08/05/2018
On y danse, immobile... jusqu'aux nervures de l'âme, Xavier Bordes
L'enfant
Tu le revois, cet enfant, comme s'il n'était pas toi :
comme le rêve bizarre d'une enfance schizoïde
que tu n'aurais pas vécue, ô lointain autre monde !
La colline basse de l'île couverte de thym et de roches
au soleil, entre lesquelles cherchent sans fin leur chemin
les scarabées aux élytres d'onyx, avec le vent qui de l'autre
versant apporte le bouquet de pins, sa fraîcheur résineuse,
la prière lancinante des cigales, par bouffées, entre les
silences élastiques de la vague chaque fois qu'elle se change
en écume et se retire, incapable, dirait-on, de s'affirmer,
de rompre pour toujours son lien avec la mer immensité...
Xavier Bordes : Comme un bruit de source, Gallimard, mars 1998
12:19 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0)
06/05/2018
Peter Boyle, de Picnic Point (Australie) parle de Diérèse 68
Cher Daniel,
merci bien pour l'envoi de Diérèse que je viens de recevoir cet après-midi. Quelle magnifique anthologie de poésie et d'écriture. C'est un vrai plaisir de découvrir des passages du grand poète et écrivain danois Inger Christensen, autres poètes inconnus pour moi comme Carlos Nejar, Edgar Bowers et Sinclair Beiles, en même temps que mon ami de La Réunion Raymond Farina et tant des poètes nouveaux.
C'est vraiment une anthologie généreuse et ample, pleine de richesses, que vous avez préparée. Je suis très heureux d'avoir reçu une anthologie si intéressante.
Avec beaucoup de remerciements,
Peter Boyle
Bibliographie
En rentrant du monde , Five Islands Press, Wollongong, 1994.
Le nuage bleu des pleurs , Hale et Iremonger, Sydney, 1997.
Acceptation des eaux silencieuses, Vagabond Press, Sydney, 2000.
Ce que le peintre a vu sur nos visages , Five Islands Press, Wollongong, 2001.
Museum of Space, Université de Queensland Press, Sainte-Lucie, 2004.
The Trees: poèmes sélectionnés 1967 - 2004 par Eugenio Montejo , Saltpublishing, Cambridge, 2004.
21:24 Publié dans Diérèse 68 | Lien permanent | Commentaires (0)
Clairvoyance
"Monter et descendre dans les mots même,
c'est la vie du poète"
Gaston Bachelard
Les branches les plus hautes
du bouleau pourpre rayonnent
elles dévoilent les images
prises entre les fibres du levant
derrière l'écran des yeux
un feu dans le feu
par-delà page et plaine
donne sens à l'histoire
Des herbes ensommeillées
sur le miroir de l'eau
figent les larmes dans leur suc
à en percer le mystère
la dimension cachée
à étoiler le jeu
des images et des mots
qui surgissent de trop loin
pour nous appartenir en propre
Dans la mémoire du matin
les fougères solennelles
sont brisures de poèmes
tu chantes ta propre cendre
l'extrême souffle de la vie
et démêles les liens factices
quand remonte d'en bas
atténué par le filtre des persiennes
le bruit d'un faible cours d'eau
ses pulsations innées
depuis le corps ouvert de la terre
Des gouttes de lumière
imprègnent mes paupières
dehors était dedans dehors était
cette immense tache vert clair
du mûrier à la fenêtre
ouverte sur l'étendue vague
à l'image de la vie
qui se donne sans compter
et nous-mêmes multiples
cherchant la juste perspective
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Daniel Martinez
10:16 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)