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13/03/2019

Mario Luzi (1914-2005) traduit par Jean Rousselot

A ma mère dans sa maison


Accueilli par ta vieille maison grise,
Je suis allongé sur un lit d'angoisse
Qui, tant d'années, fut peut-être le tien,
Et je compte les heures si lentes qui passent,
Plus lentes encor sous la nuée que je trace
Dans le maigre sol de cette nuit d'août.


Un homme qui revient en pleine nuit des champs
Échange un signe de fatigue avec un autre,
Monte la côte, enfile la ruelle, pousse
La porte du taudis. L'haleine chaude
Du sirocco dérange le repos des gens
Et fait gémir les infirmes et les reclus.


Je ne dors pas, je suis le pas du noctambule :
Un fou peut-être, ou bien un jeune homme un peu soûl,
Qui résonne sur le trottoir et les cailloux

Et je laisse et reprends sans fin mon propre faix
Et, plus bas que jamais encor je ne l'ai fait,
Je descends dans ce temps, je descends dans ce peuple.

 

Mario Luzi traduit par
Jean Rousselot

22/02/2019

Dans la suite de "A notre actif"

Vous l'aviez compris, je tiens ce poème de Jean Rousselot en haute estime, non parce que j'en étais le dédicataire mais bien parce que s'y trouve ici résumée toute la démarche fondatrice du poète, qui ne se contente pas de regarder les mouches voler ou de fleurir les tombes des absents mais de recréer, autant que faire se peut, un monde plus conforme à ses aspirations quand elles ne végètent pas dans le nihilisme ambiant, et qui passe ainsi tous les clivages et compartimentages que les historiens de la langue prennent un malin plaisir à dresser après coup, de-ci de-là... DM

Le premier des deux livres publiés par Jean Rousselot aux Deux-Siciles

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