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30/11/2019

Terres, travaux du coeur", de Claude Esteban, éd. Flammarion, 7 mars 1979

Un grand nom de la poésie, Claude Esteban (1935-2006), traducteur de Quevedo, Jorge Guillén et d'Octavio Paz. Il a dirigé la revue de poésie Argile aux éditions Maeght de 1973 à 1981 et la collection « Poésie » aux éditions Flammarion de 1984 à 1993. Prix Goncourt de la poésie en 2001.

 

Grandiaque effosis mirabitur ossa sepulcris

Georgiques, I, 497.

 

Côte à côte, jadis, dans le déclin des astres.


Voici qu'un homme
les découvre au retour de son champ


vides


et l'histoire sur eux comme une
mousse grise.


          La pluie, les vieux labours
ont confondu leurs plaies.


Était-ce un même orgueil qui cherchait le silence -


Des armes se redressent
butent
contre le fer


qu'une rouille retient, aride, loin des astres.


On ne décide pas des morts. Ils
pèsent aux racines


comme un sol plus obscur. Et le chemin
des graines s'insinue


entre eux
et cette loi confuse qu'ils profèrent.


Signes rongés de sel.


Qu'ils gouvernent
au dedans.


Ici
    avec les doigts des herbes
et leurs oboles


grandissent des moissons plus frêles.


Claude Esteban

08:43 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

28/11/2019

"Ce qui pend à ton poing comme un faucon mort", de Patrick Reumaux, éd. Elisabeth Brunet, 28 février 2002

Né sur les hauteurs d'Alger en 1942, infatigable traducteur, romancier, poète... Patrick Reumaux a publié deux recueils en 2002 chez Elisabeth Brunet, libraire-éditrice à Rouen : Journal invisible et ce livre de poésie dont je vous donne un extrait plus bas, d'un érotisme étonnant, plus allusif et plus sensible que celui de Bataille, à goûter comme un fruit mûr prêt à fondre en bouche, voici :

 

GRENADE

 

Intacte comme les roses arabes
Tu attends les seins penchés
que viennent te parler les odeurs
que les jardins t'entrent dans l’œil
que fusent les jets d'eau minimes du désir.

 

Je t'ai vue marcher et il m'a semblé
que tu marchais dans mon corps
une seconde peut-être
à l'instant où les nues sont devenues l'eau miroitante
et toi trouvant une somptueuse image
tu m'as fait comprendre quelque chose
qui a éclaté dans ma chair.

 

Tu dors
au premier plan la ville s'éveille
un chien sur les remparts
hurle à la lune baroque
la sierra pour s'enneiger
te saute à la gorge mais c'est du velours.

 

Une lampe s'allume
un chat rôde une étoile
l'incendie couve
je tremble entre tes genoux frais.

 


Patrick Reumaux

22:47 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

27/11/2019

"Nulle part", de Vincent Courtois, éd. du 6 rue Gryphe, juin 2018

Le monde est mis en scène par le mouvement
motorisé et, de l'extérieur, nous sommes
entr'aperçus, à peine reconnus et, dans cet écart
entre le visible et l'invisible, nous sommes
menaçants, le regard aussi froid et dur que
l'enveloppe qui nous contient.

 

Les vitres, dans lesquelles se brouillent les reflets
des passants, se lèvent et se baissent lentement
mais automatiquement. Elles cachent nos
intentions, les offrent tout à coup au regard dans
un léger gazouillement électrique. Nous sommes
dans le jouet, un jouet sérieux, technologique.

 

Une musique jaillit d'enceintes invisibles et
semble se mélanger à l'air climatisé : on a
l'impression de respirer le son ou d'être rafraîchi
par l'échantillon sonore d'un glaçon qui tombe
dans un verre.


Vincent Courtois

06:09 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)