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17/04/2018

Du Journal de Pierre Bergounioux à celui de Giacomo Leopardi

Bonjour à toutes et à tous,

La maquette de la future livraison de Diérèse est entre mes mains ces jours-ci, les choix s'opèrent car les textes sont abondants pour cette livraison, trop même... Je commencerai par le Journal de Pierre Bergounioux qui court du 1e janvier au 16 février 2018. Un extrait en avant-première, pour le plaisir :

"Sa 13.1.2018

Debout à six heures et demie. Je reprends Weber dont l’érudition me confond, chaque fois, et les jugements froids, toujours, me laissent interdit. Pas de sentiment : la « neutralité axiologique ». On traite les faits sociaux comme des choses. Il explique, magistralement, le tribunat romain, la formation du popolo à Florence, les intrigues des Médicis. Du voyage à Paris, jeudi, une fatigue m’est restée et me pèse. Je ne lis pas suffisamment bien. M’en vais à cinq heures, lorsque Cathy rentrait de chez la coiffeuse, sors je ne sais où du RER, à Châtelet-Les Halles et me trompe par deux fois de chemin parce que les travaux ont bouleversé la physionomie de l’endroit, qui avait fini par me devenir familière, depuis quarante années. Je commence par me retrouver rue de Rivoli, m’engage rue Pierre-Lescot avant d’enfiler enfin, à hauteur du « Père tranquille », la rue Rambuteau. Je vais avoir cinq minutes de retard et l’épaisseur de la foule est telle qu’il faut se plier à son rythme, lent, sirupeux, divagant, irritant. Non seulement les trottoirs mais la chaussée sont engorgés, les cafés bondés, y compris les terrasses, malgré le froid, et l’air est curieusement entretissé de paroles dont on saisit, au passage, des bribes..."

Parallèlement, j'ai grappillé dans le Journal de Giacomo Leopardi ces quelques phrases, traduites par Charles Reynaud. Hors-temps celui-ci et tout empreint de nostalgie, lisez plutôt :

"Quel bel âge que celui où tout était vivant pour l'imagination de l'homme et vivait humainement, c'est-à-dire était formé ou habité par des êtres semblables à nous ; quand, dans les bois les plus déserts, on était sûr que vivaient les hamadryades, Pan, les faunes, les sylvains, etc. Qu'en y entrant, et n'y voyant que solitude, on croyait cependant tout habité - et de même pour les sources, habitées par les Naïades, etc. Et quand on serrait un arbre contre son cœur, on le sentait presque palpiter, car on croyait que c'était un être humain, comme Cyparis - et de même pour les fleurs, etc., comme le croient justement les enfants.

Bien que la grandeur, la beauté, la vie, se soient éteintes dans le monde, notre inclination pour elles n'est pas morte en nous. S'il nous est refusé de les atteindre, il ne nous est pas défendu, il n'est pas possible de nous défendre de les désirer... "

13/04/2018

"La Dame du Fleuve" de Wendy Wallace, traduit par Karine Reignier-Guerre

"Lorsqu'elle atteignit l'endroit du tunnel où se trouvait la fresque, elle se figea et leva sa lampe. Le faisceau éclaira la dernière colonne de hiéroglyphes, surmontée d'un oeil en amande, symbole du dieu Horus. Penchée vers la paroi, Harriet distingua, juste en dessous, une silhouette de femme assise tournée vers la droite. Elle comprit alors que ces hiéroglyphes devaient être déchiffrés de droite à gauche, car on lisait toujours les inscriptions vers le visage des personnes qu'elles mentionnaient.
Harriet aperçut aussi le signe neb, une corbeille tressée qui signifiait "seigneur" ou "maître", suivi de la marque du féminin, et des deux lignes droites qui représentaient la Haute-Egypte et la Basse-Egypte.
- La dame des deux terres, murmura-t-elle, les yeux rivés vers l'inscription.
Oui, il n'y avait aucun doute : cette série de hiéroglyphes se traduisait par la dame des deux terres. Harriet les contempla avec une fascination teintée de révérence. Des hommes avaient tracé ces signes sur la paroi trois mille ans avant notre ère. Ils l'avaient fait parce qu'ils croyaient au pouvoir des mots. C'était pour voir ça qu'elle était venue à Thèbes, se répéta-t-elle. C'était pour parvenir jusqu'ici qu'elle avait rempli son journal d'incantations. Et elle y était parvenue ! Pouvait-elle repartir sans même chercher à comprendre le sens de ces inscriptions ?
Certainement pas."

                                                                        Wendy Wallace

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16:50 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

11/04/2018

Origine de l'expression : "Un lit de roses"

     "Au prix du mal que le pauvre homme avait,
      Gens que l'on pend sont sur des lits de roses", écrit La Fontaine.

Cette expression a une origine tragique et non plaisante comme on pourrait le croire. Guatimozin, empereur du Mexique, avait succédé à son oncle et beau-père en 1520. Il entreprit de secouer le joug des Espagnols et réussit à chasser Cortez de Mexico. Mais, vaincu à son tour, il fut fait prisonnier. 

Fernand Cortez le soupçonnait d'avoir fait jeter dans le lac de Mexico les trésors fabuleux des Aztèques et lui en demanda l'emplacement. Guatimozin refusa de répondre. L'Espagnol le fit alors enduire d'une couche d'huile et le fit coucher sur des charbons ardents. Le premier ministre subissait à ses côtés le même supplice, mais ne manifestait pas un stoïcisme aussi ferme. Alors Guatimozin, voyant les regards suppliants de son ministre, lui dit : "Et moi, suis-je sur un lit de roses ?"

Cortez, honteux de sa cruauté, fit cesser le martyre des deux hommes. Mais, quelques jours plus tard, sous prétexte que l'empereur avait tenté de s'enfuir, il le fit pendre. Guatimozin avait vingt-cinq ans, ce fut le dernier empereur indien du Mexique.