241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/05/2017

Gérard Garouste, au regard de son exposition : "Walpurgisnachtsraum" (Songe d’une nuit de Walpurgis), septembre-octobre 2011

Né en 1946, Gérard Garouste vit et travaille en Normandie et à Paris. Un des artistes français les plus populaires de sa génération, il occupe une place singulière dans le paysage artistique international. Dès les années 1970, il fait le choix audacieux d’assumer une peinture figurative, classique, à une époque plutôt tournée vers des formes d’expression dites « conceptuelles ». Il explique : « Plus j’applique une forme simple, basique, comme quelqu’un qui saurait jouer du violon, plus je vais pouvoir commencer à inventer de la musique ». Gérard Garouste se nourrit ainsi des maîtres et textes anciens afin de revisiter les mythes européens. En cela, il est « peut-être le plus moderne de tous », dit de lui Michel Onfray.

Représenté dans les années 80 par le grand marchand américain Léo Castelli, il a exposé dans le monde entier (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Amérique latine, Italie) a figuré dans de grandes collections publiques, dont celle du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou –, du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, et du Museum Ludwig de Vienne. En 2009 la villa Médicis à Rome lui a consacré une grande rétrospective, « Le Classique et l’Indien ».

Trois ans après sa dernière exposition « La Bourgogne, la famille et l’eau tiède », Gérard Garouste a présenté à la galerie Daniel Templon un nouvel ensemble d’œuvres inspirées par le célèbre Faust de Goethe. Depuis longtemps concerné par l’empreinte du christianisme sur notre culture, Gérard Garouste a choisi d’explorer le mythe de Faust tel que Goethe le présente en 1808, celui d’un homme qui dispute son destin au Diable et à Dieu. Huiles sur toile, gouaches et bronzes interrogent les grands thèmes de la tragédie : la quête de la connaissance, le désir de jouissance, la nature du Mal, la question du « pari » et du « pacte » avec les puissances maléfiques et alchimiques, l’accomplissement individuel.

Dès les années 80, Gérard Garouste s’est intéressé aux écrits fondateurs de la culture occidentale. Après La Divine Comédie de Dante, le Don Quichotte de Cervantès ou le Gargantua de Rabelais, il s’est penché sur les textes sacrés, notamment la Bible. Avec Faust, Gérard Garouste renoue avec son goût pour la littérature, tout en poursuivant son questionnement, avant tout politique, sur le christianisme et le judaïsme. La peinture baroque de Gérard Garouste, tour à tour inquiétante et joyeuse, se peuple de variations sur les différents protagonistes – Faust, Méphistophélès, Marguerite, les sorcières – et d’un bestiaire fantastique – singes et guenon, bouc émissaire, cochon destrier.

Comme dans ses expositions précédentes, le peintre a emprunté le visage de proches pour incarner les différents personnages. On reconnaît également de nombreux autoportraits, en métamorphose permanente entre Méphisto et Faust, qui rappellent sa récente autobiographie. En 2009, dans L’Intranquille : Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou, l’artiste dévoilait ses conflits avec un père antisémite et sa lutte contre la folie.

On retrouve dans « Walpurgisnachtsraum » (septembre-octobre 2011) son grand thème du « Classique et de l’Indien » : à la maîtrise par l’artiste des règles de la peinture classique répond une totale liberté picturale, la folie et les intuitions de « l’Indien ».

Dans « Walpurgisnachtsraum », une place de choix est accordée à la pratique sculpturale de Gérard Garouste, qui a repris le chemin des ateliers de fonderie délaissés depuis les années 1990. En 2010, la commande monumentale qu’il réalise pour la rénovation de l’hôtel particulier du 23 de l’Université (Paris) a redonné à l’artiste le désir de la sculpture, qui se concrétise dans ses sculptures en bronze, entre abstraction et figuration.

23:40 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

26/05/2017

Jean-Claude Pirotte (1939-2014) et les Lettres du Cabardès

Françoise R. écrit, à propos de Jean-Claude P. :

"Pleine de tristesse, depuis votre message de dimanche sur le blog, je veux juste dire la peine d'une lectrice lointaine et inconnue de Jean-Claude Pirotte. Ses livres resteront sur l'étagère, tout près de ceux d'André Dhôtel, les Aimés. Sa voix accompagne depuis tant d'années mes saisons ! Mais je sais aussi que, comme la petite boîte à musique de l'enfance, ses poèmes feront encore et encore danser les heures boiteuses. Merci et toutes mes pensées à ses proches. "

* * *

Dans le courrier qui suit, en date du 16 septembre 2008, J-C P. se plaint de la fin annoncée de cette belle réalisation que furent les Lettres du Cabardès, il en donne la raison précise. Les poèmes qu'il envoyait à Diérèse étaient manuscrits, écrits au stylo-plume noir.

 

Quant à son allusion aux lettres de Henri Thomas, il s'agit de celles publiées in Diérèse 40 (printemps 2008), inédites, adressées dans les tout derniers mois de sa vie au poète quimperlais Gérard Le Gouic. Jean-Claude, qui aimait plus que tout et pour des raisons que l'on aura devinées, Le Migrateur, de Henri Thomas, pensait qu'un Cahier de la NRF, a minima, pouvait mettre l'accent sur l’œuvre épistolaire de l'auteur des Maisons brûlées. Depuis, un intéressant Choix de lettres, 1923-1993 a bien été publié par les éd. Gallimard, et ce n'est que justice. DM

 

 

PIROTTE 6.jpg

 

 

24/05/2017

Christian Arthaud opus 1

Aujourd'hui, un poète contemporain, niçois, que je vous invite à lire - pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas -, interviewé par Pierre le Pillouër à propos de son livre "Encre", paru chez Cadex en 1989, avec des illustrations de Vivien Isnard :

Pierre Le Pillouër : Tu as suivi des cours de chinois : ce passage sur les bancs était-il nécessaire à la fabrication de ton livre ?

Christian Arthaud : Cela a participé d'un ensemble d'activités : apprendre la langue chinoise, désosser et comprendre sa grammaire, lire et écrire des caractères, tenter des traductions, fouailler dans la langue étrangère comme Rimbaud le faisait de l'anglais, s'imbiber de la forme des objets, des œuvres d'art (peinture, sculpture, céramique, architecture), autant de lectures, de discussions, de rencontres avec des érudits pour ne pas avoir de rapport fétichiste avec cette culture qui représente souvent le comble de l'exotisme. Mais je reste à l'orée. Non parce qu'un travail de sinologue demande une vie, mais parce que ce que je fais n'a pas à rendre compte de la poésie ou de la philosophie chinoises ; plutôt d'une aventure qui n'a de validité qu'en tant qu'elle m'est propre. C'est après avoir écrit la plupart de ces poèmes que j'ai décidé de suivre des cours. Mais l'incapacité de l'enseignement supérieur à se coltiner avec le poétique est affligeante, ici comme ailleurs.

P. L. P. : As-tu éliminé certains poèmes ? Pourquoi ?

C. A. : Je n'ai rien éliminé. L'écriture de ce livre a procédé d'un exercice de méditation qui consistait à faire le vide : je ne pouvais alors rien écrire de moins. Je pense à ce moment comme une succession de journées ensoleillées pendant lesquelles l'expressivité du texte se devait de montrer l'adhésion totale au commun et au singulier, l'accord parfait mais grinçant d'un désespoir et de l'obligation qui lui était faite de signifier (quelque chose d'autre que son échéance !). Par contre j'ai modifié et assemblé des éléments hétérogènes.

P. L. P. : La juxtaposition est-elle pensée ou aléatoire?

C. A. : La suite est ainsi conçue : du plus court au plus long. Pour les poèmes de même longueur l'ordre est tel qu'il advint.

P. L. P. : Comment as-tu collaboré avec Isnard ? A-t-il lu tous les poèmes ?

C. A. : J'ai immédiatement imaginé ces poèmes édités avec une suite de dessins de Vivien Isnard, sans le connaître autrement que par une exposition : je voyais sa peinture comme la recherche d'une extase impossible. C'est un artiste qui est proche, dans sa méthode, des orientaux. Par ailleurs, lorsque je l'observais marchant dans la rue, son allure donnait l'impression d'une légère lévitation. Il n'a pas été question pour moi de le tester pour savoir ce qu'il avait lu de mes poèmes. C'est une mise à l'épreuve de nos présences lors de certaine nuit dans son atelier qui fut l'événement. La rencontre ne fut pas sans violence et le résultat est une amitié hors de dialogue. Je ne sais comment dire. 

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22:31 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)