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19/05/2018

Cahier de la permanence surréaliste tenue à "La Dragonne"

Évoquant avec un ami le risque qu'il y aurait de vouloir lisser l'image d'André Breton - qui n'en demandait pas tant -, l'idée m'est venue de vous parler de ce fameux premier Cahier, d'abord tenu par Breton et Benjamin Peret, qui couvre la période du 13 octobre 1948 au 23 mars 1949. Vous le décrire, oui : il compte 29 pages, avec de nombreuses lettres et divers documents insérés entre les feuillets.

Cet ensemble de témoignages de première main restitue presque au jour le jour la vie intime du surréalisme lors d'une période particulièrement troublée de son histoire. Il s'agit des archives mêmes de la permanence assurée chaque mercredi par deux membres du groupe se relayant de semaine en semaine : on en dénombre 23, de Maurice Baskine à Patrick Waldberg en passant par André Breton dont les interventions sont de loin les plus pressantes car il inspire et anime de bout en bout cette permanence qui consiste à recevoir les ouvrages et les personnes se réclamant du surréalisme ainsi que les sympathisants, tel Jean Dubuffet, qui passe "dire bonsoir à Breton" ou dépose quelque objet susceptible de l'intéresser.

Le mercredi 13 octobre 1948, André Breton tient la première permanence avec Benjamin Péret qui entreprend la confection d'un fichier. La deuxième note le départ de Charles Duits qui allègue que "l'atmosphère de cour féodale du surréalisme ne lui est plus supportable". Le 25 octobre, "à la suite d'une communication d'André Breton longuement discutée et commentée", les participants décident que "Matta Echaurren est exclu du groupe surréaliste pour disqualification intellectuelle et ignominie morale", arrêt suivi de 27 noms dont, biffés après coup, ceux de Victor Brauner et de Sarane Alexandrian qui s'élève lui-même, dans le présent cahier, contre un tel jugement. Breton et Péret ayant demandé en vain à Brauner de revenir sur son refus de signer l'exclusion de Matta, il résulte que "par décision prise le 8 novembre 1948 V. Brauner est exclu du groupe surréaliste pour travail fractionnel. Alexandrian, Bouvet, Jouffroy, Rodansky et Tarnaud sont exclus comme faisant partie de la fraction constituée par Brauner."

Pour endiguer cette vague de défections, Breton décide "un remaniement du groupe" qui entraîne "la suspension de toute réunion au café de la Place Blanche" mais, par le moyen de "convocations individuelles", lui permet "une révision de chaque élément le constituant". Ces mesures sont couronnées par "l'élection à bulletins secrets d'un comité de trois membres" Breton, Péret et Pastoureau qui "a pleins pouvoirs pour décider de l'orientation de l'activité commune" ainsi que "de l'admission ou de la non-admission de nouveaux éléments éventuels".

En marge de ces débats figurent notamment des textes d'adhésion au mouvement déclenché par le "citoyen du monde" Garry Davis et, quant à la création poétique, les avis favorables de Breton sur Les nuits du Rose-Hôtel de Maurice Fourré et sur "un envoi des plus remarquables" de Jean-Pierre Duprey qui lui rappelle certains textes de Jarry.

Daniel Martinez 

16/05/2018

"La Foule Divinatoire des Rêves" : le samedi 26 mai à 18h

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Librairie éphémère - festival Quartier du Livre
Mairie du Ve, salle du Souvenir
5, place du Panthéon 75005 Paris

Performance suivie d’une dédicace des livres de
Catherine Gil Alcala
publiés aux éditions La Maison Brûlée
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Je bois à la fontaine la drogue de jouvence.

Une joie mêlée d'effroi rejaillit du passé.

J'entends un cri aigu dans chaque goutte d'eau.


                       Un homme me scrute au fond d'une grotte.
 
 
                      Catherine Gil Alcala

 

12:59 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

15/05/2018

Hommage de Christine Van Acker

Le texte de Christine Van Acker, écrit en hommage à Jean-Claude :

 

Ces derniers temps, il m'arrive de croire que mes productions radiophoniques construisent, comme les sept nains, des cercueils de verre. Les miens seraient de verre fumé. A l'intérieur, on pourrait y entendre des auteurs, des amis disparus. Leur voix continuerait à s'exprimer par elle-même. Elle les rendrait, pour un temps d'écoute, à la vraie vie. Mais, Pierre Autin-Grenier est mort, Jean-Claude Pirotte est mort, notre ami Michel est mort, leur voix est enterrée avec eux malgré l'illusion que peuvent donner ces quelques vibrations sonores diffusées sur les ondes. Chacun, l'un après l'autre, creuse autour de nous de larges trous. Un jour, il y en aura tant, des trous, que nous y sauterons dedans à notre tour.

De Pirotte, je garde l'image d'une cigarette roulée, d'un chat tigré installé sur ses genoux, de la maison namuroise où il était hébergé par l'un de ses amis quand il était de passage. Le corps est mince et un peu voûté, la gueule est barbue. Autour de lui volettent des anges nommés André Dhôtel, Jean Follain, Jacques Chardonne,... Plus tard, après avoir pris le temps de vagabonder dans ses livres, Pirotte se posera, lui aussi, sur mon épaule, aux côtés de Pierre Autin-Grenier, de Dhôtel, et de quelques autres dont je me sens proche. Loin du vacarme des villes, ils sont ceux qui aiment le travail de la langue, ils sont sincères même quand ils en font trop, ils ne se mêlent pas aux valets germanopratins, ils ont des frères nomades qui logent sous les ponts, et un goût certain pour le bon vin. De Pirotte, je garde surtout la petite musique de ses livres, un peu triste, pluvieuse. Pirotte faisait partie des écrivains pour qui le sujet, au fond, n'a pas trop d'importance, pour qui écrire c'est creuser, creuser pour trouver, tout au fond, ce qui finit par donner envie de se taire.

Christine Van Acker

www.lesgrandslunaires.org

 

 

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photo prise en 1994/95, la suivante un peu plus tard, à Namur

© Christine Van Acker