241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/04/2020

"L'entrevue", de Gérard Titus-Carmel, éditions Brandes, 2 février 1988, 40 pages, 600 ex.

                         Pour elle,
                         l'innomée de Eyre Square.

Fatalement, l'horizontalité du double sillon noir des cils et des sourcils, comme griffure jumelle aux abords du regard.
                        
N'exaspérant que vos yeux.

Quant aux siens, toujours : perdus, superbement échoués parmi les épaves rejetées sur la grève,

(la grève : un nom de sœur...)

vous désespérant, ainsi deux mots amers et incompréhensibles arrachés aux orbes du texte.

Vous interrogeant dans l'intervalle (mais pourtant peu soucieuse de vos réponses, de vos feulements de jeune tigre, elle, calfeutrée dans ses laines. S'égarant dans le kaki du plaid - kaki, tant le vert clair est aussi mâtiné d'ocre, de terre légère...).

Et souveraine, vous observant depuis une poignée de siècles.

 

Gérard Titus-Carmel

08:47 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

26/04/2020

"Le Palais de Cristal", de Valéry Larbaud, éd. Fata Morgana, 17 mars 2002, 40 pages.

Ma seconde visite au Palais de Cristal fut, je m'en souviens bien, encore plus riche de sensations que la première. Deux influences s'y firent sentir en moi, plus fortes peut-être que jamais auparavant dans le cours de mes voyages et de mes résidences : celle du temps et celle de la solitude. Cependant, à l'ordinaire, j'échappe à la première, et je suis rebelle, plus que la moyenne des gens, à la migraine des temps lourds, à l'énervement des orages, à la stupidité des grandes chaleurs. J'en souffre, mais d'une façon toute physique et grossière, où la délicatesse des nerfs n'est pour rien, et qui, par conséquent, n'atteint pas l'âme. Cette aptitude à subir profondément les mouvements de l'atmosphère est, dit-on, très grande et souvent terrible chez les fous ; mais elle est aussi très vive chez la plupart des femmes, et, chez les poètes, elle est raffinée, naturelle, exquise. Or, j'en suis malheureusement dépourvu, et, par là même, les jouissances qu'elle donne me sont refusées. Mais j'y supplée de moi-même, et au lieu que le vent d'automne, l'agitation des tempêtes, l'angoisse d'un vaste ciel gris viennent refléter en moi leurs troubles ou leur muette tristesse, c'est moi qui les sollicite, c'est moi qui volontairement délivré de mes soucis du moment, leur ouvre mon âme, comme on ouvre une fenêtre, au fond d'une campagne perdue, sur un paysage sourd et sévère de novembre.
J'étais justement revenu au Palais de Cristal, pour y passer tout ce long après-midi d'automne ; loin du Strand et de Piccadilly dont le tumulte ne faisait qu'accroître mille peines, mille indécisions, d'un ordre tout intime, et que je voulais, pendant quelques heures au moins, oublier...


Valéry Larbaud

________

Écrite en 1902 et jamais publiée en volume, cette rêverie poétique teintée de réflexion littéraire nous entraîne dans les jardins du Crystal Palace. D'architecture victorienne, le Crystal Palace était un vaste palais d'exposition en fonte et verre d'abord édifié à Hyde Park pour abriter la Great Exhibition de 1851, la première des expositions universelles. Il fut par la suite démonté et reconstruit, sous une forme agrandie, au sud de Londres, dans le quartier qui porte encore son nom.

CRYSTAL PALACE BLOG.jpg

05:42 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

25/04/2020

« Giudecca » d’Édith Dahan, in ZUK numéro 22, juillet 1989

Ouverture et thème : au milieu du feu

toutes choses passées à travers les portes du rêve, chemins, angoisses, fleuves, entre la Baltique et la mer occidentale, flux et reflux des rythmes du sang, axes de la couleur – année 1907. Bruissement des émotions et de la vie à naître. Il y eut : des villes et des hommes, des enfants et des femmes, des carrières autour des villes, des plaines, des campagnes, des villes, des voies d’eau et de terre. Sur les pentes orientales du Wienerwald, le long du fleuve Danube, entre la maison des Habsbourg et les provinces romaines, une ville frontière. Environs, lumières bleues, constructions, terrasses et jardins. Ce que nous sommes, ce que nous ignorons, ce que nous apprenons en disparaissant, femmes et enfants, hommes et terres.

Édith Dahan

DAHAN  2.jpg

05:29 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)