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03/11/2018

L'écrivain et plasticien Jacques Audiberti (1899-1965)

Qui se rappelle des débuts quelque peu laborieux de Jacques Audiberti, un baroque de la plus belle eau, avec l'édition à compte d'auteur de son premier recueil de poésie - là, de facture classique - chez un éditeur confidentiel, j'ai nommé "L'Empire et la Trappe" (1929), livre qui sera remarqué par Jean Paulhan et Valéry Larbaud ?... Et pourtant, c'est bien lui qui écrira "Le Maître de Milan" que vous pouvez découvrir ou bien relire chez Gallimard, coll. L'Imaginaire : l'un de ses meilleurs titres.
J'ai choisi aujourd'hui de vous présenter une spectaculaire composition de son cru, signée et datée "Audiberti 49" (gouache, aquarelle, encre de Chine et fusain, 62,5 x 48 cm), encore inédite puisqu'issue d'une collection particulière. C'est l'une des œuvres les plus ambitieuses d'Audiberti (la seule de ce format, en fait), dans laquelle un personnage masculin en son plus simple appareil, les bras dressés, une traîne de flammes lui sommant le crâne, se trouve pris au centre d'un groupe de femmes aux traits grotesques qui, agenouillées, cherchent à l'attirer et le griffent jusqu'au sang. Ulysse et les sirènes, ou "simple" vision cauchemardesque ?, on ne saurait trop dire.

Dans "Talent", éd. Egloff (1947), que vous pourrez plus aisément lire ces temps-ci aux éditions L'Arbre vengeur (2006), Jacques Audiberti, qui a su refuser sa vie durant toutes les chapelles, écrivait : "J'étais le myriadaire, le colossal grouillement des identités et des multitudes depuis le commencement, tant de bras, tant de cœurs, tant de pieds, tant de mots."

S'adonnant au dessin et à la peinture, il a laissé des autoportraits, des caricatures et des personnages chimériques. Audiberti illustra un de ses propres ouvrages, "La Fin du monde" (1944) et bénéficia de plusieurs expositions en galeries. DM

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08:31 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

02/11/2018

Pascal Ruga : l'acte d'écrire

A quoi bon s'arrêter d'écrire, on n'en dira jamais assez de tout ce tremblement, que ce soit du feu ou de ses cendres, sans compter l'infinité des autres choses. Rien n'est à cacher, le spectacle nous appelle sans cesse. Les morts et les vivants s'essayent aux pointes sur une corde tendue entre l'être et le non-être. Sur la place publique s'émiettent les mille et une tentatives de vouloir s'en sortir. Les océans retiennent à peine leurs vagues sur ce grain de sable que nous tournons en tous sens, granit désabusé qui ne sait trop que faire de toutes ces aventures où se relient les espaces dans la topographie des mondes éclatés, monde dont nous ne sommes plus que le revers d'une pièce où s'expose encore malicieusement l'histoire d'un portrait, le nôtre, le plus souvent. Et de jouer avec lui nous fait le témoin de ce qui passe, inlassablement passe.
Immergeons-nous en cette immensité des choses dont parfois la lumière nous aveugle, mais nous n'avons pas à sauvegarder quoi que ce soit. Participons à l'innocence de ce qui nous entoure, laissons le mystère nous guider vers l'inconnu. Nous le savons, ce ne sont que des mots, mais de le savoir fait déjà que nous sommes en mesure de les dépasser. Le silence se cultive.


Pascal Ruga, in Plain-chant de minuit, éd. Lettres vives, 1989 

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01/11/2018

Huitième élégie : En pays muet

Les mots passent aussi
avec ce livre qui s'efface
dans son écriture même
tandis que le vent de mer balaie
des éclats diamantés
avec la riche alliance des roches nues
parmi l'écume parmi tes mains


Elles plongent pour évincer qui
ne saurait voir les images
aller et venir dans le Texte
retrouvé là en pays muet
que je veuille en ôter l'ombre
Il se remet à me parler
en étincelles d'eau


Rien n'arrête vraiment
ce mouvement continu
du dedans au dehors
la présence bleutée l'apesanteur
et les révolutions sans prise
la permanence des Vanités
traversées de sursauts immobiles


Le sable à présent nous piquait la peau
jusqu'au sang c'était au large de l'île
c'était hier comme aujourd'hui

et tout cet infini de blanc
qui se renverse
avec le bruit mat un peu lointain
d'une embarcation coupée au fil
du temps il fut le mien


Il fut le nôtre frotté de doutes
et de vouloir mêlés
resté fidèle au frémissement
qui ce soir pendant que la pluie étire
un essaim d'instants
ruisselle dans l'Ouvert


Daniel Martinez
1er novembre 2018

19:46 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)