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12/10/2016

Une encre inédite de Jean Rousselot

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Certainement parmi les meilleures œuvres graphiques de Jean Rousselot, ces encres de Chine qu'il peignait en les affinant à la pointe d'un stylo ou à la plume sur du papier glacé pour accentuer les contrastes. Le hasard le guidait, comme dans ses collages d'ailleurs, où il laissait retomber en pluie des images découpées dans des magazines divers.

Touchant ici à la majesté de certains Mouvements de Michaux, avec la force de ses cauchemars - car il en avait - dont certains ont été racontés dans Minimes, aux Deux-Siciles. Sa métaphore : le monde comme une échelle, à chacun sa façon de gravir chaque barreau, l'un après l'autre, jusqu'au dernier. Mais après ?

*

L'herbe poussiéreuse des accotements
et sur leurs tiges grêles
les larges éventails des fougères
un jeu de lignes qui ondulent
sont clés pour le silence

Une empilade de fagots secs
sous le vieil escalier de pierre
dont les marches évidées par les pas
conduisent à la pièce qui sent le sur
la peau de gants l'intérieur
des malles longtemps fermées

Une nuée sombre ballonne à l'horizon
vivantes chairs tout contre quoi
s'appuie la vie tant bien que mal


Ici et là des arbres somnolent
entre le grand et le petit bras de la rivière
laissent passer les vignettes des nuages


et l'eau des mains s'échappe
comme la petite musique des mots
s'éteint à mesure la pesanteur
d'une inquiétude saturnienne

                           Daniel Martinez

10/10/2016

La Petite Librairie des champs

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La Petite Librairie des champs est née en 2008 de l'envie de faire se rencontrer autour de la poésie éditeurs, poètes et lecteurs. Éditeurs de la petite édition bien entendu.

Envie aussi de donner un espace non institutionnel à ceux qui aiment la poésie.

En liberté, en échange, sans exclusive ni chapelle.

Un lieu où la poésie entrerait et où chacun pourrait écouter dire et échanger.

Une maison et un jardin.

Une maison assez grande pour y faire entrer des poètes, leurs lecteurs, leurs éditeurs.

Pour apprivoiser ceux à qui elle fait encore peur, ceux qu'elle intimide comme ceux qui la fréquentent depuis toujours.

Nous avons reçu les poètes Julien Blaine, Daniel Biga, Claire Cuenot, Anne-marie Jeanjean, James Sacré, Claude-Louis Combet et Joël-Claude Meffre, Pierre Autin-Grenier, Hélène Sanguinetti, Dominique Sorrente, Cécile Guivarch, Rémy Checchetto, Nathalie Riera, Jacques Estager, Paul de Brancion, Brigitte Gyr, Angèle Paoli, Pierre Soletti, Muriel Vertischel, Anne-Lise Blanchard, Cédric Le Penven, Yann Mirallès et Jean-Clair Bonnel, Aurélia Lassaque et Jean-Damien Roumieu, Sandrine Cnudde, le poète sud africain Denis Hirson, la poète italienne Lucetta Frisa, la poète mexicaine Karla Olvera et l'écrivain finlandaise Kristina Haataja et j'en oublie.

Nous avons reçu le 7 juin 2015 le poète Armand Dupuy et le plasticien Aaron Clarke.

En septembre 2016, Béatrice Machet, Sandrine Cnudde et Stephen Bertrand.

Ainsi que des peintres et musiciens et de nombreux éditeurs.

Chaque année nous fêtons le Bloomsday et Joyce !

 

Le texte écrit à l'occasion de l'ouverture :

LA PETITE LIBRAIRIE a ouvert ses portes le samedi  27 SEPTEMBRE 2008 au MOULIN BRULE, à BOULBON.

 

Associative et placée sous le double signe de la passion et de la poésie.

Passion pour le livre, passion pour la poésie, passion pour ceux qui écrivent, ceux qui publient, ceux qui lisent.

En ces temps de solitude télévisuelle et d’invasion d’images agressives, nous souhaitons inventer une nouvelle manière de diffuser et d’échanger autour du livre, de la poésie et de l’art dont le besoin est pour nous une évidence et que nous souhaitons non seulement mettre au centre de notre vie mais aussi de notre maison.

 

Cette manière, nous l’avons trouvée chez Stéphane Landois de l’Atelier du Hanneton à Charpey dans la Drôme, dans l’atelier de Jacques Brémond à Montfrin et chez bien d’autres résistants d’ici et d’ailleurs.

C’est elle qui nous guide et nous pousse à ouvrir cette petite librairie de campagne, à Boulbon, au bout de trois départements, dans cette maison déjà ouverte au spectacle vivant.

Partager notre goût des livres, des textes et aussi de ceux qui les font vivants, poètes, éditeurs et lecteurs, voilà ce qui nous anime.

Car une maison ne sert pas seulement à habiter, à s’abriter, à dormir et à se tenir au chaud.

Elle peut aussi ouvrir un monde et nous en donner la clé : devenir une petite librairie pour un salon ne sera pas trop difficile et une métamorphose en valant une autre, nous pourrons habiter autrement le salon devenu la Petite Librairie de Campagne.

Notre désir : que la poésie soit présente, vivante, active, que l’art soit représenté au travers de ses liens avec le livre, que la petite édition trouve dans la petite Librairie un lieu où être accueillie pleinement.

 

Un lien: article du journal Le Monde : Article publié le 15 Août 2008 Par Thomas Wieder.

 

Source : Le Monde des Livres

 

  Extrait :

Elle concède volontiers n'avoir « aucun sens des affaires » et on la croit sur parole. Il faut dire que, pour se lancer dans la vente de livres, Sylvie Durbec n'a pas choisi l'emplacement le plus stratégique. Au milieu des vergers, à l'écart de la départementale qui relie Avignon à Tarascon, non loin du joli village de Boulbon : c'est là, dans le vieux moulin qu'elle habite avec son mari depuis une dizaine d'années, que cette ancienne professeur de français s'apprête à ouvrir, fin septembre, sa « petite librairie ». L'idée est née il y a quelques mois, au lendemain d'un grave accident de voiture. " Les livres m'ont sauvée", avoue-t-elle.

 

Le lien de la Petite Librairie: http://petitelibrairiedeschamps.blogspot.com

 

Merci à Sylvie Durbec, et que vive la poésie, D M

23:50 Publié dans Librairie | Lien permanent | Commentaires (0)

"Fiction de l'absence", de Mallarmé-Melkonian, éditions d'écarts

Gérard Malkassian nous parle aujourd'hui d'un livre pas comme les autres, avec pour auteurs : Mallarmé-Melkonian :

"Martin Melkonian présente un texte de Stéphane Mallarmé, paru à titre posthume en 1961, soixante-trois ans après sa mort : Pour un tombeau d'Anatole (introduction et notes de Jean-Pierre Richard, Seuil, 1961).
Le 8 octobre 1879, Anatole Mallarmé mourait des suites d'une maladie respiratoire, à l'âge de huit ans. Son père, Stéphane, témoin convulsé de sa maladie et de son affaiblissement inéluctable, tente de construire un monument littéraire au "petit fantôme" (p.48). Il ne s'agit plus, comme le Victor Hugo du livre IV des Contemplations, de fournir, dans une confrontation avec Dieu, un sens absolu à la perte insoutenable de l'enfant chérie (Léopoldine), mais de convertir le corps matériel désormais enseveli en un être spirituel, par la force de l'imagination poétique.

Fiction de l'absence (p.53) désigne à la fois le refus d'admettre une mort scandaleuse et sa transfiguration dans un récit rédempteur où se nouerait une alliance secrète entre le père et l'enfant défunt, un "hymen" (p.25), une "transfusion" (p.36), dont la mère serait écartée. Le projet, toutefois, tourne court. La parole bienfaisante se heurte à la nudité de "la chambre vide" (p.24 et 48). Mallarmé laisse une suite de fragments discontinus, de "mots-sanglots", écrit Melkonian, d'une voix haletante qui est envahie par la peine et le néant d'un deuil qui ne peut être accepté autrement que par l'épreuve de la vie.

Il nous invite cependant à observer comment le poète explore une "nouveauté lyrique" (p.12) radicale, en rupture avec sa quête intérieure. Mallarmé était obsédé par l'idéal du Livre recréant le monde par la seule force d'évocation des mots, établie sur la "transdestruction" (p.53) (destruction transformatrice) des choses matérielles en signes spirituels.

Il aura fallu l'expérience terrible de la perte d'un être cher pour qu'il réalise l'inanité de son projet. Martin Melkonian, en proposant une mise en page rénovée et allégée par rapport à la version manuscrite originale revisite donc ce livre posthume de Stéphane Mallarmé. Une réussite.

                                                                                         
Gérard Malkassian

Encre couleur.jpg

Jean-Claude Pirotte, encre sur Canson

14:38 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)