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26/01/2020

L'ombre d'un doute

A même ce qui se forme
et se reconnaît         au jugé
les filaments de l'avant-monde
au passage agités
     dans la fresque silencieuse
                               on dirait
qu'il neige des sentiments
comme
j'entends diffus le crissement
des sables        syllabes des formes en dérive
figées dans la mémoire
inscrire sous cette peau diaphane

le si haut vide qui nous guette
au plus tendre équilibre
entre vivre et mourir

                                  
Sous les vastes arcs des sourcils
vienne qui les prennent   
sous leurs ailes         les rythmes et les forces
        au souffle long
une projection de l'être
jusqu'au plaisir lascif des muscles relâchés
avec ce que les mains rapportent
de leur quête

        ces rais de lumière          
qui tôt le matin

percent les fentes des volets clos
        de pensées nouvelles


Daniel Martinez

03:40 Publié dans Moirures | Lien permanent | Commentaires (0)

24/01/2020

"Épisodes du vent", par Jean-Jacques Viton, éd. Spectres familiers, 25/9/1983

Un livret en feuillets non foliotés, hors commerce, imprimé à 32 exemplaires, à Toulon. Autrement dit une rareté. Ci-dessous un extrait de "Épisodes du vent" : le recueil est divisé en trois parties, c'est une femme qui parle : du vent, autrement dit de l'évanescent, de l'impalpable, de ce qui ne se perçoit qu'en écho.
Image et force intérieure du poème, visible/lisible pour ceux qui lui donnent sa chance (d'exister, tout simplement). Au point de jonction où bascule le réel dans l’œil de celle qui le voit et (nous) le dit, lecteurs, de sa voix. Accompagnant par là-même, insensiblement, un changement de nature des choses entre elles, qu'anime au sens fort du terme, le Vent, omniprésent...
Inévitablement, revient à l'oreille la souplesse sensuelle de l'écriture d'un livre de jeunesse de Claude Simon, "Le Vent : tentative de restitution d'un retable baroque". Voici :

*

elle dit encore :


"le vent
c'est un arbre
et c'est l'arbre
qui fait
le vent"

 

les marronniers étaient verts :
le vent,

     derrière la vitre,
avait pris formes

 

des traces fulgurantes
comme des fugitifs
couloirs
     suspendus


     et ce qui bouge    là-devant
     dans cet espace ouvert
     fourni    très vert
     et aussi très vivant
          c'est un marronnier
          je le vois


          il a l'air naturel

 

des traits
amples


tout un horizon


     ailleurs
     ce qui bouge aussi
     c'est un grand paysage
          tremblant
     qu'un train bleu   soudain
     s'acharne
     à dépasser


Jean-Jacques Viton

15:41 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

23/01/2020

"Eclats de jours", de Patrick Henri Burgaud, imprimerie Joost van de Paverd, 20/5/1988

mai 7 m.

 

GISÈLE


Danse minuscule d'un vin rare dans un verre pur
Le verre est ce blanc vide qui toujours sonne faux
De sable et d'argent délicat mensonge
Ivresse feinte petits mouvements pas de deux
Bohème luxueuse aux mains des captivantes
Filées pour scintiller par les nuits d'artifice
glaciales


Vin noir lourd fort âcre sang de taureau
Égorgé par les rails tangibles
Augure vaticinant les révoltes inutiles
Les taches sur la nappe qui prétendent à du sang
meilleur
Oublieux colérique insatisfait éventé
Par les gestes et les heures de l'attente longue


Alors le chant prestigieux obscur l'obédience sanglante
Le violon sans cordes le tympanon crevé
Les yeux troués par les rougeurs de braise
Les peaux noircies à la flamme pour dire vrai
Les bouches tordues dans le dos
Les gorges jetées


Faudrait-il avaler sa langue pour ne pas la trahir ?


Patrick Henri Burgaud

15:14 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)