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21/02/2016

Zéno Bianu, "Je saisis le ciel"

Présent dans le numéro 46 de Diérèse, Zéno Bianu a écrit ces quelques vers sur une photographie du poète et photographe Joël Leick ; et la commente ici pour nous :

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13:47 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

19/02/2016

Un prosème, inédit en français, de Katherine Mansfield

Les poèmes de Katherine Mansfield sont à peu près inconnus en France ! Quelle est, d'après vous, la cause de cet "oubli" ?... Seule une sélection de ses poèmes en vers a été éditée par Arfuyen (Poèmes, 1990). Ce texte-ci, dont la traduction est inédite en français, a été initialement publié dans un magazine de Dundee, "Triad", le 1er juillet 1908.



Study :  The Death of a Rose


     It is a sensation that can never be forgotten, to sit in solitude, in semi-darkness, and to watch the slow, sweet, shadowful death of a Rose.
     Oh, to see the perfection of the perfumed petals being changed ever so slightly, as though a thin flame had kissed each with hot breath, and where the wounds bled the colour is savagely intense… I have before me such a Rose, in a thin, clear glass, and behind it a little spray of scarlet leaves. Yesterday it was beautiful with a certain serene, tearful, virginal beauty ; it was strong and wholesome, and the scent was fresh and invigorating.
     To-day it is heavy and languid with the loves of a thousand strange Things, who, lured by the gold of my candlelight, came in the Purple Hours, and kissed it hotly on the mouth, and sucked it into their beautiful with tearing, passionate desire.
     . . . So now it dies . . . And I listen . . . for under each petal fold there lies the ghost of a dead melody, as frail and as full of suggestion as a ray of light upon a shadowed pool. Oh, divine sweet Rose. Oh, exotic and elusive and deliciously vague Death.
     From the tedious sobbing and gasping, and hoarse guttural screaming, and uncouth repulsive movements of the body of dying Man, I draw apart, and, smiling, I lean over you, and watch your dainty, delicate Death.   

                                                        Katherine Mansfield
                                                       
© Oxford University Press, Poems of Katherine Mansfield, 1988

* * *

Etude :  La mort d'une rose


     C’est une émotion qui ne se peut oublier, de s’asseoir et, dans la solitude, dans la semi-obscurité, regarder la lente, la douce mort d’une rose, en son ombre souveraine.
     Oh ! voir la perfection des pétales parfumés muer à mesure si délicatement, comme une fine flamme qui embrasserait chacun d’eux d’un souffle chaud et dont les blessures rougissent de façon sauvage et intense. J’ai devant moi pareille rose, dans un mince et clair miroir et derrière elle un petit bouquet de feuilles écarlates. Hier c’était beau, d’une évidente beauté, sereine, triste et virginale ; c’était émouvant et sain, et le parfum était frais et vivifiant.
     Aujourd’hui l’heure est pesante et languissante avec les amours d’un millier de Choses étranges qui, charmées par l’or de la lumière de ma bougie, viennent dans les Heures Pourpres et les embrassent vivement sur la bouche et fondent sur leurs belles lèvres avec déchirement, avec passion.
     … À présent donc, elle meurt… Et j’écoute… au-dessous de chaque pétale chu gît le fantôme d’une mélodie morte, aussi fragile et suggestive qu’un rayon de lumière sur un étang ombragé. Oh ! douce et divine rose. Oh, mort exotique, insaisissable et délicieusement vagabonde.
     Loin des sanglots et des halètements détestables, des hurlements gutturaux et des mouvements grossiers et repoussants du corps d’un homme passant de vie à trépas, je m’écarte puis, souriante, je me penche sur vous et regarde votre élégante, délicate mort.

                                              traduction de Viviane Thévenet

 

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Azuretti, Daniel Martinez

18/02/2016

Katherine Mansfield (1888-1923)

Poèmes de la Villa Pauline
(1909-1919)

C'est en 1912 que la grande nouvelliste Katherine Mansfield rencontrera John Middleton Murry, qui deviendra son mari. Ces fameux Poèmes de la Villa Pauline font référence au lieu où elle s'installe en France ; elle loue cette demeure à Bandol, cherchant à retrouver la chaleur de sa Nouvelle-Zélande natale. On soignait alors, en cette ville de la Côte d'Azur, la tuberculose, maladie dont elle a souffert, comme le peintre Juan Gris (on pensait alors que l'air marin était bénéfique pour les bronches).
Sa poésie est animée par un retour constant à la nature et aux images de l'enfance. La totalité de sa production poétique court de 1908 à 1919 ; idyllique jusqu'en 1915, année où elle perd son frère, auquel elle était très liée, mort sur le front français... Elle s'éteint en 1923, inhumée en lisière de la forêt de Fontainebleau.


* *

Very Early Spring

The fields are snowbound no longer ;
There are little blue lakes and flags of tenderest green.
The snow has been caught up into the sky -
So many white clouds - and the blue of the sky is cold.
Now the sun walks in the forest,
He touches the boughs and stems with his golden fingers ;
They shiver, and wake from slumber.
Over the barren branches he shakes his yelloy curls.
... Yet is the forest full of the sound of tears...
A wind dances over the fields.
Shrill and clear the sound of her waking laughter,
Yet the little blue lakes tremble
And the flags of tenderest green bend and quiver.

                                              Katherine Mansfield (1911)


* *

Tout début du printemps

Les champs ne seront plus longtemps prisonniers des neiges ;
Il y a de petits lacs bleus et des roseaux du plus tendre des verts.
La neige a été prise par le ciel -
Tant de nuages blancs - et le bleu du ciel est froid.
Il effleure les branches et les tiges de ses doigts dorés ;
Elles frissonnent et s'éveillent.
Au-dessus des branches arides il secoue ses boucles jaunes.
... La forêt est encore emplie du son des larmes...
Un vent danse par-dessus les champs. 
Strident et clair le son de son rire s'éveillant,
Les petits lacs bleus tremblent encore
Et les roseaux du plus tendre des verts penchent et frémissent.

                                 Traduction de Philippe Blondeau

 

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Souffles, Daniel Martinez

16:24 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)