21/01/2017
Les éditions La Passe du vent : "Un printemps sans vie brûle", avec Pier Paolo Pasolini
Un printemps sans vie brûle, avec Pier Paolo Pasolini
Éditions La passe du vent, coll. Haute Mémoire, printemps 2015. 178 Pages, illustré, première de couverture de Julie Dorille.
À l'occasion du quarantième anniversaire de l'assassinat de Pier Paolo Pasolini, poète, romancier, essayiste, dramaturge et cinéaste, les éditions La passe du vent ont sollicité, pour leur collection Haute Mémoire, dix-neuf écrivains français et italiens (poètes, romanciers, universitaires), qui avaient tous Pasolini au coeur, afin qu’ils lui rendent hommage.
Ici, plusieurs facettes de l'auteur du poème autobiographique Qui je suis., du célèbre roman Théorème (devenu un film) et du réalisateur de Mamma Roma, sont révélées au (grand) public. Un Pasolini mis à nu, tiré au clair, un Pasolini dévoilé, déchirant dans sa déchirure, un Pasolini poétique, politique et prophétique.
« Adulte ? Jamais. Jamais : comme l’existence
Qui ne mûrit pas, reste toujours verte
De jour splendide en jour splendide »
Pier Paolo Pasolini, Rome 1950. Journal intime.
Dix-neuf auteurs contemporains réunis autour de Pier Paolo Pasolini
Structurée en quatre chapitres − Pier Paolo Pasolini, le poète assassiné ; Un printemps sans vie brûle ; D’une autre vie ; Toujours vivant − introduits par une citation de Pasolini, l’anthologie rassemble les poèmes, lettres, proses poétiques ou encore articles, de Samantha Barendson, Angela Biancofiore, Jean-Baptiste Cabaud, Stani Chaine, Jean-Gabriel Cosculluela, Erri deLuca, Vanessa de Pizzol, Luc Hernandez, Frédérick Houdaer, Andrea Iacovella, Jean-Charles Lemeunier, Giuseppe Lucatelli, Paola Pigani, Jean-Michel Platier, Marc Porcu, Thierry Renard, Éric Sarner, Joël Vernet et Francis Vladimir.
Y figurent notamment L’article des lucioles de Pasolini, publié dans le Corriere della Serra en février 1975 sous le titre Le vide du pouvoir en Italie, et l’hommage d’Erri de Luca, dans une traduction inédite de Vanessa De Pizzol.
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Les éditions Paupières de terre
Grande dame de l'édition, Claire d'Aurélie le fut. Hommage lui soit rendu à la lecture notamment de : Il vient, il vient le papillon. Poèmes aztèques, traduction de Jean Rose, éditions Paupières de Terre, 104 pages.
Domaine peu exploré de la poésie, mais d'un intérêt certain, la poésie aztèque eut la chance de trouver éditrice en la personne de Claire d'Aurélie, qui animait une petite maison d'édition sise dans le dixième arrondissement parisien, qu'elle tenait avec Louise Bonnenouvelle. Après avoir dirigé cette maison depuis l'année 1989, Claire s'est éteinte le 14 janvier 2014, et je vous invite à lire le bel hommage rendu (sur le site de Paupières de Terre) par David Collin.
Aujourd'hui donc, par ces temps incléments mais propices à la lecture, je cède la parole à Tirthankar Chanda qui va nous parler de ces fameux Poèmes aztèques, traduits par Jean Rose :
Que reste-t-il de la grande civilisation aztèque près de cinq siècles après sa destruction par Cortès et sa soldatesque ? Des vestiges architecturaux, des noms dans des livres d'Histoire et, ce que le grand public ne sait peut-être pas, des manuscrits laissés par les évangélistes de la première heure qui s'étaient mis à enquêter en ethnologues avant la lettre sur la civilisation disparue. Il s'agit, écrit Jean Rose, traducteur de la poésie aztèque, d'"une masse documentaire d'une telle qualité qu'il nous est aujourd'hui possible de restituer de façon satisfaisante la vie quotidienne des Aztèques, mais encore, autant que l'immense différence des mentalités le permet, de saisir leurs façons de penser, de sentir et de croire, bref leur manière de concevoir le monde et les rapports que l'homme entretient avec lui."
Parmi ces manuscrits, un étonnant corpus de poésie aztèque traduits pour la première fois en français. Un corpus de quelque deux cents poèmes qui nous étonnent parce qu'ils sont très modernes par leurs thèmes : la joie de vivre, la précarité de la vie, l'amitié.
"Mon coeur est heureux. J'entends une chanson.
Je vois une fleur.
Puissent-ils ne jamais se flétrir ici-bas !", chantait l'Aztèque Netzahualacoyotl au XVe siècle. Maudissant la mort, un autre proclame :
"Je regarde la mort avec colère.
Je souffre !
Que puis-je faire en vérité ?"
Rien, en vérité !
Ou encore :
"Voici qu'ouvre ses corolles
L'Arbre fleuri de l'amitié.
Ses racines, c'est la fraternité des grands
qui se rassemblent ici
dans la maison du chant."
Expressive, concise, harmonieuse, la poésie aztèque ressemble à ce peuple précolombien du Mexique dont le raffinement et l'inventivité nous touchent par-delà les siècles. L'excellente traduction de Jean Rose est bien évidemment pour quelque chose dans la fraternité que l'on ressent à la lecture de ces poèmes, initialement composés en nahuatl. A lire sans délai !
Tirthankar Chanda
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20/01/2017
Le monde de l'édition : le poète Thierry Metz. Poésie in vivo/poésie in vitro.
Alors que l'on continue de me rapporter des exemples de poètes dont les ouvrages peuvent tirer jusqu'à 10 000 exemplaires chez l'éditeur indépendant qu'est Gallimard (au format Poche/Poésie) et que dans le même temps, le même auteur, s'adressant à un éditeur (non indépendant) ne pourra obtenir du CNL l'octroi de subventions - donc se verra privé du droit d'être publié ailleurs - j'ai pris le parti de vous faire lire ce que Gérard Bourgadier de la maison Gallimard (collection L'Arpenteur), écrivit à Thierry Metz à l'occasion de la sortie du Journal d'un manoeuvre.
Sa lettre, reproduite in Diérèse opus 52, un numéro codirigé par Isabelle Lévesque et moi-même, est ici reproduite. Il faut ajouter que Gérard Bourgadier, l'éditeur de Thierry Metz, était conscient des difficultés que rencontrerait un poète qui n'était pas du sérail. Conflit de fait entre la poésie in vivo et la poésie in vitro. Débat très cartésien de fait, où l'esprit devrait l'emporter, reléguant au second plan ceux qui n'ont pas déjà un pied à l'étrier (aux États-Unis, qui vivent aujourd'hui une journée bien difficile, on parle de "contre-culture")... DM
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