12/06/2017
"Chemins d'un monde carré", d'Alain Richer, éditions des Vanneaux, 2009
Evoquer pour vous aujourd'hui un poète de qualité dont la critique ne parle pas trop, malheureusement. Il s'agit d'Alain Richer, né à Angers en 1946 et le livre qui a retenu mon attention s'intitule "Chemins du monde carré", éd. des Vanneaux, coll. L'Ombellie, il a vu le jour en juin 2009, imprimé à 300 exemplaires.
Je vous laisse découvrir le pourquoi de ce titre étonnant, en achetant le livre naturellement. En quatrième de couverture, Serge Wellens qualifie la voix de Richer de "neuve, sensible à l'extrême, inventive avec bonheur". Lisons-le plutôt :
Saint-Gervais
N'être que neige dormante au bois
où l'araignée tisserait un lin blanc
descendre au plus cendreux de la cave
d'où le père tirerait le charbon
pour une fuite une fois encore
au pied du promontoire
l'image immaculée du Mont
blanchi de trains de nuit
aux sanglots du lac Vert
à chaque geste celé de vie
je ne voulais que tu t'enlises
que tu te perdes par ma faute
* *
Ousse des bois
Allées venues d'hiver
tachées de baies sauvages
banlieues de vitres sales
aux femmes assises qui pérorent
hommes aux bras ballants
usines qui se font attendre
seins caressés puis délaissés
dans la prison des jours
à travers les fenêtres solitaires
un beau matin de neige
l'enfant sans ailes s'est envolé
au fond du cœur on a dû l'oublier
* *
Landevennec
Dans le soir qui s'incline
la nageuse va et vient
au ressac des algues
sous les grands chênes sonores
les anciens marins vont par deux
le vent engrange la lumière
quand sort la barque du chenal
un ciel infime traverse le chemin des eaux
on y a vu tant d'hommes et de femmes en liesse
partir dans l'harmonie sombre de la mer
sous l'ardoise en lumière
ils nagent encore à l'ombre lacérée du jour
* *
Méjean
Les faneuses lèvent les foins sur les avens
le soir on mange à l'air doux
un pain de seigle sur la table
les cœurs naviguent à la cuisine
derrière le piétinement des brebis
il y a nos pas écrits sur le sable
à la volée on range les bûches de l'hiver
une première étoile brille au-dessus du jardin
dans la demeure qui travaille
la vie tout près de mordre
égrène les miettes de l'été
Alain Richer
22:42 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
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