18/07/2014
De Diérèse opus 63 au comte de Lautréamont (1846-1870)
Tout d'abord, des nouvelles du nouveau Diérèse, le numéro 63. La maquette est presque prête ; l'après-midi quasi caniculaire m'a incité à "tracer" comme l'on dit en ski, et à éviter plus que tout l'endormissement – ce qui ne fut pas chose aisée. Voici déjà les deux pages du sommaire, que je vous laisse découvrir. C'est l'occasion de remercier ici Isabelle Lévesque pour son aide précieuse à la confection de cette livraison, étoffée pour le moins et qui ne manquera pas de susciter des commentaires. Mais de grâce, patientez encore pour l'impression proprement dite de ce numéro. Merci pour votre attention.
Les Chants de Maldoror
Vous n'êtes pas sans savoir que Genonceaux, l'éditeur d'Isidore Ducasse (comte de Lautréamont), suspendit la première édition des "Chants de Maldoror", effrayé sans doute par le caractère sulfureux de l'ouvrage. Ce ne fut qu'à la deuxième édition, tirée à seulement 150 exemplaires, que le fameux comte de Lautréamont gagna certaine notoriété. C'est l'édition de 1890 qui fit monter Léon Bloy sur ses grands chevaux et provoqua sa tonitruante réplique dans "Le Cabanon de Prométhée", plus tard incluse dans Belluaires et porchers (1905). Mais elle est aussi, ne l'oublions pas, l'édition "pataphysique" de référence, celle que Jarry avait sous les yeux quand il écrivait son inénarrable "Faustroll"... Lecture qu'affectionneront de même, comme il vous a déjà été dit (voir note blog du 8/6), Henri Michaux et Marie-Louise Termet qui, "le soir, se lisaient à voix haute Lautréamont".
Cette seconde édition est illustrée en frontispice d'une gravure macabre de José Roy, avec un fac-similé, et une préface de l'éditeur. Le plus étonnant pour nous, ce sont les efforts de Genonceaux, dans cette préface, pour prouver qu'Isidore Ducasse n'était pas fou. Léon Bloy venait de dire que l'auteur des CHANTS était mort à l'asile. Genonceaux, donc, fait appel à un graphologue pour analyser l'écriture d'une lettre de Ducasse à son banquier Darasse. Diagnostic : Lautréamont était un logicien de premier ordre. "Mon corps fera une apparition devant la porte de votre banque" écrit Isidore à son banquier. On ne sait pas assez que ce dernier habitait au 5 rue de Lille, dans le 7e arrondissement de Paris, c'est-à-dire précisément là où, un siècle plus tard, officiera Lacan, qui nous apprend que : "Le style c'est [...] l'homme à qui l'on s'adresse" (sic). Une plaque, selon moi, désormais, s'impose : "Lautréamont, en 1870, venait retirer son argent ici." Allez-y voir, si vous ne voulez pas me croire.
Daniel Martinez
21:52 Publié dans Auteurs, Revue | Lien permanent | Commentaires (0)
12/07/2014
Au sommaire des "Carnets de Gilbert", dernière mouture :
– Carnets de Gilbert (1929-1944)
– Carnets d'un Personnage (1944-1960)
– Qui parle ? (1960-1964)
– J'écoute (1965)
Pour accompagner, tout d'abord une page extraite du premier ensemble :
"Derrière l'amour, derrière l'orgueil, derrière l'intérêt, le secret moteur de nos actions, c'est le désir d'être en paix, le goût du néant, qu'un homme apporte en naissant, et qui ne fera que croître jusque-là qu'il soit comblé pour toujours. Je hais cela, que toute ma vie peut-être (je le crois du moins) s'est passée à fuir. Mais comme je le comprends !
Nous portons notre vie comme une monstruosité, et n'avons de cesse que nous ne l'ayons oubliée. Seigneur, dissipez tout ce qui nous empêche de dormir : le bruit du sang, la vue des choses, et les tenaces étoiles – celles-là surtout qui nous guettent par-delà les tombes."
Et puis, pour compléter, deux pages extraites de "Qui parle ?" :
"Mais il y a les instants de grâce, toujours imprévus. Je me suis trouvé sur la côte, ce matin, à l'heure où la marée d'équinoxe dénudait autour de l'île une immense étendue rocheuse. Dans les trous, entre les sombres lueurs des varechs : de minces miroirs, d'un bleu d'argent, si purs que j'en étais ébloui. Mais plus loin, c'était le bleu apaisé des grandes eaux ; à l'horizon, la vague blondeur du continent ; blond aussi, le ciel sur ses bords, mais passant, à mesure qu'il montait, par d'imperceptibles dégradations, jusqu'à un bleu souverain, de sorte qu'il unissait tout, que toutes choses semblaient formées d'un même élément, et que je ne voyais plus qu'un seul et merveilleux visage. Je m'y suis offert, je l'ai reçu en moi, aucun de ses traits qui ne me fût une atteinte, mais la plus douce, et je ne savais qui remercier de ce don.
J'en ai remercié, faute de mieux, le destin qui a fait de moi cette façon d'homme, ce vivant qui ne sait pas vivre, qui s'est partout déchiré, mais en qui la grâce, quand elle vient, épouse exactement les meurtrissures."
Marcel Arland
14:50 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
01/07/2014
Quelques jours de repos...
Chères et chers,
Je vais à présent me consacrer à la mise en pages de Diérèse opus 63, et donc le blog ne sera alimenté si je puis dire qu'occasionnellement jusqu'au 20 juillet. Je n'oublierai pas de vous remercier à cette occasion pour votre fidélité (vous avez été entre 53 et 80 à suivre quotidiennement ces notes tout au loin du mois de juin). Ce blog, bien lancé à présent, ne ressemblera pas à ceux de mes confrères - pas plus qu'il n'a la vocation d'un site stricto sensu - confrères que dans la foulée je remercie de l'intérêt porté au numéro 62 qui réunissait, entre autres, des pages inédites de Silvia Baron Supervielle, Richard Rognet, Emmanuel Moses, Pierre Bergounioux, Jean-Pierre Chambon, Claude Dourguin... (voir note du 15/4/14)
Plus bas, la page de garde du numéro 63 en préparation. L'ami Bernard Noël, fidèle d'entre les fidèles de la revue, ouvre donc cette livraison.
Le 21 juillet, vous pourrez lire les traductions annoncées des premiers Sonnets de Shakespeare. N'hésitez pas à en parler autour de vous, vous ferez vivre ainsi cette nouvelle réalisation diérèsienne. A bientôt donc & bonnes vacances à ceux qui en prennent (je n'en suis pas, chut, c'est entre nous).
Daniel Martinez
11:12 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)