20/07/2019
En exergue du numéro 77
"La poésie naît de l’échec de la prose à tout dire" :
Dominique Grandmont
La nuit s’est retirée sans rien prescrire
comme un charroi dont s’est éteint l’écho.
Le soleil monte effleurer les coteaux
avec ses mains de matinée timide.
Le vent court comme un fou le long du bois
parmi les papillons qu’il laisse en berne.
L’oiseau qui s’est envolé de guingois
heurte un nuage au détour des luzernes.
Ainsi le jour se réveille et s’affaire
avec l’entrain des grands velléitaires
à rétrécir les ombres qu’il déploie.
Jean Grosjean
09:07 Publié dans Diérèse 77 | Lien permanent | Commentaires (0)
Éric Barbier sera des nôtres in Diérèse 77
Oiseaux de passage
Voilà un héritage de son père cette petite maison aux volets rouges et aux murs blanchis à la chaux où il revient pour de courts séjours de brèves vacances d’ailleurs la ville semble se rapprocher chaque année davantage mais aussi voilà l’automne et trop vite l’hiver reprendra ce village. Là descendu de sa voiture pour en ouvrir le portail comme à chaque fois après tant d’années quand même il en examine l’ensemble portes et volets sont normalement fermés la végétation partout progresse l’intrigue alors cette agréable odeur de feu de bois cette honnête fumée qui s’échappe d’une cheminée qu’il serait prudent de faire ramoner. En s’approchant de la porte il peut entendre deux personnes, un homme et une femme sûrement, converser dans un dialecte dont il sait l’usage presque entièrement perdu. De nos jours...
Éric Barbier
04:59 Publié dans Diérèse 77 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/07/2019
Pas à pas, sur le chemin de Diérèse 77 : avec pour commencer des traductions inédites de prosèmes de Katherine Mansfield, transposés par Lionel-Edouard Martin
Les poèmes en prose de Katherine Mansfield (1888-1923) sont à l'évidence de remarquables compositions qui échappent à toutes les modes langagières de nos jours. Quintessence de l’œuvre de cette auteure, enterrée en Seine-et-Marne, au cimetière d'Avon, pas si loin que cela du siège de Diérèse. Écoutez plutôt :
Aux jardins botaniques
... Surplombant la haie une longue rangée de choux-palmistes. J’y porte le regard et tout-à-coup la haie verte est une portée musicale et les choux palmistes, tantôt hauts, tantôt bas, sont devenus un agencement de notes – une mélodie bizarre, psalmodiante, indigène.
Dans l’enceinte, les fleurs printanières sont presque trop belles – une superbe étendue de primevères qu’on croirait d’écume. M’y penchant : l’air qu’elles parfument a la lourdeur et le sucré du foin, du lait bourru et des baisers d’enfants ; et, plus loin, la merveille lumineuse, ensoleillée, d’un carillon de jonquilles.
Devant moi deux superbes touffes de rhododendrons. Sur fond de sombres, larges feuilles, les fleurs telles des flammes s’érigent en tremblant dans l’air coi, la coupe rose perle d’un magnolia pend délicate au rameau gris.
Partout ce sont bouquets de pensées bleu porcelaine de Chine, brumes de myosotis, écheveaux d’anémones...
Katherine Mansfield
photographie de Guomei Chen
20:19 Publié dans Diérèse 77 | Lien permanent | Commentaires (0)