20/10/2014
"Pascal Ulrich le rêveur lucide", à l'enseigne des éditions du Contentieux
Le livre attendu sur Pascal Ulrich, le plasticien et poète présenté sur ce blog (vous reporter aux notes correspondantes, dans la catégorie à son nom) est bien sorti, qu'on se le dise ! Il est en vente chez Robert Roman, qui a écrit ce livre - une somme - de 360 pages, avec des reproductions d'oeuvres en quadrichromie, les deux plus belles laques de sa production sont à découvrir en pages 132 et 133, des témoignages (de Patricia Blanck qui fut sa compagne, de Bruno Sourdin, Laurent Boyer, Bruno Toméra, Paul Sanda, Daniel Martinez, etc...), des lettres ou extraits de lettres, avec ses fameuses enveloppes peintes (qui en firent un "mail artiste" de tout premier plan).
Vie et oeuvre mêlées, indissolublement, pour le meilleur et pour le pire, Robert Roman retrace avec célérité le parcours hors norme de celui qui, écorché vif, sut faire de sa vie une aventure, jusqu'au bout. Envers et contre tout. Bien des déconvenues, sur ce parcours semé d'embûches, une vraie course aux obstacles parfois, lorsque rejeté par sa propre famille il décide de tracer sa propre voie, lâché ensuite par certains de ses "amis" qui firent les sourds du jour au lendemain... mais sans jamais perdre pour autant son humour caustique : "De quelle nécessité parlons-nous ? / De quelle liberté ? / de quels univers étranges ?..." ("Patchwork 1999-2000", décembre 2000), sous l'horloge cosmique.
Pascal aurait certes refusé que lui soit collée l'étiquette de "poète, aussi bien et surtout d'artiste maudit", bien que. Par rejet de toutes les étiquettes, à visée humanitaire ou pas. Mais encore, dans le commun des jours, des positions bien tranchées sur les "facilités" de la vie moderne : il ne se servait que très peu du téléphone, ne disposait pas de CD, d'ordinateur ou de télévision (témoignage de la famille Dhoury, page 319). Dans l'attente de la "brise à délivrances" après "la gélatine / du siècle numéro 20". "Les muses meurent en disant l'avenir", écrivait Mandelstam. Le sien devait s'achever brutalement le 1e mars 2009. Ita est.
Robert Roman : "Pascal Ulrich le rêveur lucide", c/o Robert Roman, 7 rue des Gardénias, 31100 Toulouse, 35 €. ISBN : 978-29547767-6-7. 21 x 29,4 cm
Faites passer, je vous prie, cet livre a été composé aux frais de Robert Roman, sans aides ni subsides aucunes. Ce qui est tout à son honneur.** DM
11:49 Publié dans Pascal Ulrich | Lien permanent | Commentaires (0)
19/10/2014
Nathalie Rochard
Née en 1958, Nathalie Rochard vit et travaille dans le Loiret. Ses poèmes, qui touchent à l'essentiel, sont à l'image du "pur jaillissement" de l'énigme poétique. Ils transcrivent le vivant épris de souffle, qu'il ait visage du "berger des taillis", aux "ailes d'eau" et aux "yeux de sable" ; ou "de tous les oubliés", source de ce "qui t'impose l'offrande"... Un peu à la manière d'un Jan van Eyck peignant son reflet dans un miroir situé derrière les deux personnages du Portrait des époux Arnolfini, le médium poétique fait image et diffracte le message, comme en témoignent ces vers. DM
L’eau du fleuve…
L’eau du fleuve,
cadastre des mots courants
et solitude abondante,
se souvient
de tous tes oubliés.
Le couteau des osiers,
les mains à tes chevilles,
les rives séparées
sont comme un appel
de la chose perdue
qui t’impose l’offrande.
En dessous des bourrasques
la violence dans l’étiage,
et la caresse tremblée de l’adieu.
* *
On porte...
On porte sa joie avec prudence
au fond d’une boîte à boutons.
La nuit monte
vers les fêtes sauvages
qui bourdonnent aux fenêtres.
* *
Le berger des taillis...
Le berger des taillis
ailes d’eau, yeux de sable
s’égare, trébuche, consent.
Noli me tangere.
Il n’est pas encore temps.
Quand le silence aura pris forme
dessous les pluies profondes
à la mort qu’il fallait
son visage intérieur
aura bâti une arche.
* *
Le lin fleurit…
Le lin fleurit
au pied du clocher.
Un vent de pardon agite
champs de seigle et moulins.
La blessure de la grâce
est un cheval
à ta main confiante.
Nathalie Rochard
07:45 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2014
Jean L'Anselme (1919-2011)
Pour les visiteurs de ce blog, une lettre inédite de Jean L'Anselme, un auteur de Diérèse ; non datée, elle a été envoyée à la revue en octobre 1999, il y a juste 15 ans, tempus fugit. Cette missive fait suite à la publication de l'article de Jean Rousselot sur Pierre Jean Jouve in Diérèse opus 7 (voir notes blog du 29/9 et du 01/10). Une anecdote amusante sur Jean Paulhan, in fine :
Cher Martinez,
Dans Diérèse "ça remue" comme disait Calder. On peut y aller à la pêche, il y a de la friture. Je m'y retrouve encore grâce à vos bonnes grâces. Merci. Rousselot a dû bien aimer "Dans la seconde cour des tisserandes..."*. Je connais ses goûts;
Pierre Jean Jouve me rappelle cette invitation qu'il m'avait faite à son bureau. Il m'a signé de sa petite écriture appliquée, quelques ouvrages en souvenir. A travers lui voici G.L.M que je rencontrais régulièrement. Il envisageait de me publier dans ses merveilleuses petites éditions qui firent l'objet d'une expo à la Nationale.
Eric von Neff : J'aime bien ces deux filles de la pédale. "Un milan vole un milan". Curieux, ce matin, au courrier un paquet des éditions Milan ! Il y a de ces jours comme ça...
Fidèles amitiés
Jean L'Anselme
P.S. : Vous mentionnez les portraits d'auteurs réalisés par Dubuffet. J'en ai vu l'exposition à l'époque, en 47, chez Drouin. Elle s'intitulait "Portraits à ressemblance extraite à ressemblance cuite et confite dans la mémoire, à ressemblance éclatée dans la mémoire de Jean Dubuffet, peintre".
Il y avait un Paulhan que Dubuffet appelait Maast. Un pseudonyme de Paulhan, je crois. Il l'offrit à Paulhan par la suite et Paulhan l'installa sur sa cheminée.
Mais la chaleur fit éclater cette "Haute-pâte" en travers de la bouche de Paulhan. Ils convinrent ensemble de le débaptiser et de l'intituler "Maast ricanant".
* premier vers d'un ensemble de poèmes parus sous le titre "Ligne après ligne", in Diérèse n°7 (ndlr)
16:01 Publié dans Auteurs, Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0)