04/01/2015
Lettres à Gaëlle X
X
Torsades que filent les doigts
lions dragons et oiseaux
jaspe rouge aux yeux clos
j'écoute la nuit
graver ses premières voyelles
l'épuisette à papillons
dormir dans la chambre haute
et l'image du roitelet frémir sur le luminaire
du grand portail de pierre rousse
De forme en forme
une lumière caravagesque dépose
sur la machinerie des mains du cou
ses tissus soyeux
Mieux vaut-il un poème
au parfum doux de pomme mûre
que l'étoffe exotique
à taches de couleurs vives
ou bien encore
avec la mousse délivrée des premiers mots
les flammes plus lumineuses
dans l'âtre où brûle un bois si rouge
qu'on le dirait pétales de bougainvillée
rêve de pluie sur le blé en herbe
carnations limoneuses chimères
sur la rétine gravée des Indes
Le noir est-il plus clair
que le commun de l'eau
plus vif que le souffle
de deux trains qui se croisent
le froid cinglant et la chaleur subite
roulant dans les oreilles
puis laissant le désert
Daniel Martinez
12:00 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2015
De Fabrice Cavaraca au "Monde des contes"
Comme dans la vie à l'envers, cela fait penser aux réveils. La peur de se réveiller, seul corps posé ici-bas.
Il n'y a rien à dire, personne à qui parler avec les mots d'une autre époque. Celle du sable et des déserts. Des océans infinis et du coeur triste. On a mangé. Le sable raye l'émail des dents. La sérénité n'est plus. On a plongé. Du temps a passé. Comment redonner de l'éclat. Il faut creuser au plus profond du coeur rouge de l'homme et de la bête. Avec les dents, avec les griffes, la main et les doigts. Il faut manger le coeur palpitant de l'homme et de la bête et il faut manger la terre et la boue de la terre. Il faut croire.
Fabrice Caravaca
in Un corps contre la terre, éd. des Vanneaux 2010
* *
Le monde des contes
Aussi, ce que nomment les signes du monde – qui nous sont monde de signes, me replongent-ils dans mon enfance, dans un temps que le temps n’a pas touché, ou presque. Là, dans la relative pénombre de la bibliothèque paternelle, deux livres prenaient place qui plus tard devaient donner couleur à mes mots, depuis l’île où ma famille et moi vivions, aux confins du Sahel.
En premier lieu, les Contes de cristal, édités tout juste un an avant ma naissance, livre que l’on m’avait offert. Fort d’une épaisse couverture cartonnée, des peintures de Vanni accompagnaient les textes d’Alice Coléno. De cet album, dont chaque page tournée ouvrait sur un monde à part, les images seules m’en furent d’abord accessibles. Assurément, « La Perle » était le conte qui m’ouvrait les voies de l’intérieur. Ici, dans les eaux du dessous trônaient – parmi les poissons-scies, poissons-coffres et poissons volants – une rutilante méduse, imposante de majesté, dont la traîne embrassait plusieurs degrés de la conscience. Au souffle de la mer battant les rochers de l’île mère, l’écriture, ainsi projetée.
En second lieu, une Anthologie poétique de Jean Cocteau, illustrée par l’auteur, dont les graphismes filiformes, les entrecroisements nébuleux, en queues de paons, fondaient dans l’ovale pisciforme d’un œil, esquissait les pattes d’oie de figures dont la chevelure se défaisait en girandoles. Ces appendices mêmes avaient pouvoir de me faire traverser les âges et me ramenaient insensiblement à la méduse soleil des Contes d’Alice Coléno. La boucle, ainsi bouclée…
Et si le monde des contes n’était que celui d’un retour aux sources de nos émotions premières, une quête sans fin ? Daniel Martinez
21:08 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
Meilleurs voeux pour 2015
Vous dire tout simplement :
"Bonne année à toutes et à tous, et que dame Poésie vous accompagne sur les chemins de la vie, nous vivons une époque que l'on voudrait extraordinaire : à la réflexion, elle ne l'est pas tant que cela, dans ce que l'on pourrait appeler - sans aucun import guerrier il va sans dire - ses dommages collatéraux, plus importants que ses avancées, ses bienfaits ; mais chacune de nos vies l'est, extraordinaire, portée par le désir de créer, de recréer, envers et contre tout, un monde à notre image, celui qui d'abord nous a portés dans son sein, puis nous a laissés seuls perdre le sens de ce qui n'a pas de prix mais régit nos vies. Il est le plus impalpable et le plus prégnant pourtant, il se passe de mots, de ponctuation, de jugements... chacun ayant son approche de ce mot-joyau (de l'ancien français joi : "Joie, Joyau"). Je vous laisse à présent. Avec mes pensées les plus amicales." Daniel Martinez
... à tout à l'heure, pour commencer l'année 2015 avec un poème de Fabrice Caravaca
12:23 Publié dans Clin d'oeil | Lien permanent | Commentaires (0)