20/07/2015
Carlo Betocchi (1899-1986) traduit par Jean Rousselot
La Maison
Avec sa façade nue, exposée
A un soleil de biais, les persiennes
Fermées, l'une écartée à peine
De la rigueur de l'autre, c'est la vie.
La maison jaune ensoleillée,
Avec un toit jaune qui recouvre
Son silence, et les suspectes, les dépouillées
Persiennes, qu'une main dénoue
Quand elle veut - et sur un fil d'espérance
S'ouvre alors ce vert, et la vie qui s'avance,
Et la journée semble de même s'ouvrir
Sur un signe, à qui garde cette nue
Façade au soleil - jaune, avec les lignes
Vertes des jalousies closes, avec les fils
D'ombre incrustée dans les lames subtiles -
Construite pour le silence dont nous vivons.
Carlo Betocchi traduit par
Jean Rousselot
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Marino Piazzolla (1910-1985) traduit par Jean Rousselot
Petit miracle
Je suis tellement innocent
Que lorsque je me lave
L'eau devient plus claire
* * *
La Gazelle
J'ai acheté une gazelle.
Souvent dans ses yeux
Je vois ma mère venir vers moi
Pour me tenir compagnie.
* * *
La garçonnière
Deux papillons blancs
Se sont aimés
Dans mon ombre.
Je sers donc à quelque chose.
Marino Piazolla traduit par
Jean Rousselot
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19/07/2015
Vittorio Sereni (1913-1983) traduit par Jean Rousselot
Diane
Ton ciel d'autrefois revient
Sur les belvédères de Lombardie.
Il s'amasse en touffeurs nuageuses
Et de tes yeux exilant tout azur
Il se recueille et se repose.
L'eau fraîche reviendra pourtant
Avec le vent qui se lève sur les canaux,
Avec le ciel
Qui s'étire vers le lointain le long des rives.
Reviens-tu toi aussi, Diane,
Entre les tables dressées en plein air
Parmi les gens qui boivent, attentifs,
Sous la lune lointaine ?
Un orchestre bourdonne en sourdine ;
Dans l'ariette qui s'en échappe
Je reconnais ton passage onduleux.
Dans le soir, ton nom fier s'adoucit
Si quelqu'un le murmure
Sur tes traces.
Le mois de juin s'en vient bientôt
Avec l'aride fleur du sommeil
Eclose aux plus tristes faubourgs.
Et le chant, mon amie, qui fut le tien sur terre
Se remet à faire mal
Comme une haleine qui court sur la mémoire,
Et à te reprocher la mort.
Vittorio Sereni traduit par
Jean Rousselot
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