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14/02/2015

Enluminures III

                    Sablier couché au plus chaud

                    sur ta peau son soyeux

                    irise l'air et la réalité

Il n'est d'attente qui tienne, de chemins qui ne nous apprennent que la vie ne se conçoit sous le blanc des hypothèses mais dans la fusion du verbe et de la main porteuse. Ce sont flammes sous les branches. Leur souffle. Leurs rumeurs confondues.

Prendre source dans la leçon du tableau que nous portons en nous, voilé par la peau du monde. Y plonger les yeux : son miroir figure la Beauté nue. Aux confins du Soleil et de l'ombre, se loge la parole qui est une boîte à double fond. Ecoute...

Un léger vent soudain sur mon visage. Le présent s'approfondit, tes doigts effleurent mes paupières, je vis un rêve d'enfance : être emmené loin, sans rien voir, sans rien maîtriser. Me laisser porter en des lieux qui me sont chers. Là-même où ce qui ressemblait à du givre était de la lumière. Il se dit que l'expression vient de la surface : quand la bouche de l'horizon embue la vitre où j'ai tracé les trois lettres de ton prénom, mei.
                                                                                                Daniel Martinez

11:20 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)

13/02/2015

Enluminure II

                    Ce qui bourdonne à travers

                    les cristaux de lumière

                    est sel de la mémoire

Etrangère au souci du paraître, aux embruns qu'un soleil déjà vif absorbe : l'histoire immédiate des cinq ou six bleus caressant de concert la table basse. Où gît une pierre rare, posée sur un morceau d'ouate. Lumineuse, incandescente. La pièce est silencieuse. Il neige sur le papier où j'écris ces quelques lignes.

... Puis un bourdonnement diffus, le fait de mon esprit ? J'ai écarté les feuilles et les branches de la haie pour m'y glisser, observer sans être vu, retenant mon souffle. Il y avait là quelques ruches, à l'abri d'un grand chêne. Ici, sur la planche de vol, les butineuses pressées atterrissaient et décollaient. Au sol, les ouvrières, plus jeunes, humble personnel non encore navigant et chargées des tâches ingrates, les libéraient de leur charge qu'elles s'en allaient aussitôt ranger dans les rayons.

L'odeur du soleil, la paix mouvante, l'air ne pesait plus. Une feuille d'or à mes pieds.

                                                                                                Daniel Martinez

11/02/2015

"Il est difficile d'être un dieu", d'Alexeï Guerman (1938-2013)

Alexeï Guerman n'est connu que d'une poignée de cinéphiles. La sortie en salle de son chef d'oeuvre Il est difficile d'être un dieu, assortie d'une rétrospective à la Cinémathèque (jusqu'au 22 février, à Paris) devrait remettre ce grand cinéaste à sa place : au firmament des grands réalisateurs russes.

Il serait mensonger de qualifier cette magnifique fresque en noir et blanc, inspirée d'un roman d'Arcadi et Boris Strougatski, d'oeuvre facile. Les aventures d'un homme sombrant dans la folie alors qu'on le prend pour une divinité dans un monde extraterrestre aux allures médiévales sont aussi envoûtantes que déroutantes.

Svetlana Karmalita, veuve du cinéaste et coscénariste de ce film testament, admire l'oeuvre de son compagnon. "J'ai du talent, mais lui avait du génie, assure-t-elle. Je comprenais le scénario quand nous travaillions ensemble mais, très vite, plus personne ne parvenait à le suivre sur le tournage." Le fait que les prises de vue se soient étendues sur plusieurs années n'a pas aidé à clarifier la vision de l'équipe. Cette fable foisonnante est si puissante et si riche qu'on ne sait plus où donner des yeux.

Le spectateur a l'impression de plonger dans le cerveau du maître. Mouvements de caméra vertigineux, gros plans et scènes délirantes font bon ménage dans cet univers de chaos. "Lorsqu'Alexeï a montré le film terminé à l'équipe, nous étions tous sidérés, se souvient Svetlana Karmalita, non parce que nous doutions de lui, mais parce qu'il était encore plus fort que ce que nous attendions."

                                                                                                  Caroline Vié

14:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)