du Nouveau Monde" : dégradation de l'environnement, épuisement des sols, modification du climat, contestation du pouvoir politique, guerres intestines. Des travaux, publiés dans le magazine scientifique Nature par trois chercheurs américains, apportent un argument de poids au scénario climatique.

David Hodell, Jason Curtis et Mark Brenner, à Gainesville (Floride) ont découvert, en effet, qu'une sécheresse prolongée est advenue entre l'an 800 et l'an 1000, au moment où débutait le déclin maya. Partant de l'hypothèse qu'une sécheresse provoque une évaporation importante qui, à son tour, se traduit, dans les sédiments, par une variation de la composition isotopique de l'oxygène et une augmentation de la proportion de gypse par rapport à la calcite, les trois hommes ont analysé une "carotte" de 4,9 mètres de profondeur prélevée dans les sédiments du lac Chichancanab ("petite mer" en maya), au centre de la péninsule du Yucatan, au Mexique.

Ils ont pu constater que, au cours des 8000 ans représentés sur cette carotte (de 6000 ans avant J.-C. à nos jours), le climat de la région était resté relativement stable et humide pendant 4000 ans, pour s'infléchir vers 1000 ans avant notre ère, et devenir franchement sec pendant deux siècles, à partir de 800 après J.-C.

Or cette sécheresse a dû avoir des conséquences catastrophiques pour les Mayas, qui pratiquaient l'agriculture intensive, en plus de l'agriculture sur brûlis. Leur savoir-faire dans ce domaine, leur capacité à faire des cultures en terrasses, drainer des marais et creuser des canaux d'irrigation leur a donc permis d'assurer l'approvisionnement des populations importantes de leurs villes, très peuplées à la fin de la période classique. Dès lors, le manque d'eau n'a pu que rompre gravement ce fragile équilibre.

                                                                            C. G.