31/08/2021
Gustave Flaubert, vendredi (soir) 26 août 1853, 11 heures
A Louise Colet,
Trouville
[...] Quelle bosse de travail je vais me donner une fois rentré ! Cette vacance ne m'aura pas été inutile ; elle m'a rafraîchi. Depuis deux ans, je n'avais guère pris l'air ; j'en avais besoin. Et puis je me suis un peu retrempé dans la contemplation des flots, de l'herbe et du feuillage. Écrivains que nous sommes et toujours courbés sur l'Art, nous n'avons guère avec la nature que des communications imaginatives. Il faut quelquefois regarder la lune ou le soleil en face. La sève des arbres vous entre au cœur par les longs regards stupides que l'on tient sur eux. Comme les moutons qui broutent du thym parmi les prés ont ensuite la chair plus savoureuse, quelque chose des saveurs de la nature doit pénétrer notre esprit s'il s'est bien roulé sur elle. Voilà seulement huit jours, tout au plus, que je commence à être tranquille et à savourer avec simplicité les spectacles que je vois. Au commencement j'étais ahuri ; puis j'ai été triste, je m'ennuyais. A peine si je m'y fais qu'il faut partir. Je marche beaucoup, je m'éreinte avec délices. Moi qui ne peux souffrir la pluie j'ai été tantôt trempé jusqu'aux os, sans presque m'en apercevoir. Et quand je m'en irai d'ici, je serai chagrin. C'est toujours la même histoire ! Oui, je commence à être débarrassé de moi et de mes souvenirs. Les joncs, qui le soir fouettent mes souliers en passant sur la dune, m'amusent plus que mes songeries (je suis aussi loin de la Bovary que si je n'en avais écrit de ma vie une ligne).
Je me suis ici beaucoup résumé et voilà la conclusion de ces quatre semaines fainéantes : adieu, c'est-à-dire adieu et pour toujours au personnel, à l'intime, au relatif. Le vieux projet que j'avais d'écrire plus tard mes mémoires m'a quitté. Rien de ce qui est de ma personne ne me tente. Les attachements de la jeunesse (si beaux que puisse les faire la perspective du souvenir, et entrevus même d'avance sous les feux de Bengale du style) ne me semblent plus beaux. Que tout cela soit mort et que rien n'en ressuscite ! A quoi bon ? Un homme n'est pas plus qu'une puce. Nos joies, comme nos douleurs, doivent s'absorber dans notre œuvre. On ne reconnaît pas dans les nuages les gouttes d'eau de la rosée que le soleil y a fait monter ! Evaporez-vous, pluie terrestre, larmes des jours anciens, et formez dans les cieux de gigantesques volutes, toutes pénétrées de soleil.
Je suis dévoré maintenant par un besoin de métamorphoses. Je voudrais écrire tout ce que je vois, non tel qu'il est, mais transfiguré. La narration exacte du fait réel le plus magnifique me serait impossible. Il me faudrait le broder encore.
Les choses que j'ai le mieux senties s'offrent à moi transposées dans d'autres pays et éprouvées par d'autres personnes. Je change ainsi les maisons, les costumes, le ciel, etc. Ah ! qu'il me tarde d'être débarrassé de la Bovary, d'Anubis et de mes trois préfaces* (c'est-à-dire des trois seules fois, qui n'en feront qu'une, où j'écrirai de la critique) ! Que j'ai hâte donc d'avoir fini tout cela pour me lancer à corps perdu dans un sujet vaste et propre. J'ai des prurits d'épopée. Je voudrais de grandes histoires à pic, et peintes du haut en bas. Mon conte oriental me revient par bouffées ; j'en ai des odeurs vagues qui m'arrivent et qui me mettent l'âme en dilatation.
Ne rien écrire et rêver de belles œuvres (comme je fais maintenant) est une charmante chose. Mais comme on paie cher plus tard ces voluptueuses ambitions-là ! Quels enfoncements ! Je devrais être sage (mais rien ne me corrigera). La Bovary, qui aura été pour moi un exercice excellent, me sera peut-être funeste ensuite comme réaction, car j'en aurai pris (ceci est faible et imbécile) un dégoût extrême de sujets à milieu commun. C'est pour cela que j'ai tant de mal à l'écrire, ce livre. Il me faut de grands efforts pour imaginer mes personnages et puis pour les faire parler, car ils me répugnent profondément. Mais quand j'écris quelque chose de mes entrailles, ça va vite. Cependant voilà le péril. Lorsqu'on écrit quelque chose de soi, la phrase peut être bonne par jets (et les esprits lyriques arrivent à l'effet facilement et en suivant leur pente naturelle), mais l'ensemble manque, les répétitions abondent, les redites, les lieux communs, les locutions banales. Quand on écrit au contraire une chose imaginée, comme tout doit alors découler de la conception et que la moindre virgule dépend du plan général, l'attention se bifurque. Il faut à la fois ne pas perdre l'horizon de vue et regarder à ses pieds. Le détail est atroce, surtout lorsqu'on aime le détail comme moi. Les perles composent le collier, mais c'est le fil qui fait le collier. Or, enfiler des perles sans en perdre une seule et toujours tenir son fil de l'autre main, voilà la malice. On s'extasie devant la correspondance de Voltaire. Mais il n'a jamais été capable que de cela, le grand homme ! c'est-à-dire d'exposer son opinion personnelle ; et tout chez lui a été cela. Aussi fut-il pitoyable au théâtre, dans la poésie pure. De roman il en a fait un, lequel est le résumé de toutes ses œuvres, et le meilleur chapitre de Candide est la visite chez le seigneur Pococurante, où Voltaire exprime encore son opinion personnelle sur à peu près tout. Ces quatre pages sont une des merveilles de la prose. Elles étaient la condensation de soixante volumes écrits et d'un demi-siècle d'efforts. Mais j'aurais bien défié Voltaire de faire la description seulement d'un de ces tableaux de Raphaël dont il se moque. Ce qui me semble, à moi, le plus haut dans l'Art (et le plus difficile), ce n'est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d'agir à la façon de la nature, c'est-à-dire de faire rêver. Aussi les très belles œuvres ont ce caractère. Elles sont sereines d'aspect et incompréhensibles. Quand au procédé, elles sont immobiles comme des falaises, houleuses comme l'Océan, pleine de frondaisons, de verdures et de murmures comme des bois, tristes comme le désert, bleues comme le ciel. Homère, Rabelais, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe m'apparaissent impitoyables. Cela est sans fond, infini, multiple. Par de petites ouvertures on aperçoit des précipices ; il y a du noir en bas, du vertige. Et cependant quelque chose de singulièrement doux plane sur l'ensemble ! C'est l'éclat de la lumière, le sourire du soleil, et c'est calme ! c'est calme ! et c'est fort, ça a des fanons comme le bœuf de Leconte.
Quelle pauvre création, par exemple, que Figaro à côté de Sancho ! Comme on se le figure sur son âne, mangeant des oignons crus et talonnant le roussin, tout en causant avec son maître. Comme on voit ces routes d'Espagne, qui ne sont nulle part décrites. Mais Figaro où est-il ? A la Comédie Française. Littérature de société.
Or je crois qu'il faut détester celle-là. Moi je la hais, maintenant. J'aime les œuvres qui sentent la sueur, celles où l'on voit les muscles à travers le linge et qui marchent pieds nus, ce qui est plus difficile que de porter des bottes, lesquelles bottes sont des moules à usage de podagre : on y cache ses ongles tors avec toutes sortes de difformités...
Gustave Flaubert
in "Extraits de la correspondance ou Préface à la vie d'écrivain"
éditions du Seuil, 1963, 304 pages
"L'ouvrage critique, nommé "mes trois préfaces" dont Flaubert a eu le projet, il ne l'a pas écrit. Écrire ces préfaces, c'eût été finalement parler de lui-même. Ce n'était plus un ouvrage, c'était un itinéraire spirituel dont on ne trouve trace que dans la Correspondance qu'il a laissée", adressée à ses amis, mentionnant cette projection mentale toujours différée, pour cause. Geneviève Bollème
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10/05/2021
"Lettres choisies", de Jack Kerouac, traduit de l'américain par Pierre Guglielmina, éd. Gallimard, coll. Du monde entier, 25 mai 2000, 564 pages, 35,50 €
Première partie
Ecrire, Jack Kerouac ne fait que ça à partir de 1940 environ, et sur ses vieilles machines qui toujours l'accompagnent il tape avec le même acharnement romans, poèmes (1) ou ces centaines de lettres qu'il adresse à sa famille, à ses agents littéraires et éditeurs, mais encore plus à ses amis de cœur, ses frères de solitude et de littérature : Sebastian Sampas, le compagnon de jeunesse mort sur le front et à qui, le premier, il confie ses ambitions d'écrivain, puis les Burroughs, Ginsberg, Solomon, Holmes ou Snyder qu'il baptise "beats" pour l'éternité, fondant, dans une même expression énigmatique et fascinante, la douleur de toute une génération brisée et la béatitude d'anges déchus ; Neal Cassady, enfin et surtout, frère de sang et élu de son cœur, correspondant et lecteur privilégié, double indispensable, amant fantasmé avec lequel il partage, pêle-mêle, lectures enflammées, projets d'écriture, virées transcontinentales illuminées par les filles, l'alcool et la drogue, et jusqu'à Carolyn Cassady, patiente épouse de Neal et tendre maîtresse de Jack, point d'ancrage dans les années les plus décousues de la vie des deux hommes, dont les souvenirs toujours émus et déjà nostalgiques ont été publiés en mai 2000 aux éditions Denoël et D'ailleurs sous le titre Sur ma route (traduit par Marianne Véron, 556 p., 25,73 €).
Ces lettres échangées entre Kerouac et ses différents correspondants ont survécu à l'époque chaotique qu'ils traversèrent tous d'abord grâce aux soins de Kerouac lui-même : de façon surprenante pour quelqu'un qui a passé l'essentiel de sa vie "sur la route", égarant régulièrement son sac ou ses manuscrits envoyés aux quatre coins du pays, Kerouac accordait manifestement énormément d'importance à sa correspondance qu'il classait soigneusement, datait et annotait, conservant ses propres brouillons, carbones ou missives jamais envoyées. Ces lettres, en effet, sont indissociables de son travail d'écriture, lui-même inséparable de sa vie qui ne fut finalement qu'une longue quête de mots, un torturant désir d'accorder ses pas impatients au rythme de sa recherche littéraire, comme l'atteste par exemple l'une de ses toutes premières cartes (il a 18 ans) adressée à Sampas, à qui il annonce qu'il "rentre en stop à la maison jeudi, simplement et poétiquement".
Les Lettres choisies ici réunies couvrent la période 1940-1956, c'est-à-dire la période d'avant la sortie de Sur la route (publié en 1957, après des années de tractations et réécritures partielles), période de vaches maigres, d'expérimentations diverses et d'engagements souvent vite abandonnés. On y découvre un jeune Kerouac, romantique en diable, qui désire faire plus que tout l'expérience de la vie, la vraie vie, celle qu'on vécue et écrite ses modèles parmi lesquels Thoreau, Melville, London, Wolfe ou Hemingway.
Ce qu'il veut avant tout, c'est voir du pays et des océans, voyager et travailler à la dure, partager la vie des petites gens - et écrire chaque détail, chaque bruit ("être debout, torse nu, sur le pont à l'aube et écouter les pulsations lentes de l'énorme moteur du navire", écrit-il en évoquant "la romance déchirante" de la Marine marchande), chaque voix entendue ("un manœuvre noir est passé un jour, avec sa pelle, en chantant le plus joli blues que j'aie jamais entendu - et je l'ai suivi à travers le champ, pour l'écouter tout en fumant"), et surtout chaque recoin du paysage américain qu'il entreprend, dès 1947, d'étudier systématiquement : "j'ai commencé une énorme étude de la surface de l'Amérique elle-même, en achetant des cartes (des cartes routières) de chaque Etat des Etats-Unis, et avant peu, pas une rivière ou un sommet de montagne, pas une baie ou une ville n'échappera à ma connaissance." Dans cette même lettre se dessine consciemment son projet qu'il qualifie de "balzacien en envergure" : "Mon sujet en tant qu'écrivain est bien entendu l'Amérique et je dois, c'est simple, tout savoir à ce sujet."
Cette résolution à épuiser le territoire en partageant "le gagne-pain des hommes en Amérique", pourtant, tourne bien vite court, et Kerouac montre rapidement son incapacité à persister dans un quelconque travail ; ses lettres, envoyées des quatre coins du continent, matérialisent cette incapacité à se fixer où que ce soit pour plus de quelques mois, ainsi que son hésitation perpétuelle entre la côte est et la côte ouest, une hésitation qu'il identifie lui-même très tôt, qu'il essaye d'expliquer avant de comprendre que, parce qu'elle le rejette inévitablement sur la route, elle est le moteur même de son écriture : "J'ai pensé que l'éclair paraissait plus intense dans l'est mystique (New York, Allen) et étrangement sauvage dans l'ouest (Frisco, toi)", écrit-il à Neal Cassady à la fin des années 1940, "et j'ai eu le désir d'aller dans les deux directions à la fois".
Sophie Vallas
(1) Signalons la belle parution d'une édition bilingue des poèmes : Book of the Blues, trad. Pierre Guglielmina, Denoël et D'ailleurs éd., 1/9/1995, 284 p., 14,21 €
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"Lettres choisies", de Jack Kerouac, traduit de l'américain par Pierre Guglielmina, éd. Gallimard, coll. Du monde entier, 25 mai 2000, 564 pages, 35,50 €
Seconde partie
L'est, New York, c'est Allen Ginsberg, une certaine recherche esthétique et mystique qui attire Kerouac mais dont l'intellectualisme, l'égocentrisme et le raffinement analytique le fatiguent vite ("Après tout, mon art est pour moi plus important que tout le reste... Plus que tout cet égocentrisme affectif dans lequel vous vous complaisez tous, avec vos interminables analyses de vos vies sexuelles et tout ça") ; l'ouest, San Francisco, c'est Cassady et son style brut, "musculaire" et douloureux, ses "méditations de salles de billard, détails de rues insoutenables, heures de rendez-vous, chambres d'hôtels, situation des bars", ses rares récits envoyés à Kerouac "dans un ordre chronologique désordonné", provoquant l'enthousiasme immodéré de son ami qui s'empresse de les recopier et de les envoyer au reste de la bande ; les textes de Cassady, Kerouac les attend, implorant son ami de persister à écrire, de continuer à lui parler avec cette voix rauque, "crue" dit-il, qui le touche tant et dans laquelle il recherche la sienne : "Ma récente découverte importante et révélation", écrit-il à Cassady après avoir abondamment loué l'écriture de ce dernier et lucidement mesuré les impacts qu'elle a sur la sienne, "c'est que la voix est tout.(...) Mec, tu dois écrire exactement comme tout ce qui se rue dans ta tête, et TOUT DE SUITE."
Kerouac ne cessera jamais d'aller d'une côte à l'autre sans jamais se trouver bien nulle part, ajoutant bien vite à ces deux pôles le Mexique, fascinant dans ses contradictions, et cultivant paradoxalement une douce nostalgie pour Lowell, ses racines et son enfance, qu'il transforme petit à petit en un paysage mental mythique :"T'es-tu jamais souvenue, dans l'obscurité de minuit d'une chambre étrange, de pans entiers du temps clair comme du cristal de ton enfance ?" Sur la route est né de cette errance voulue, voluptueusement goûtée, et vomie aussi, de ce besoin de rassembler ces différents points d'ancrage impossible ainsi que les acteurs principaux dans un récit qui, selon ses propres mots, deviendra "le papa fondateur des livres rock'n roll".
Sur la route accompagne toute cette période de la correspondance de Kerouac (même si bien d'autres textes à venir prennent déjà corps dans les lettres), et ne cesse jamais de la traverser - d'abord parce que Kerouac évoque son livre avec la plupart de ses correspondants qui, à un moment ou à un autre, en ont tous tenu une version dans les mains et se sont reconnus sous leurs pseudonymes de papier ; ensuite, et surtout, parce que ce récit si autobiographique et amoureusement dédié à Neal, que le roman transforme en héros solaire de la terre américaine ("L'histoire traite de toi et de moi et de la route (...). L'intrigue, s'il y en a une, est consacrée à ton développement depuis les premiers temps du gamin en prison jusqu'à la dernière (présente) période de sainteté à la W.C. Fields... étape après étape, tel que je l'ai vu", ce récit est le reflet même d'un mode de vie qui se confond avec un projet d'écriture : "Souffle et raconte tout. J'ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite... ai écrit tout le truc sur un rouleau de 36 mètres de long - je l'ai fait passer dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes... l'ai déroulé sur le plancher et en fait il ressemble à la route." Kerouac est très conscient que Sur la route marque une rupture non seulement dans son écriture, mais également avec "la littérature américaine antérieure". Le livre, comme les lettres, a été écrit dans l'urgence et la fièvre, au rythme épuisant des voyages, sous l 'influence de l'alcool et des drogues que Kerouac expérimente avec obstination et dont il décrit et compare les effets, au rythme, également, du jazz dont il s'efforce de transcrire, mais surtout sans le figer, le "souffle" ("Les exigences pour la prose et le vers sont les mêmes", c'est-à-dire "souffler"), un souffle ("to blow", en anglais, qui renvoie également, dans l'esprit de Kerouac, au mystérieux appel de l'insaisissable baleine blanche de Melville), qui cherche à capturer l'extase et la note magique, "ce It qui toujours se dérobe" (2), cette "chose évanescente, mais [dont il sait] qu'elle existe".
Les dernières lettres du recueil annoncent la seconde période de Kerouac. Effondré par les réactions hystériques déclenchées par Sur la route, effrayé par son statut d'icône de toute une génération en laquelle il ne se reconnaît pas, Kerouac s'éloignera amèrement de ses amis "beat" et se tournera vers une nouvelle recherche, entamée dès 1953 : l'étude du bouddhisme qu'il entreprend alors, ainsi que la pratique de la méditation l'entraînent à écrire, par fragments, un énorme recueil qui synthétise à la fois son nouvel intérêt pour une démarche spirituelle et, parallèlement, pour une vaste réflexion sur l'écriture et la poésie (3). Habité par ce "Dharma" ("la loi des choses") qu'il veut "américain", Kerouac met lentement en place et en page les silhouettes de ces "clochards célestes", figures d'extrême dénuement et porteurs d'une souffrance qu'il ne cessera plus d'exalter et de chanter, vagabonds spirituels qui, progressivement, se substituent dans ses textes aux "beats" alors que, désillusionné par la fin du voyage américain dont il restera l'une des dernières voix mythiques, il se met en quête d'une route autre, intérieure et mystique.
Sophie Vallas
(2)L'expression est extraite du petit livre d'Yves Le Pellec Jack Kerouac. Le verbe vagabond, éditions Belin, coll. "Voix américaines", 18/8/1999, 128 p., 9,40 €
(3) Ce recueil, publié en 1997 seulement aux Etats-Unis, a été traduit et préfacé par Pierre Guglielmina sous le titre Dharma, éditions Fayard, 420 pages, 59,74 €
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