23/06/2018
Jeanpyer Poëls nous a quittés...
Dans son dernier recueil paru chez Yves Perrine*, aux éditions La Porte, au premier trimestre 2018 :" La mort et la vie se mentent", Jeanpyer écrivait :
"L'exténué s'éteint ou ne s'éteint
pas, en l'occurrence.
S'il survit et dit "Que la survie
survive", le dire n'est certes pas une
vraie bêtise."
Cette "remarque" qui vaut pour un poème est porteuse d'espoir, j'espère que vous la comprendrez bien. Elle ne fait pas plus de doutes que les lettres que nous avons pu échanger jusqu'à cette publication, où cette vue sur l'ailleurs se développait à mesure, avec le regret concomitant de ne pouvoir aller plus loin. Chez lui, pas de leurre néanmoins sur les tenants et aboutissants d'un monde d'abord préoccupé à consommer, pour qui la poésie "n'existe pas" et voué à plus ou moins long terme à s'autodétruire. Amitiés partagées, Daniel Martinez
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18/06/2018
Francisco de Quevedo y Villegas (1580-1645)
Ho de la vie !... Personne qui réponde ?
A l'aide, ô les antans que j'ai vécus !
Dans mes années la Fortune a mordu ;
Les Heures, ma folie les dissimule.
Quoi ! sans pouvoir savoir où ni comment
L'âge s'est évanoui et la vigueur !
Manque la vie, le vécu seul subsiste ;
Nulle calamité, autour, qui ne m'assiège.
Hier s'en est allé, Demain n'est pas encore,
Et Aujourd'hui s'en va sans même s'arrêter :
Je suis un Fut, un Est, un Sera harassé.
Dans l'aujourd'hui, l'hier et le demain, j'unis
Les langes au linceul, et de moi ne demeurent
Que les successions vives d'un défunt.
Francisco de Quevedo
Monuments de la mort
(Traduction Claude Esteban, Paris, Deyrolle, 1992)
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16/06/2018
Deux témoignages sur l'homme et le poète que fut Jeanpyer Poëls
La lettre que je reçois d'un de ses anciens élèves, merci de votre lecture, vous pouvez la diffuser, tout comme celle qui suit, le plus largement possible, à bientôt, Daniel Martinez
Une seconde lettre, non moins émouvante, m'est parvenue le 28 juin, voici :
Monsieur,
à la suite de ce très beau message de son ancien élève, j'aimerais moi aussi rendre hommage à Jeanpyer POËLS et évoquer les valeurs de l'homme et du poète.
Je le ferai simplement, avec des mots colorés de souvenirs heureux liés à nos rencontres où contrairement à ce que disait RIMBAUD, la vraie vie n'était jamais absente.
Le début de ces rencontres remonte à l'année 1969 où étant devenus voisins, nous nous liâmes d'amitié.
Alors que ma vie se trouve prise dans les mailles d'un lourd handicap physique qui m'éloignera de toute scolarité, Jeanpyer repéra très vite mon intérêt pour la littérature en général et la poésie en particulier. Il me fit entre autres découvrir l'œuvre de RILKE, d'Henri MICHAUX et celle de René CHAR pour qui vivre c'est s'obstiner, sans oublier bien sûr, la revue DIERESE.
A la suite de son départ vers Orange, nos échanges devaient se poursuivre à travers une correspondance à l'encre verte.
C'est rempli de peine que je me permets d'écrire ces quelques lignes, mais tel que je connaissais Jeanpyer, il n'aurait pas aimé que nous soyons tristes.
Je garde dans les oreilles cette voix lente qui laissait entendre une gourmandise langagière qui se retrouvait d'ailleurs dans sa poésie faite de recherches et de cet effort obstiné de dire dont parle James Sacré, et qui n'avait rien à voir avec ces faiseurs de vers dont parle Verlaine, en qui Georges Bataille ne voyait qu'une poésie gluante.
Cette voix ne se faisait jamais prier pour fustiger les faux-semblants d'un monde ne correspondant pas à sa conception de l'essentiel.
Je terminerai en disant que Jeanpyer ne nous a pas quittés, la vie bien plus que l'existence, il a simplement mit un terme à notre plaisir d'ouvrir l'un de ces courriers écrit à l'encre verte et sentant bon l'affection.
Avec tout mon respect et ma considération.
Christian PLUMECOCQ
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