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05/07/2018

Georges-Emmanuel Clancier nous a quittés

Le doyen de nos poètes, Georges-Emmanuel Clancier, nous a quittés : ma tristesse profonde, il va sans dire, à l'annonce de cette mauvaise nouvelle. Il a participé au numéro d'hommage de Diérèse à Jean Rousselot (trente-quatrième livraison). Chaque fois que meurt un poète, c'est un peu de l'âme du monde qui s'envole... parmi les égarés que nous sommes, pris dans les affres d'une existence dont nous ne maîtrisons ni le début, ni la fin (sauf pour ceux qui ont décidé d'abréger leurs jours). Le poète sublime le vécu, j'entends les poètes authentiques comme le fut Georges-Emmanuel (pas les nouveaux rejetons subventionnés par les actants dits "culturels"). Paix à son âme et que vive la poésie, envers et contre tout. Amitiés partagées, Daniel Martinez

Merci de diffuser ce message, le plus largement possible. DM

11:32 Publié dans Hommage | Lien permanent | Commentaires (0)

04/07/2018

"Pour mon père", de Tatiana Tolstoï, éditions Allia, 124 p., 6,10€

Si tant est que la mémoire aime chasser dans le noir, voici aujourd'hui une note de lecture comme je les aime, limpide, poignante et de la plus belle eau, voyez : 

Des neuf enfants que comptait la famille Tolstoï, Tatiana n'était sans doute pas celle qui ressemblait le plus à son père. Ni ce désir inépuisable de "se dévouer à quelque chose et à quelqu'un", ni même la couleur des yeux paternels – "bleu profond, chercheurs et lumineux" - ne lui étaient venus en héritage à elle, mais à sa jeune sœur Macha et au petit Vania, le dernier-né, mort de la scarlatine à l'âge de 7 ans. Seulement, Tatiana était l'aînée des filles de Léon Tolstoï. Et c'est en cette seule "qualité" qu'elle revendiqua d'écrire pour "défendre la vérité" sur ses parents, pour tenter de rectifier les interprétations erronées de faits exacts.

Le résultat ? Un petit texte passionnant publié par les éditions Allia, 88 ans après sa première parution dans un numéro spécial de la revue Europe. Rédigé dans un français très pur, Sur mon père n'intéresse pas seulement par les informations fournies sur l'auteur de Guerre et Paix. Il pose aussi, implicitement et sans aucun narcissisme, la question brûlante du lien entre écriture et vérité.

Tatiana ne prend visiblement pas la plume pour produire un texte littéraire. Ni par tradition familiale, tant s'en faut. Dans une courte préface, elle explique à quel point on lui a souvent reproché de n'avoir pas "protesté contre les impostures, les plagiats, les contrefaçons, les calomnies qui de temps en temps paraissaient et paraissent encore dans la presse du monde entier", associés au nom de Léon Tolstoï. A tout cela, dit-elle, Tatiana n'a jamais répondu  autrement que par un silence de marbre. Mais le personnage radical de Léon Tolstoï, qui se défit de ses biens (y compris des revenus de ses livres, qu'il fit tomber dans le domaine public à partir de 1880) par aversion pour toute forme de propriété, puis par négation de la notion même d’État, devait évidemment déchaîner les commentaires. D'autant que sa femme, avec laquelle il entretenait des relations pleines d'amour et d'une immense douleur, peinait à le suivre sur des chemins aussi pierreux (au point que Tolstoï finit par s'éloigner pour agoniser loin du domicile conjugal, prononçant le mot "fuir" dans la fièvre qui précéda sa mort).

Quand les divagations prirent un cours plus impétueux, pourtant, quand elles émanèrent d'anciens amis, la fille de l'écrivain n'y tint plus. Le plus grave, explique-t-elle en dénonçant leur attitude, est d'aligner des faits vrais pour en tirer des conclusions fausses. Aussi le devoir lui commandait-il de sortir de sa réserve, dans le souci d'établir la vérité. "Serge ! J'aime la vérité... beaucoup... j'aime la vérité." Telles sont, d'après Tatiana, les dernières paroles de son père, adressées à l'aîné de ses enfants. La Vérité, ce père extraordinaire en avait fait le "héros" de son œuvre.

La fille, de son côté, tend de toutes ses forces vers l'authenticité, "douloureux devoir". Y parvient-elle ? La question, finalement, n'est pas aussi cruciale qu'il y paraît. Le regard posé par un enfant sur ses parents n'a jamais qu'une valeur de témoignage, à la fois plus proche et plus empreint d'émotion que celui de quiconque. Même lorsque le narrateur s'efforce à l'objectivité, comme le fait Tatiana Tolstoï vis-à-vis de sa mère. La recherche d'une vérité profonde, en revanche, est un moteur puissant de la littérature, quels que soient les détours employés pour l'atteindre. Et c'est cela, certainement, qui fait de ce livre beaucoup plus qu'un simple et pieux récit familial.

 Raphaëlle Rérolle

22:17 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

02/07/2018

A livre ouvert

La fluidité initiale des mots qui composent un livre est un peu à l'image de la vie, forts de ce flux nourricier ils en gardent l'empreinte. Le monde continue de parler à travers eux, figés qu'ils paraissent sur les pages blanches. Porteurs de lumière et de mystère, l'auteur leur a donné leur chance : elle persiste, au-delà du corps étranger qu'ils génèrent, ces mots, car ils ont été, pour le meilleur, les nôtres. DM