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23/10/2016

La préparation du numéro 69 de Diérèse

Michel André Chappuis sera présent in Diérèse opus 69

Le hasard prisonnier

 

On peut commencer par dire la peur, la nôtre, celle du vide, de l’inconnu, celle qui nous étreint à l’évocation de ces territoires de l’insaisissable où le hasard règne en maître. C’est elle qui nous pousse à vouloir tout comprendre et tout expliquer, à hérisser les landes brumeuses du pourquoi de barrières, de murs, de chemins, de balises ou de phares, d’abris, de ponts, de digues, à en aplanir chaque irrégularité, à en assécher chaque fondrière de manière à pouvoir s’y risquer sans risque. Car il s’agit de notre sécurité, je crois bien, en tout cas de notre confort. Il est tellement plus rassurant pour nous, en effet, de regarder passer les astres maintenant que nous sommes capables de calculer leurs trajectoires, et de les prévoir pour les siècles à venir, maintenant que nous savons pour les comètes et qu’il n’y a dans une éclipse plus rien qui puisse nous surprendre.  Et c’est encore cette même raison qui a raison de tout qui voudrait faire de nous les produits de certains paramètres (établis et mesurables, au premier plan desquels bien entendu notre capital génétique et l’endroit où nous sommes nés), et ainsi nous maintenir dans une logique dont nous ne devrions pas nous dérouter, de telle sorte que nous soyons en fin de compte qui nous devons être, et personne d’autre...

22/10/2016

A François Laur (1943-5/9/16) - in memoriam

GRECE BLOG.jpg

Nuit de pleine lune
où la ciellée prend figure
d'une vaste plaine neigeuse
virant au bleu des rêves avortés


passé les récifs les cahots d'ici bas
les fines rides et le lacis des veines
la dentelle dégorgée
d'arbustes inflexibles


que chante
encore sa voix
un filet d'or perdu dans l'onde
un essaim d'exocets
crête à crête emportés

par ce qui n'a pas d'autre nom
que celui que chuchotent
les lèvres fluentes de l'écume


                         Daniel Martinez

00:56 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

21/10/2016

"Rondeau" de Jean-Claude Pirotte

PIROTTE 26.jpg

                     rondeau

          chaque cerisier me rappelle
          à Fougerolles ce printemps               
          les baladins d'Apollinaire

          qui ont des ours et des enfants
          comme hélas on n'en voit plus guère
          ils sont bannis depuis longtemps

          chaque cerisier me rappelle
          les maraudes et la lumière
          des vergers et le chant du ciel
          et le silence des étangs
          de Fougerolles au printemps

          et les signes que font de loin
          les hameaux oubliés du temps
          d'où sont bannis depuis longtemps
                les baladins


                      Jean-Claude Pirotte, Fougerolles

* *

                      Les saltimbanques


          Dans la plaine les baladins
          S’éloignent au long des jardins
          Devant l’huis des auberges grises
          Par les villages sans églises.


          Et les enfants s’en vont devant
          Les autres suivent en rêvant
          Chaque arbre fruitier se résigne
          Quand de très loin ils lui font signe.


          Ils ont des poids ronds ou carrés
          Des tambours, des cerceaux dorés
          L’ours et le singe, animaux sages
          Quêtent des sous sur leur passage.

                    Guillaume Apollinaire, Alcools