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28/09/2019

Les "Bonnes Feuilles" de Diérèse 77

Bonjour à toutes et à tous,

J'en ai presque terminé avec la maquette de la prochaine livraison de Diérèse, qui comptera 324 pages comme le numéro 76.

Voici les titres des 38 livres ou recueils qui y seront commentés. Un grand merci à tous les contributeurs. Amitiés partagées, Daniel Martinez :

Béatrice Marchal, Au pied de la cascade, encres de Jean-Marc Brunet, L’Herbe qui tremble, 2019
Sylvie Fabre G. : Pays perdu d’avance, peintures de Fabrice Rebeyrolle, L’Herbe qui tremble, 2019
Richard Rognet, La jambe coupée d’Arthur Rimbaud, éditions L’herbe qui tremble, 2019
Pierre Dhainaut, Après, éditions L’Herbe qui tremble, 2019
Isabelle Lévesque, Chemin des centaurées, éditions L’Herbe qui tremble, 2019
Matt Mahlen, Beyrouth, Liban rouge et blanc, Le Contentieux, 2018
Jacques Lucchesi, Ténèbres d’août, Le Contentieux, 2019
Robert Roman, Gérard Lemaire un poète à hauteur d’homme, Le Contentieux, 2019
Frédéric Ducom, Wata, éditions Alcyone, 2018
Éric Barbier, D’un silence inachevé, éditions Alcyone, 2017
Antoine Émaz, Passants, éditions Unes, 2017
Raphaële George, Les nuits échangées, éditions Unes, 2018
Pierre Mironer, Les Champs Auriculaires, éditions La Porte, 2018
Pierre Dhainaut, Quatre éléments plus un, éditions La Porte, 2019
Daniel Brochard, L’éternel recommencement – Talmont – Les Sables 2016-2017, éditions du Petit Pavé
Claude Cailleau, Anthologie poétique (1956-1970 et 1999-2018), éd. du Petit Pavé, 2019
Monique Saint-Julia, Images d’Irlande. Éditions de l’Aire, 2019
Gérard Pfister, Ce qui n’a pas de nom, Arfuyen, 2019
Céline Debayle, Baudelaire et Apollonie, Arléa, Paris, 2019
Flora Delalande et Léonard Pietri, On dit que Dieu n’habite plus là, Copymedia, 2018
Didier et Karine Giroud-Piffoz, Le mystère du Gué Gorand, Ella éditions, 2018
Charles Akopian, Ressacs, Encres Vives, 2019
Bernard Pignero, Solitudes partagées, Encretoile éditions, 2019.
Gérard Titus-Carmel, Un rêve en éclats, éd. Fata Morgana, 2018
Yves Leclair, L’Autre vie, éditions Gallimard, 2019
Zéno Bianu & Odradeck, Cantique des cantiques, Songes de Léonard Cohen, éditions de L'Improbable, 2019
Anne-Lise Blanchard, Épitomé du mort et du vif, éd. Jacques André, 2019
Jean-Luc Coudray, Carnaval (textes), peintures de Jonathan Bougard, éditions du Petit Véhicule, 2019
Patricia Castex Menier, Chroniques incertaines, éditions Petra, 2019
Patricia Castex Menier, C’est si simple un poème, illustrations de Joël Pampin, éditions Pippa, 2019
Louis Savary, Jeter l’encre - éditions les Presses Littéraires
Jean-Pierre Chambon, photographies de Christiane Sintès, Un écart de conscience, Le Réalgar (collection l’Orpiment), 2019
Jeanne Cressanges, Un père en héritage, Serge Domini éditeur, 2019
Alexandre Voisard, Ajours suivi de Médaillons, éditions Le Taillis Pré, 2017
Didier Ayres, Néant, Tarabuste, 2019
Gérard Le Gouic, Poèmes choisis, éditions Tawbad
Gérard Mottet, Dans les plis du silence, poèmes de la nuit, éditions Unicité, 2019
Marc Alyn, T’ang l’obscur - Mémorial de l’encre, Encres de T’ang Haywen, éditions Voix d’encre

22/09/2019

Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris

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Votre serviteur

Pour revenir sur la lettre de Camus (à Char) dans la précédente note du blog, on y retrouve toute la complexité de sa pensée, qui se défie des faux-semblants et des voies tracées d'avance, ou encore des nihilismes dont se montre friande notre époque, par ailleurs donneuse de leçons dans un registre qui ne décolle que très difficilement de la (di)gestion d'un quotidien appréhendé au petit bonheur.
Je retiens ce passage de ladite lettre, éclairant : "Je parle d'abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c'est le seul visage que j'aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire."

Pour compléter, là où art et littérature ne font qu'un aux yeux de Camus, et en lien avec un humanisme qui se méfie des vérités érigées en absolus, voici un extrait de sa conférence, en date du 14 décembre 1957 :

"Le but de l'art n'est pas de légiférer ou de régner, il est d'abord de comprendre. Mais aucune œuvre de génie n'a jamais été fondée sur la haine et le mépris. C'est pourquoi l'artiste, au terme de son cheminement, absout au lieu de condamner. Il n'est pas juge, mais justificateur. Il est l'avocat perpétuel de la créature vivante, parce qu'elle est vivante. Il plaide vraiment pour l'amour du prochain, non pour cet amour du lointain qui dégrade l'humanisme contemporain en catéchisme de tribunal. Au contraire, la grande œuvre finit par confondre tous les juges. Par elle, l'artiste, en même temps, rend hommage à la plus haute figure de l'homme et s'incline devant le dernier des criminels. "Il n'y a pas, écrit Wilde en prison, un seul des malheureux enfermés avec moi dans ce misérable endroit qui ne se trouve en rapport symbolique avec le secret de la vie." Oui, et ce secret de la vie coïncide avec celui de l'art." Albert Camus

20/09/2019

Albert Camus écrit à René Char (26 octobre 1951)

La lettre d'un ami.

   Albert Camus à René Char


[Paris] 26 octobre 1951

 

Mon cher René,

Je suppose que vous avez maintenant reçu L'Homme révolté. La sortie en a été un peu retardée par des embarras d'imprimerie. Naturellement, je réserve pour votre retour un autre exemplaire, qui sera le bon. Bien avant que le livre soit sorti, les pages sur Lautréamont, parues dans les Cahiers du Sud, ont suscité une réaction particulièrement sotte et naïve, et qui se voulait méchante de Breton. Décidément, il n'en finira jamais avec le collège. J'ai répondu, sur un autre ton, et seulement parce que les affirmations gratuites de Breton risquaient de faire passer le livre pour ce qu'il n'était pas. Ceci pour vous tenir au courant de l'actualité bien parisienne, toujours aussi frivole et lassante, comme vous le voyez.

Je le ressens de plus en plus, malheureusement. D'avoir expulsé ce livre m'a laissé tout vide, et dans un curieux état de dépression « aérienne ». Et puis une certaine solitude... Mais ce n'est pas à vous que je peux apprendre cela. J'ai beaucoup pensé à notre dernière conversation, à vous, à mon désir de vous aider. Mais il y a en vous de quoi soulever le monde. Simplement, vous recherchez, nous recherchons le point d'appui. Vous savez du moins que vous n'êtes pas seul dans cette recherche. Ce que vous savez peut-être mal c'est à quel point vous êtes un besoin pour ceux qui vous aiment et, qui sans vous, ne vaudraient plus grand chose. Je parle d'abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c'est le seul visage que j'aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d'ombres ? Sans vous, sans deux ou trois êtres que je respecte et chéris, une épaisseur manquerait définitivement aux choses. Peut-être ne vous ai-je pas assez dit cela, mais ce n'est pas au moment où je vous sens un peu désemparé que je veux manquer à vous le dire. Il y a si peu d'occasions d'amitié vraie aujourd'hui que les hommes en sont devenus trop pudiques, parfois. Et puis chacun estime l'autre plus fort qu'il n'est, notre force est ailleurs, dans la fidélité. C'est dire qu'elle est aussi dans nos amis et qu'elle nous manque en partie s'ils viennent à nous manquer. C'est pourquoi aussi, mon cher René, vous ne devez pas douter de vous, ni de votre œuvre incomparable : ce serait douter de nous aussi et de tout ce qui nous élève. Cette lutte qui n'en finit plus, cet équilibre harassant (et à quel point j'en sens parfois l'épuisement !) nous unissent, quelques-uns, aujourd'hui. La pire chose après tout serait de mourir seul, et plein de mépris. Et tout ce que vous êtes, ou faites, se trouve au-delà du mépris.

Revenez bien vite, en tous cas. Je vous envie l'automne de Lagnes, et la Sorgue, et la terre des Atrides. L'hiver est déjà là et le ciel de Paris a déjà sa gueule de cancer. Faites provisions de soleil et partagez avec nous.

Très affectueusement à vous

 

AC