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07/06/2021

"Dans le vent pourpre", de Philippe Mathy, éditions L'herbe qui tremble, printemps 2021, 130 pages, 16 €

                 Les sanglots retenus sont ma seule arme
                 contre le vent qui secoue sur le mur
                 les ombres de nos vies. O la lumière
                 agenouillée tranquille entre nos ombres.

                                           Jean Grosjean

 

1

Simple douceur


Soucieuse d'ascension
une coccinelle avance sur la main


Léger chatouillis


Tout en haut du doigt
elle regarde le bleu d'un ciel
trop lointain


Elle ouvre les ailes
veut rejoindre
une branche      une fleur
peut-être un brin d'herbe
qu'importe
pourvu qu'on lui tende la main


2

Murs gris de métal ou de béton
murs barbelés de sang
je ne vous prêterai pas mes lèvres


L'infini parle la langue du rossignol
Seul le bleu du ciel
peut le comprendre


Je préfère lui confier ma voix
au risque du naufrage


3

Terre amarrée
à la mouvance des rivières
pour secouer - peut-être -
la cendre de nos yeux
ranimer les cris
de mouettes ou de goélands
jaillis d'un océan
où trop vite
a sombré notre enfance.


Terre échappée
au regard des vautours
vivante encore d'oiseaux chanteurs
pour dessiner note à note
sur les rondeurs des collines
les formes claires de l'amour

Philippe Mathy

16:30 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

05/06/2021

"Notes du ravin", de Philippe Jaccottet, éditions Fata Morgana, mai 2001, 64 pages, 1000 exemplaires

Le don, inattendu, d'un arbre éclairé par le soleil bas de la fin de l'automne ; comme quand une bougie est allumée dans une chambre qui s'assombrit.

Pages, paroles cédées au vent, dorées elles aussi par la lumière du soir. Même si les a écrites une main tavelée.

Violettes au ras du sol : "ce n'était que cela", "rien de plus" ; une sorte d'aumône, mais sans condescendance, une sorte d'offrande, mais hors rituel et sans pathétique.
Je ne me suis pas agenouillé, ce jour-là, dans un geste de révérence, une attitude de prière ; simplement pour désherber. Alors, j'ai trouvé cette tache d'eau mauve, et sans même que j'en reçoive le parfum, qui d'autres fois m'avait fait franchir tant d'années. C'est comme si, un instant de ce printemps-là, j'avais été changé : empêché de mourir.

Il faut désembuer, désencombrer, par pure amitié, au mieux : par amour. Cela se peut encore, quelquefois. A défaut de rien comprendre, et de pouvoir plus.

A la lumière de novembre, à celle qui fait le moins d'ombre et qu'on franchit sans hésiter, d'un bond de l'œil.


Philippe Jaccottet

21:18 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

04/06/2021

"Quiétude de l'été"

Il passe sans penser le temps
sur nos ombres portées
à travers maux et vaux
quand le Vaste
jette son dévolu
          par les croisées

et grave un juillet bleu
à même la profonde
quiétude de l'été

       où croît la ronce
    cillée de brises
le tourment des rosiers
au sablier des courtes nuits

Sous l'ample manteau du jour
les prunelliers ont tressé
la nouvelle donne des Parques
couronne blanche et rose
la destinée virevolte

          tu t'assieds là parmi
les traces des esprits
fredonnes un bonheur sans histoires
qui les connaît toutes

          une menue monnaie verte
entre tes mains chuinte
dans le fond de tes veines
l'aporie du réel


Daniel Martinez