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31/10/2019

Depuis "Mur murs" d'Agnès Varda (1980)...

ce mural, photographié par Corina Sbaffo...

P1050740.JPG

... pour vêtir l'empyrée ; dont je retrouve au fil de l'eau mère, quelques bribes éparses, dans ce poème que Roberto Juarroz a dédié à son traducteur, Roger Munier, dans sa fameuse "Neuvième poésie verticale", composée de quinze poèmes. Et dont c'est, ici reproduit, le huitième (éditions Brandes, 13 octobre 1986). Mais de grâce, écoutez plutôt :

 

        Dormir est une autre façon de penser.
        Penser, une autre façon de rêver.
        Rêver, une autre façon de ne pas être.
        Ne pas être une autre façon d'exister.


        La roue tourne et tourne.
        Les chemins s'enroulent
        autour de la roue
        et la roue les entraîne
        comme des rubans poudreux.


        La roue tourne et tourne,
        mais il n'y a plus de chemin.

(à Roger Munier)
Roberto Juarroz

Sur la rivière Dordogne, la pêche à l'épervier

PECHE è l'épervier.png

Le geste du lancer de l'épervier, ainsi dénommé car il prend les poissons comme le fait l'épervier, est sans doute plus difficile à décrire qu’à réaliser : l’engin est conique, la base du cône, en haut, terminée par une cordelette qui est fixée par un nœud coulant au poignet gauche pour un droitier. La nappe est ensuite pliée par bande dans la même main gauche de façon à ce que la rangée de plombs qui occupe toute la base soit à mi-chemin entre la main et la surface des eaux.

C’est lourd, car il est lourdement plombé, pour s’ouvrir plus vite et descendre rapidement dans l’eau. Un plomb est pincé dans la bouche puis le filet est réparti (les plombs de la base) entre la main droite (1/3) le reste demeure dans la main gauche ; et la main droite accomplit ce qui ressemble au geste du semeur, accompagné par un large mouvement de hanche.

Précaution utile : ne pas "se débarrasser" du filet comme d’un sac encombrant, mais bien essayer de  former un cercle qui doit être le plus parfait possible.

29/10/2019

"De l'impossibilité", Antonio Gamoneda traduit par Amelia Gamoneda, éd. Fata Morgana, 2004

Une voix aussi importante dans la poésie espagnole contemporaine que celle d'un José Ángel Valente ("Trois leçons de ténèbres") ou d'un Roberto Juarroz ("Poésie verticale"). Une poésie faite d'injonctions et d'appels à une clarté, à une dimension perdues que les mots tenteraient d'approcher à leur manière, mais sans jamais y parvenir : "De l'impossibilité"... Fruits d'une quête de l'ici dans un ailleurs dérobé, dans les clairs-obscurs de la langue, insatiable, douloureuse. DM

* * *

La luz hierve debajo de mis párpados.


De un ruiseñor absorto en la ceniza, de sus negras entrañas
musicales, surge una tempestad. Desciende el llanto a las
antiguas celdas amarillas, advierto látigos vivientes


y la mirada immóvil de las bestias, su aguja fría en mi corazón.


Todo es presagio. La luz es médula de sombra : van a morir
los insectos en las bujías del amanecer. Así


arden en mí los significados.
*

La lumière bout sous mes paupières.


D'un rossignol abîmé dans la cendre, de ses noires entrailles
musicales, surgit une tempête. Les pleurs descendent dans
les anciennes cavités jaunes, je discerne des fouets vivants


et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froide
dans mon cœur.


Tout est présage. La lumière est la moelle de l'ombre :
des insectes vont mourir sur les bougies de l'aube. Ainsi


brûlent en moi les signifiés.

 

Antonio Gamoneda

23:47 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)