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27/07/2019

Douzième "Tombeau des poètes" par Etienne Ruhaud, avec celui de Paul Eluard (pour Diérèse 77)

De son vrai nom Eugène Grindel (Éluard étant le patronyme de sa grand-mère Félicie), le futur poète naît le 14 décembre 1895 à Saint-Denis. Son père, qui ouvrira un bureau d’agence immobilière, travaille alors comme comptable, quand sa mère est couturière. Tuberculeux, le jeune Eugène interrompt ses études après le brevet, en 1912, et part se soigner dans un sanatorium suisse, près de Davos. En 1913 paraît un recueil intitulé Premiers poèmes. Plusieurs textes paraissent également dans "la Revue des Œuvres nouvelles". Toujours hospitalisé, le jeune auteur rencontre la Russe Héléna Diakonova, elle aussi malade. Vivement impressionné par la personnalité, la culture et l’audace d’Héléna, surnommée Gala, il compose de nombreux vers amoureux. Ensemble, les deux amants lisent intensément Nerval, Apollinaire, Lautréamont et Baudelaire. De retour à Paris, Paul Éluard se lie avec l’ouvrier-relieur, bibliophile et anarchiste Alphonse-Jules Gonon (1877-1946), dit Savanoli. C’est le début d’une longue amitié avec un original, poursuivi par la police pour avoir défendu le principe de la fausse monnaie, conçue pour détruire la société bourgeoise.

La guerre, l’amour, Dada…

Mobilisé comme infirmier militaire, puis dans l’infanterie, Éluard est traumatisé par la guerre, Ayant atteint sa majorité (vingt-et-un ans à l’époque) fin 1916, il épouse Gala le 21 février 1917 et quitte le front en mars, après avoir contracté une bronchite aigüe. Leur enfant naît l’année suivante, le 11 mai 1918 pour être exact : "J’ai assisté à l’arrivée au monde, très simplement, d’une belle petite fille, Cécile, ma fille", écrit-il à un ami.
Alors que la victoire est proclamée, Éluard publie ses Poèmes pour la paix. La découverte de Dada est pour lui une véritable révélation. Parallèlement, le poète devient l’intime d’André Breton, et publie dans "Littérature" dès 1919. En février 1920, il fonde "Proverbe", sa propre revue, tout en participant aux activités du groupe fondé par Tristan Tzara. Il assiste également à la première de Locus solus, pièce de Raymond Roussel abondamment huée par le public, le 8 décembre 1922, au théâtre Antoine, en compagnie de ceux qu’on commence à appeler les surréalistes. Le 6 juillet 1923, au théâtre Michel, avec Aragon, Breton, et Péret, il perturbe violemment la représentation du Cœur à gaz de Tzara, avec lequel il a rompu....


Etienne Ruhaud

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tombe de Paul Eluard (photo d'Etienne Ruhaud)

Jacques Lucchesi nous accompagnera dans le n°77 de Diérèse

Notes sur l’ombre

 Dans quelle mesure l’ombre participe t’elle à la construction de notre identité ? Tout comme ils font  l’expérience de la reconnaissance faciale dans le miroir, les enfants observent assez vite ce sombre  double d’eux-mêmes que le soleil attache à leurs pas et qu’il étire ou raccourcit selon les heures de la journée. Souvent ils s’en étonnent, parfois ils s’en amusent  jusqu’à créer d’autres formes que la leur au moyen d’une simple lampe. L’invention du cinéma doit beaucoup à ces jeux de mains spontanés que l’on pratiquait en famille pour égayer les soirées d’antan, dans une tranquille ignorance des lois de la physique. Car le but recherché était tout sauf scientifique. Cela ne coûtait que la flamme de la chandelle et les plus habiles s’entendaient à faire surgir des merveilles avec leurs doigts.

Mais l’ombre n’est pas que ce phénomène – fascinant - de diffraction de la lumière. Elle est aussi un substantif dont la richesse sémantique n’en finit pas d’irriguer notre culture littéraire et philosophique. Platon en fit l’élément ambiant – sinon la condition -  de sa célèbre allégorie de la Caverne. Tandis que les mythes grecs, après ceux des Babyloniens, reléguaient l’ombre au royaume des morts – l’Hadès -, voire aux forges d’Héphaïstos, dans les profondeurs de la terre à jamais privées de la lumière diurne. La Bible devait, elle aussi, perpétuer cette dichotomie en lui adjoignant une dimension morale. Ainsi, tout ce qui était désigné comme ombreux ne pouvait que participer des forces du Mal.


Jacques Lucchesi

Pas à pas dans la composition du numéro 77 de Diérèse : quelques lignes d'un roman, de Michel Passelergue

ERWARTUNG
(Un roman pour Ophélie, scène 3)


Un roman, disais-tu ? Oui. Ce serait entre les mots et dans leurs failles, dans leurs silences, le mouvement d'une main allant de mémoire. Déposée sur chaque page, toute l'écume du temps. Une rumeur venue de l'ombre, des remous dans l'indicible. J'écrirai donc, sous la lampe de minuit, mille feuillets d'oubli pour des strophes aux ailes blessées mais éblouies. Autant de déchirures au plus vif de l'attente. Je découvrirai peut-être, me remémorant nos très lointaines fêtes à l'abandon, vos lettres perdues et, mêlés aux poèmes, à leurs liasses froissées, quelques secrets à cueillir sur l'oreiller, à l'aube...


Michel Passelergue

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le détroit des deux siciles, photo d'Olivier Massé