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14/04/2016

Diérèse 67

Bonjour à toutes et à tous, merci pour vos messages de soutien, qui me font chaud au coeur ! J'aurais aimé, vous l'imaginez bien, que le papier utilisé pour la confection de Diérèse 67 réponde à ce que l'on peut légitimement attendre d'un atelier d'impression numérique qui se respecte...

Hélas, on dit que "c'est le cordonnier le plus mal chaussé" et le dicton se vérifie. Les épreuves, non reliées, que j'ai validées, ne me laissaient pas prévoir que : la main du papier était insuffisante pour la bonne tenue des pages couleur.

Je vous demanderais donc d'être indulgents pour cette fois, car pareille mésaventure ne se reproduira plus. Peut-être même que l'exergue de cette livraison, signée de Léon-Paul Fargue, était prémonitoire ! : “ Les voiles des vaisseaux gonflaient leurs joues blanches... ”

La couverture à présent, pour l'honneur !

COUV D 67  1.jpg

COUV D 67   II.jpg

(Ledit "travail" d'impression a été réalisé à La Plaine Saint Denis).

11/04/2016

Diérèse 67

Bonne nouvelle ! Diérèse opus 67 sort aujourd'hui même. Laissez-moi le temps de vous envoyer votre exemplaire et je reviendrai vers vous pour une communication importante, qui regardera l'impression du numéro 68, prévue en septembre prochain.

Merci de rester attentifs, amitiés à partager entre toutes et tous qui êtes fidèles à cette aventure que constitue la publication d'une revue - comme aux nouveaux arrivés**... Daniel Martinez

 

-------------------faites passer je vous prie, merci-----------------

13:55 Publié dans Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0)

06/04/2016

Hommage à Mario Luzi (1914-2005)

Rencontrer le poète et prosateur florentin Mario Luzi, à l'Institut culturel italien, fut pour moi un grand moment, de ceux qui vous marquent, et restent en mémoire. Frêle, fragile presque, mais l'oeil vif et perçant et ce timbre inimitable, cette manière d'emporter dans ses vers plus que les "simples" mots qui donnent vie au poème, la part d'invisible et d'indéfini qui s'y loge pour les sublimer. A l'occasion de la sortie de son livre Pour le baptême de nos fragments, publié à Milan en 1985, traduit de l'italien par Bernard Simeone et Philippe Renard (éditions Flammarion, 1987), le poète s'exprimait ainsi, s'adressant à ses traducteurs :

"Quelle idée de moi désirerais-je susciter chez mes éventuels lecteurs de demain que ceux d'aujourd'hui n'auraient pas perçue ? Il faudrait d'abord que j'en possède une, alors que j'en détiens à la fois plusieurs et aucune ; je veux dire : aucune qui soit fixe et cristallise mon aspect intérieur. Comme pour confirmer la multiplicité et l'instabilité que je perçois en chaque aspect du vivant, mon image aussi se transforme et me semble davantage réfléchie par une eau courante que par un miroir fixe. Le changement, la métamorphose : cela demeure le thème des thèmes de ma poésie, et il est juste que mon autoportrait intime aussi en soit investi, voire rendu impossible. 

Pourtant, je n'ai jamais conçu ce thème comme la simple commémoration élégiaque de ce qui fut perdu : le sentiment de la perte ne me fait pas défaut, il est même en moi dramatique ; toutefois il me semble qu'a prévalu sur lui la fascination d'un douloureux mystère. Plus tard, le sens prophétique de la transformation, avec sa promesse d'une maturation progressive des temps jusqu'au point oméga éblouissant de la totale révélation, a ajouté, plus qu'une certitude, une hypothèse - mais quelle ! - à l'interrogation sur notre destin. Entre ces deux façons de percevoir le thème du changement se situe plus ou moins tout le cours de mon travail. (...)

Drame et énigme, alternés ou mêlés (eux qui sont aussi deux mesures de l'esprit), ils n'ont pas cessé de gouverner ma perception de l'époque : le fascisme, la guerre, l'instabilité remplie de cauchemars de l'après-guerre et d'aujourd'hui.

Drame et énigme, j'essaie d'isoler ces deux mots et d'en faire un couple. J'ignore si je peux vraiment me résumer en lui, mais j'y reconnais certainement beaucoup de moi-même. Le sentiment de la créature, avec sa sensibilité propre, face aux peines et aux offenses, n'est pas moins fort que le jugement éthique et le sens historique de l'injustice. Ceci, je crois, explique pourquoi mon dialogue avec le monde prend des accents tantôt intimement, tantôt ouvertement dramatiques. (...)

J'ai opposé - et peut-être est-ce là une nécessité arbitraire de mon évolution intérieure - à un christianisme pascalien un autre plus apostolique et prophétique. J'ai aussi opposé, au sein de la tradition poétique italienne, à l'esprit issu de Pétrarque, univoque et spéculaire, qui a prédominé à travers les siècles, une invention de type dantesque, plus multiforme et magmatique, qui fait naître de l'intérieur des circonstances, de leur contraste et de leur évolution, la possibilité de la contemplation.

Peut-être cette antinomie aussi est-elle arbitraire et correspond-elle plus à l'apparence qu'à la vérité. Tout se recompose peut-être dans le grand fleuve de notre langue italienne et notre idéation particulière : ce fleuve nomme les choses portées par les époques, cherche et rompt continuellement (mais avec de grandes stagnations) la splendeur de la cristallisation. D'une certaine façon, je suis inclus moi aussi dans ce courant."

                                                                              Mario Luzi

Extrait de le Silence, la Voix, dans un entretien qui eut lieu en 1984, traduit par Philippe Renard et Bernard Simeone.