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11/03/2020

"Être sans être, journal d'un esprit religieux sans religion", de Daniel Giraud, éd. Arcam, 11/1979

Cumulo-nimbus annonciateurs de changement brutal

     Trancher le Nœud Gordien c'est résoudre peut-être de manière abrupte un problème mais ce n'est pas délier le nœud qui se reformera tant que l'Absolu n'aura pas "dissous" le relatif dans la conscience du trancheur.

     Ainsi quel est le plus essentiel et le moins byzantin :
     Défendre la ville ou discuter ferme sur un point de théologie pendant que l'on se bat sur les remparts ?
     Ce qui revient à poser la question de l'utilitaire et des apparences... Si nous rêvons une réalité le Réel peut très bien nous rêver puisqu'on croit être ce que l'on n'est pas quand on veut ce que l'on a pas.

     A vivre le sans-précédent qui est penser le non-pensé... Pouvoir appartenir au Silence en n'étant que le passage d'un état à l'autre dont l'éclat de beauté jaillit de son éclatement !

     Dans la chambre de bonne sous le ciel je fais le ménage de l'espace intérieur pour servir et valoir ce que de droit.
     Tandis qu'au point vernal le printemps se déplace je ne sais pas où est ma place mais je sais où elle n'est pas.
     Je ne suis pas dans la prison de mon corps c'est mon corps que j'ai emprisonné en moi.

 

Daniel Giraud

07:18 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

10/03/2020

Une montre à châtelaine

Pour le plaisir des yeux, ce n'est point du pur esprit que je vous parlerai aujourd'hui, mais de ce petit joyau des temps anciens, d'avant que le temps ne s'accélère, que les minutes et secondes ne se fassent plus précises avec leur lot de contraintes dédiées. C'est bien donc d'un temps révolu qu'il s'agit, dont l'objet continue de porter témoignage : avec tout en haut, une pince pour clipser à la ceinture de la belle dont l’œil vert hématite chamarre les derniers frissons du jour ; et, tout en bas, le médaillon s'ouvre sur une montre flottante, comme un astre en son for continuerait de briller dans l'ombre de la mémoire...

PINCE A CHATELAINE.jpg

09/03/2020

"Passantes" de Philippe Mikriammos, éd. Fourbis, 15 octobre 1990

     Elle s'habillait tout en noir.
     Quand on vient me rendre visite, disait-elle, j'offre d'abord un verre d'eau. On s'assied sur la natte, je lave parfois les pieds de mes visiteurs.
     A Londres, racontait-elle, j'ai été prise comme épouse par le roi des voyous, le fils d'un fabricant de canons, et j'ai été proclamée Reine des rockers.
     J'ai tenu, disait-elle, une étoile dans la paume de ma main: une larme de garçon.
     J'ai vu ma propre image sortir du miroir et s'avancer vers moi, disait-elle aussi.


*


     Anne marchait, un petit panier de fraises à la main, dans la rue Véron. Roux henné. Me croisant, elle m'en proposa quelques-unes.
     Chez elle. (Dans une de ces rues perpendiculaires à la rue Lepic, peut-être rue Véron même.) Linge à faire sur la table à repasser. Jolie poitrine.
     Elle dit : "Ma mère, elle est barge."
     A un moment donné, elle referma d'un coup la porte de la salle de bains où elle s'apprêtait à entrer, en disant, avec une parfaite simplicité, avec tant de douceur, comme si elle venait d'apercevoir un animal domestique : "Oh, une hallu !"

 

Philippe Mikriammos

04:14 Publié dans Contes | Lien permanent | Commentaires (0)