12/08/2017
La seconde peau
La journée terminée, en revenant sur ses pas on entendait les clochettes des grillons : un persistant tintement, accompagnant la fraîcheur relative qui peu à peu envahissait les terres. Les broussailles froissées, traversées à grandes enjambées, chuchotaient à l’oreille. Ainsi de l’enfance, ainsi du désir qui jamais ne s’éloigne du déjà vécu, de l’invisible membrane sous laquelle se voile le corps, seconde peau.
Le poème est un appel aux reflets dansants qui nous modèlent l’âme et tracent dans l’obscur des sensations des lignes de lumière. Flux et reflux silencieux, grotte où plonge l’esprit. Au cœur de ce qui se consume de l’intérieur pour mieux renaître à mesure.
Il me souvient : tout jeune encore, de Cybrélis, l’aïeul attentionné, qui sous l’aiguille du gramophone me faisait écouter les tangos de son temps, de vieilles rengaines nasillardes. Certains vers entendus d’une oreille rien moins que distraite me sont restés en gorge. Violettes gravées sur sa sépulture. Écrire, toujours, malgré et contre ce qui nous réduit à notre seule dimension d’homme.
Et qu’est-ce, le monde si ce n’est, par-delà nos vies, nos questionnements et nos paris sur l’avenir cette sensation de l’infiniment petit livré à ses constantes anamorphoses ?
Daniel Martinez
17:22 Publié dans Moirures | Lien permanent | Commentaires (0)
08/05/2017
Moirures XIII
XIII
Une grande friche
entre deux champs où ruisselle
le ciel vivant chercher dans l’ouverture
les scarifications du sol
sous le léger tremblement de la lentille
l’autre et le silence
sur la carte dépliée
entre les grains lumineux
l’origine et la fin
la chair des choses sacre l’envers du décor
au bruit soyeux des bleuets en lisière
où veille l’essieu couché
qui semble se courber avec l’horizon
respirer les essences de toute la terre
Daniel Martinez
18:29 Publié dans Moirures | Lien permanent | Commentaires (0)
04/05/2017
Moirures XII
4 mai 2017
XI
La langue alors
puits de lumière et d'obscurité
qu'ouvrent le trident de l'aube
et les cédilles de l'esprit
la lèvre pâle d'un navire
troue les flots
il n'est plus qu'une histoire à enchanter pour toi
ma vie comme un long regard
sur ce qui t'a précédé Diane
au cœur du monde qui n'arrête
pas de cogner dedans
la cage thoracique
comme un long passage
depuis l'eau de tes mains
à l'écume du sillage tracé
j'étais là lisant sur le pont
où j'avais passé la nuit
une couverture sur les jambes et ce goût de sel
les yeux me piquaient le jour
un peu comme il s'est levé pour toi
son empreinte
notre destinée
Daniel Martinez
18:57 Publié dans Moirures | Lien permanent | Commentaires (0)